30 juin 2007

 

Un islamisme ouvert sur sa gauche ....

l'émergence d'un nouveau tiers-mondisme arabe ?

Depuis 2000, une phase de recomposition politique s’est ouverte dans le monde arabe, selon des rythmes et des temporalités hétérogènes selon les pays et les espaces, tirant certains traits d’union avec le passé, amenant de nouvelles
problématiques et des ruptures inédites.

Un article intéressant qui met à mal beaucoup d'idées reçues sur l'"islamo-fascisme", par Nicolas Dot Pouillard

Position du FPLP et d'autres organisations sur le conflit entre le Hamas et le Fatah

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Tony Blair, qui a récemment accordé une audience au Pape, a annoncé qu'il se convertit au catholicisme. En même temps il veut créer une fondation pour réconcilier les trois religions 'abrahamaiques'. En attendant d'être élevé au rang d'archange, il a accepté un poste de pacificateur des Terres Saintes dont le siège se trouve à Jérusalem.
Merci au blog Histomat - Adventures in Historical Materialism
NOUVEAU : Cet article dans Rouge du 11/07/07 : Tony Blair, champion du social-libéralisme

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29 juin 2007

 

Maintenant, à gauche !


Ce ne sont pas les textes de bilan ou les appels au regroupement qui manquent ces jours-ci. En voici un autre. Espèrons que de toutes ces analyses sort un véritable mouvement de la gauche de la gauche. Nous en avons bien besoin.

La double défaite électorale est sévère. Le sursaut au 2° tour des législatives confirme que la présidentielle était davantage le reflet de la faiblesse du projet de la gauche que d’une droitisation en profondeur de la société. Il s’agit de la première marque de résistance aux premières mesures annoncées par la droite. Cela n’atténue en rien la nécessité pour la gauche de rebondir, de reconstruire. Pour notre part, nous considérons qu’il faut de la novation franche, de la refondation, sans continuer à confondre modernisation et abandon, mise à jour et accommodement avec le libéralisme.

Nous savons qu’il ne suffira pas de se répéter. La droite qui a gagné l’a fait en avançant sur tous les terrains, politique, idéologique et culturel. Elle l’a fait à partir d’une cohérence claire, bien à droite, qui n’a pas craint pour autant de décaper les idées de son camp. Nicolas Sarkozy a su marier l’ultralibéralisme assumé et la hausse du contrôle social. Rolex, Fouquet’s, croisière en yacht… Le parti pris du riche n’a pas été dissimulé mais mis en scène : l’enrichissement personnel et donc les inégalités seraient le passage obligé de tout développement, tandis que les protections acquises seraient autant de rigidités qu’il conviendrait de faire sauter. C’est une contre-révolution ambitieuse qui nous est proposée où, à l’instar des États-Unis de George Bush, le libéralisme extrême a son pendant, l’autoritarisme, l’essor de l’État pénal et policier, le recours à une démagogie identitaire destinée à diviser entre elles les victimes du système.

Face à ce projet de rupture conservatrice et ultra-libérale, avons-nous porté la réponse au niveau souhaité ? Certainement pas ! Ce n’a pas été du tout le cas du côté des secteurs dominants du Parti socialiste et de ses alliés qui ont choisi délibérément, avec Ségolène Royal, de confondre réalisme et intériorisation des normes libérales, socialisme et social-libéralisme à la Tony Blair en suivant une tendance lourde qui ne cesse de s’aggraver depuis 20 ans. Ce choix d’orientation est une impasse majeure pour la gauche. Mais, du côté des forces critiques, sommes-nous allés au bout de nos ambitions ? Nous ne le pensons pas. Nous avons été, hélas, divisés et on en mesure les dégâts. Nous n’avons pas été non plus au bout de la réflexion en termes de projet et pas seulement de catalogue de propositions. Au fond, alors que la droite donnait cohérence et sens à ses valeurs inégalitaires et autoritaires, nous n’avons pas assez travaillé pour redonner à nos valeurs un sens moderne qui parle à des millions de gens. Au fil des années, on a vu la gauche ballottée entre la dominante du renoncement et la tentation, de-ci de-là, du repliement sur soi et de la conservation. Au final, la gauche s’est étiolée : elle s’est coupée des classes populaires et de la jeunesse ; elle a poussé aux marges de la politique les acteurs du mouvement social, les intellectuels, les artistes.

Le temps est venu de reprendre l’offensive, en prenant à bras le corps la question centrale : qu’est-ce qu’être de gauche dans les sociétés du capitalisme mondialisé ? Maintenons le fond de nos valeurs ; n’hésitons pas à changer ce qui doit l’être, hors de toute concession à la propension libérale. Quand le fossé se creuse entre les revenus du capital et ceux du travail, la condition première de l’égalité est remise en cause. Pour autant, notre aspiration égalitaire ne peut se limiter à la redistribution des richesses, elle doit élargir son horizon aux services publics, aux biens communs, aux territoires. La liberté ne peut se contenter de la nécessaire affirmation des droits individuels et collectifs, elle doit se fonder sur des moyens permettant l’autonomie des personnes, ce qui inclut l’information et la culture trop souvent négligées. Le travail doit redevenir un pivot de réflexion et d’identification de la gauche, ce qui suppose de raccorder, de façon plus active, la question incontournable du droit à l’emploi et celle des contenus et des formes de ce travail, de l’entreprise et de ses ressorts. L’écologie doit aller au-delà de la défense de l’environnement et inventer un nouveau type de développement interrogeant les choix de production et de consommation. La démocratie doit revenir au cœur d’une démarche de gauche : l’exigence de souveraineté du peuple appelle la rupture avec la V° République et son présidentialisme étouffant, le refus de l’étatisme et la valorisation de l’appropriation sociale et du service public, la prise en compte des aspirations des personnes à contrôler et décider au quotidien.

Si tel est l’enjeu, il importe évidemment de savoir quelle gauche va donner le tempo. Est-ce la lecture – dominante pour l’instant en Europe – d’une gauche recentrée pour laquelle l’adaptation au libéralisme est le maître-mot ? Va-t-on suivre la voie sociale-libérale, de moins en moins sociale et de plus en plus libérale d’ailleurs, qui nous a conduits à l’échec, ici comme partout ailleurs en Europe ? Laissera-t-on s’opérer la dilution définitive du projet de gauche dans une alliance au centre – c’est-à-dire avec une fraction de la droite – qui représentera une nouvelle impasse et une nouvelle source de discrédit ? Ou bien ferons-nous le pari inverse, celui d’une gauche de gauche innovante et solidement arrimée à la perspective de la transformation de la société ?

Notre critique radicale de l’option sociale-libérale n’implique aucune complaisance pour notre propre espace. Impliqués depuis longtemps dans les courants de la gauche critique, nous savons tout à la fois ce que les organisations recèlent de richesses militantes et d’engagement, et les carences qu’elles ont manifesté envers tout un pan de la réalité sociale.

Nous avons connu de fortes expériences, dans le cadre du « rassemblement antilibéral » ou encore de ces grandes mobilisations qui n’ont cessé de défier les tenants de la dérégulation marchande. Voilà quelques années maintenant qu’altermondialistes, communistes, militants de la gauche radicale, écologistes, syndicalistes, féministes, républicains de gauche cherchent à se rapprocher, sans oublier naturellement tous ces socialistes avec qui nous avons réuni une majorité populaire contre le traité constitutionnel européen. Il faut s’appuyer sur ces acquis, les prolonger, mais il ne suffira pas de partir des cadres préexistants.

À nouvelle période, ambitions et méthodes nouvelles. Moins que jamais, l’objectif est de juxtaposer les fragments de ce que l’on appelle parfois « la gauche de la gauche ». Dans un moment où le Parti socialiste risque d’aller jusqu’au bout de sa conversion aux vertus d’un libéralisme tempéré, laissant au bord de la route des milliers de militants et des millions d’électeurs, l’objectif est de faire converger l’ensemble de la gauche de transformation sociale pour que, le plus vite possible, son projet renouvelé s’impose à gauche. Rien moins que l’objectif de conquête d’une majorité à gauche ! Pour y parvenir, pas d’échappatoire : il faudra bien que cette gauche, hors de toute ambiguïté sociale-libérale, devienne de façon durable force politique. C’est le seul moyen de sortir des marges et de perturber le bipartisme en cours d’installation.

Ce n’est pas à partir et autour d’une seule composante que nous reconstruirons le tout de la gauche de transformation. Nous n’y prétendons pas et nous n’avons pour toute ambition que de mettre nos énergies au service de cet objectif ; avec d’autres qui le partagent. L’essentiel est que, très vite, s’enclenche un processus de travail commun de forces et de sensibilités diverses. Son aboutissement pourrait être, à moyen terme, la tenue d’une réunion de type « États généraux », qui dira à la fois son ambition constituante — une gauche de changement et non d’adaptation — et la profondeur du mouvement enclenché. Pour être utiles à cette démarche, nous constituons aujourd’hui un lieu « passerelle » (http://www.maintenantagauche.org/) et proposerons rapidement des rendez vous pour agir et élaborer ensemble. Un message nous unit : « Maintenant, à gauche ! ».

Le 19 juin 2007,Clémentine AUTAIN (féministe, élue à Paris, app. PCF), Eric COQUEREL (président Mars Gauche Républicaine), Emmanuelle COSSE (journaliste, ex-présidente d’Act Up), Claude DEBONS (ex-coordinateur collectifs du 29 mai), François LABROILLE (élu régional IDF Alternative Citoyenne), Roger MARTELLI (PCF), Marion MAZAURIC (éditrice), Claude MICHEL (syndicaliste), Christian PICQUET (courant UNIR de la LCR), Catherine TRICOT (communiste), José TOVAR (syndicaliste).

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25 juin 2007

 

Le parachute doré de Tony Blair

Gordon Brown
Tony Blair a enfin décidé de céder la place à son fidèle lieutenant Gordon Brown. Il n'y a évidemment rien à espérer dans ce changement programmé. Ni pour les travailleurs britanniques, ni pour les peuples du Moyen-Orient. Ce qui n'empêche pas le grand homme d'afficher des ambitions démésurées : créer une fondation pour rapprocher les Chrétiens, les Muulmans et les Juifs, présider l'Union européenne, devenir ambassadeur spécial de l'Occident pour la paix en Palestine et d'autres folies de grandeur ... Pour certains de ses projets, il aurait le soutien de ses amis Bush, Sarkozy et Merkel, qu'il a soutenus lors des élections dans leurs pays réspectifs contre les candidats de la gauche. Il veut aussi convertir au catholicisme, sans doute pour postuler pour un poste au Vatican. ... De façon plus terre-à-terre, on estime que, en plus de sa pension d'ancien premier ministre et salaire de député, et d'autres avantages en nature (300 000 livres environ), il pourrait espérer toucher une avance de 5 million de livres pour ses mémoirs et des revenus d'au moins 100 000 dollars pour des conférences aux Etats-Unis (ce que fait déjà sa très croyante femme Chéri). Parmi ses privilèges d'ancien premier ministre, il a le droit à une voiture, un chauffeur de la police et une protection rapprochée de la Special Branch. Peut-être qu'il en aura besoin.

NOUVEAU

Pour ceux qui lisent l'anglais, je recommande cet article de Chris Bambery, rédacteur-en-chef de Socialist Worker, sur la politique de Gordon Brown, le successeur du feu Tony Blair.

L'influence de l'aile gauche du parti travailliste est à un niveau historiquement bas, selon Socialist Resistance. La coalition de la gauche radicale et anti-guerre RESPECT - l'organisation la mieux placée pour en profiter - doit relever le défi. (25 mai 2007)

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24 juin 2007

 

Majorspeak

Just for fun, here's what John Major said on the occasion of Blair's stepping down as PM about suddenly becoming an ex-prime minister :

"People ask you questions and you're about to answer and you think to yourself, 'hang on, I'm about to express an opinion on this and I haven't seen the papers. I don't know what it is that the prime minister knows that I no longer know'.
"So here am I about to say that I think he should have handled this differently, but he may know something that I once would have known that nobody else knows."


 

Coordination des collectifs, 23-24 Juin 2007

Résolution

La coordination des collectifs unitaires, réunie à Saint-Denis les 23 et 24 juin 2007, et rassemblant des délégué-es de collectifs et comités unitaires, quels que soient les noms qu'ils se donnent, et quels qu'aient été leurs choix à l'occasion de la séquence électorale, a décidé d'organiser avant la fin de l'année 2007, comme cela avait été envisagé lors des précédentes coordinations de Bobigny et de Saint-Denis, des Assises dont l'objet est ainsi défini :

Nous voulons pérenniser notre existence en tant qu'espace commun de réflexion et d'action, structuré en collectifs locaux, coordonnés de manière efficace et visible.

Les collectifs unitaires sont des espaces ouverts à tous : citoyens engagés, membres ou non d'organisations politiques, associatives, syndicales, de courants. Ils ont la volonté de réunir toutes les sensibilités de la gauche antilibérale, altermondialiste, alternative, écologique, antiraciste, solidaire, féministe, anti-guerre.

Ils sont en lien avec les divers mouvements et réseaux de mobilisation sociale, et en sont parties prenantes.

Ils sont des lieux d'échange, d'élaboration d'un projet de gauche véritablement en rupture avec le libéralisme, des lieux de résistance et d'action.

Ils proposent un cadre stable et ouvert à celles et ceux qui veulent faire vivre un processus unitaire par une dynamique capable d'ouvrir une alternative au libéralisme.

Chaque collectif décide souverainement de ses modalités d'organisation, sur la base du principe : 1 personne = 1 voix.

A l'occasion de nos Assises, nous entendons :

- Nous donner au niveau national des règles de fonctionnement, de décision, et de représentation démocratiques, ainsi qu'une dénomination.
- Contribuer à l'organisation, de la résistance à la politique du gouvernement Sarkozy, avec l'ensemble des forces disponibles.
- Travailler à la poursuite de l'élaboration de notre projet écologiste, féministe et de transformation sociale, allant bien au-delà du cadre programmatique des 125 propositions du texte Ce que nous voulons.
- Faire le bilan de l'activité de la gauche de transformation sociale et écologique depuis 2005, ainsi que de l'état des forces à l'issue des dernières élections.
- Travailler à l'élaboration d'outils de communication.

Toutes les citoyennes et tous les citoyens, les militantes et les militants qui entendent porter le projet d'un rassemblement des forces antilibérales, écologistes et de transformation sociale, qu'ils appartiennent ou non par ailleurs à des forces constituées, sont invité-es à participer, depuis les collectifs existants dans leurs localités, et le cas échéant dans leur département, ou à travers les collectifs qui se constitueront, à la préparation de ces assises, dont les modalités plus précises de convocation et d'organisation seront arrêtées par la prochaine coordination, prévue à la fin du mois de septembre.

L'organisation de la dynamique des collectifs constituera un élément décisif des rassemblements à venir.

Il est donc convenu :

1 - de tenir les Assises des collectifs unitaires à l'automne 2007.
2 - de veiller à la relance de l'activité et au développement des collectifs locaux et des coordinations départementales.
3 - de proposer aux partis, courants, forces organisées et autres partenaires de la gauche écologiste et de transformation sociale, ainsi qu'aux diverses composantes du mouvement social, la préparation et la tenue dans le courant de l'année 2008 d'États Généraux unitaires pour construire et porter un projet d'alternatives pour la transformation sociale et la préservation de la planète (actualité de l'antilibéralisme, de l'anticapitalisme, du féminisme, de l'antiproductivisme, de la lutte contre les discriminations, etc.).

Le secrétariat désigné par la coordination nationale est mandaté pour commencer à mettre en oeuvre cette triple décision.

La coordination donne donc mandat au secrétariat qu'elle a désigné pour prendre contact avec les forces politiques de la gauche antilibérale, les associations, les syndicats, les réseaux de mobilisation et autres acteurs, pour :

- leur présenter le projet des Assises
- leur proposer de diffuser leurs contributions, qui seront intégrées à la préparation des Assises
- les interroger sur la possibilité d'organiser dans l'unité des États Généraux de l'ensemble de la gauche écologiste, féministe et de transformation sociale. Le secrétariat rendra compte de ce mandat lors de la coordination prévue en septembre.

Un texte qui pourrait servir de base au relancement du processus unitaire, après les déchirements - et la démobilisation d'une partie des membres des Collectifs - dus à l'échec des candidatures unitaires, et après le traumatisme de l'élection de Sarkozy. Il va falloir que toutes les composantes de la gauche "de transformation sociale" (comme on dit maintenant) s'y mettent, en évitant la dénonciation facile et les procès d'intention, mais en discutant ferme sur les principes de base.

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Gérard Filoche au Conseil National du PS, le 23 juin 2007

Voici le texte de l'intervention de Gérard Filoche, animateur de la tendance Démocratie et Socialisme au sein du parti socialiste. Sans être d'accord avec sa stratégie, il me semble important de le faire connaître. Filoche appelle malgré tout à la résistance des travailleurs face aux attaques du gouvernement Sarkozy-Fillon, à la défense des 35 heures, du SMIC à 1500 euros et au droit de grève ainsi qu'au retour à 37 annuités pour les retraites.

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23 juin 2007

 

L'odeur de la soupe, par Laurent Lévy

On dirait que dans certains milieux politiques, l’odeur de la soupe a quelque chose d’irrésistible.
Lorsque le résultat de l’élection présidentielle était incertain, certains rêvaient une Ségolène Royal faisant entrer dans son gouvernement la présidente de l’association « Ni Putes Ni Soumises ». Certains se réjouissaient à l’avance d’une telle perspective, d’autres y voyaient un signe de la profonde coupure entre la gauche et les populations issues de l’immigration.

Ce rêve s’est pour partie réalisé. À un détail près. Ce n’est pas Royal, mais Sarkozy, qui a fait entrer au gouvernement l’égérie du parti socialiste.

La voici donc ministre du contempteur de la « racaille ». Cela n’est pas si surprenant : la stigmatisation de la jeunesse des quartiers populaires, et singulièrement du « garçon arabe », a été l’essentiel de son activité politique depuis la création de son association.

À l’évidence, mise à part cette complicité avec le racisme ambiant, ce ne sont pas ses convictions qui étouffent l’impétrante. Pour ne parler que de la période la plus récente, après avoir fait campagne en 2005 pour le « oui » au traité constitutionnel ultralibéral pour l’Europe, elle soutient dans la « primaire » interne du parti socialiste la candidature de Laurent Fabius – le seul des trois candidats à avoir soutenu le « non ». Et de « l’aile gauche » du PS, la voilà passée à la réaction la plus brutale.

L’accueillant dans son ministère, Christine Boutin a eu le plus joli, le plus révélateur des lapsus, relayé par toutes les radios : « Tu as, lui dit-elle, commencé par créer une association de lutte contre les femmes… »

L’histoire montrera un jour comment les débats sur le « foulard », où l’on a vu Amara bras-dessus bras-dessous avec Corinne Lepage et Arlette Laguiller pour crier avec les loups aura contribué à brouiller tous les repères de la politique. Comment s’est alors accéléré le consensus raciste et sécuritaire. Notre « beurette républicaine » ne jouera sans doute pas le plus beau rôle dans cette histoire.

En attendant, elle en aura trouvé un autre, bien à sa mesure, dans la parfaite continuité de celui-là. Passant de la théorie à la pratique, la voici désormais chargée, comme secrétaire d’état chargée de la politique de la ville de mettre en œuvre ce point décisif du programme de son nouveau maître : nettoyer nos quartiers au Kärcher.

21 juin 2007

Un portrait de Fadela Amara
"/.../aucune cause ne la mobilise plus de deux heures d’affilée. Avec son agenda
surchargé, impossible d’assumer les missions confiées par tous les
ministres ! Au comité d’évaluation de l’Agence nationale de rénovation
urbaine (ANRU), dispositif clé de la politique de la ville de Jean-Louis Borloo
où elle est censée siéger, personne ne la connaît. Excédé par ses absences, le
président du comité, Yazid Sabeg, a décidé de sévir. La lettre qu’il lui adresse
le 20 avril 2005 est sans ambiguïté : il la considérera comme
démissionnaire si elle ne se manifeste pas dans les quinze jours. Sabeg avait
senti l’erreur de casting avant même le premier conseil d’administration. Mais
son ami Borloo tenait à la candidature de Fadela Amara, au motif qu’elle
« connaissait le terrain »… "
Extrait de : Ni Putes Ni Soumises : un appareil idéologique d’Etat, par Stéphanie Marteau et Pascale Tournier. Attention ! Si l'on comprend mieux la résistible ascension de la nouvelle ministre de la ville en lisant ce texte, il faut prendre des précautions : cela donne envie de vomir.

Dans la même rubrique nauséabonde, Jean-Michel Cros dissèque le dernier ouvrage commis par l'ex-républicaine de gauche, Max Gallo, entré à l'Académie française après avoir battu un autre islamophobe notoire, Claude Imbert. Son titre, Fier d'être français, reprend un slogan du Front national. Lire Jeanne d'Arc à l'Académie française?

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21 juin 2007

 

The new left party Die Linke is officially launched in Germany

by Stefan Bornost, 20/06/07 (article en anglais paru sur le site de Socialist Worker)

Lancement du nouveau parti de la gauche radicale allemande, La Gauche.

Die Linke : en marche! Témoignage de Clémentine Autain

Leçons d’une refondation: Tribune de Jean-Luc Mélenchon, François Delapierre et Raquel Garrido publiée par le journal Politis à leur retour du Congrès du Linke à Berlin.


J'ai trouvé ce dernier article sur le blog La Bataille socialiste, curieuse reprise du titre de la tendance de gauche de la SFIO d'avant-guerre (celle de 1940, pour nos plus jeunes lecteurs) animée par Jean Zyromski (1890-1975). Mélenchon serait-il la réincarnation de celui-ci?

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Bienvenue en "Palestine"

Par Robert Fisk

Ah ! Les Musulmans au Proche-Orient ! Comme ils peuvent être pénibles ! Pour commencer, nous exigeons des Palestiniens qu'ils épousent la démocratie. Mais eux, ensuite, ils élisent le mauvais parti — le Hamas — et après cela celui-ci remporte une mini guerre civile et préside sur la Bande de Gaza. Et nous, les Occidentaux, voulons toujours négocier avec le président discrédité [de l'Autorité Palestinienne], Mahmoud Abbas. La "Palestine" d'aujourd'hui — et laissons ses guillemets à leur place ! — a deux Premiers ministres. Bienvenue au Proche-Orient ! /.../ Lire la suite

En Palestine condamnée, par Tariq Ramadan : "Jamais le monde ne sera en paix si les Palestiniens n’obtiennent leur droit légitime à un Etat et à la dignité."

Merci au site Antigone.net

Hamas' victory in Gaza is a blow to Bush's plans, by Simon Assaf (Socialist Worker, 23 June 2007)

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17 juin 2007

 

Patrick Braouezec (PCF) réélu à Saint-Denis ...

... avec 65% des voix contre l'UMP Evelyne Nicol. C'est mieux qu'en 2002 !

Le blog de Patrick Braouezec

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INTERVIEW DE LEILA SHAHID

/.../ Quelles pourraient être les conséquences d'une victoire du Hamas?

Cela ne changera rien au fait qu'on ne peut pas retirer de force Gaza au Hamas. Celui-ci n'est pas le diable incarné mais un parti politique qui a gagné démocratiquement les élections de janvier. Les Palestiniens ont essayé d'intégrer le Hamas au sein d'un cabinet d'union nationale aux côtés du Fatah et d'indépendants. Malheureusement, le monde boycotte ce gouvernement et refuse de parler au Hamas. Vous ne pouvez pas décider à la place des Palestiniens qui doit les représenter. Si le Hamas finit par gagner à Gaza, c'est que c'était le souhait de la majorité des habitants. Mais ce sera au terme d'une guerre larvée de plusieurs mois qui risque de déborder sur le territoire israélien.

Dans Le Courrier de Genève, 14 juin 2007

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A la 'une' du Courrier de Genève (l'article n'est pas consultable en ligne)

"Alors qu'elle apparaît plus divisée que jamais, la gauche française pourrait avoir tout à gagner à s'inspirer de son homologue allemande. Là-bas, néocommunistes d'Allemagne de l'Est et représentants de l'Alternative électorale pour le travail et l'égalité sociale viennent de fusionner pour donner naissance à «Die Linke». A sa tête, on retrouve notamment Oskar Lafontaine, ancien président du SPD, qui met sous pression son ancien parti, lequel a selon lui clairement trahi sa mission. /.../"

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16 juin 2007

 

A Clermont-Ferrand, deux candidats se réclament de la LCR

En tant que militant unitaire de Saint-Denis, et ancien membre de la section locale de la LCR, je ne peux pas passer sous silence cette affaire de Clermont Ferrand, où une militante de Saint-Denis, Julia Gilger, est envoyée diviser le vote de l'extrême-gauche dans la capitale auvergnate. Le fait même que la direction a dû se tourner vers cette militante disciplinée est lui-même significatif. Il n'y avait donc aucun membre de la Ligue disponible dans toute la région clermontoise ? Selon Alain Krivine (un autre habitant de Saint-Denis), il était absolument nécessaire de présenter un(e) candidat(e) de la majorité dans cette circonscription, alors que son organisation possèdait en Alain Laffont un représentant - déjà conseiller municipal - reconnu et soutenu par d'autres forces de la gauche antilibérale (mais c'est sans doute ce qu'on lui reproche). Pour, selon lui, "ne pas laisser le sigle de la LCR" à des opposants. Le sigle ? Le choix de mot est intéressant et assez révélateur.

LE MONDE 06.06.07

C'est une première pour la Ligue communiste révolutionnaire (LCR). Pour les élections législatives, l'organisation d'Olivier Besancenot aura deux candidats dans la première circonscription de Clermont-Ferrand. Les divisions de la campagne présidentielle, qui ont vu s'opposer deux options - l'une, majoritaire, favorable à une candidature affirmée d'Olivier Besancenot, l'autre, minoritaire, partisane d'une candidature unitaire - ont laissé des traces. Et des rancoeurs difficilement surmontables.

Ce mardi 5 juin, ce sont deux meetings qui se tiennent dans la ville sous le sigle de la LCR. Le premier, dans les quartiers nord de la ville, accueille Alain Laffont, personnalité de la "Ligue" locale, qui se présente pour la sixième fois. Militant de la Ligue depuis le 11 septembre 1973 - "le jour où Pinochet a fait son coup d'Etat au Chili" -, celui qu'on appelle "le médecin des pauvres" a été de tous les combats clermontois.

Elu conseiller municipal en 1995, puis de nouveau en 2001 avec 8,6 % des voix, il est devenu la figure de l'opposition de gauche au conseil municipal : contre Roger Quillot (PS), il fut l'"emmerdeur" qui n'a jamais voté un budget ; contre les démolitions de barres d'immeubles, il s'affronte au maire PS actuel, Serge Godard. Mais c'est surtout "Monsieur anti-incinérateur", celui qui empêche depuis dix ans la réalisation d'un gros projet qui empoisonne la gauche clermontoise. Derrière lui, la très grosse majorité de la fédération LCR du Puy-de-Dôme, mais aussi ce qui reste du collectif unitaire antilibéral et du comité Bové. "La LCR a toujours milité pour un parti anticapitaliste large. C'est ce qu'on tente ici", dit calmement ce sexagénaire.

En face, à la Maison du peuple, Julia Gilger, une enseignante de la région parisienne, parachutée par la direction nationale. La jeune femme a du mal à faire sa campagne avec une poignée de militants de la fédération locale fidèles à Paris. La LCR a dû même demander un coup de main à Lutte ouvrière pour couvrir les panneaux électoraux. "Je suis là pour soutenir les copains qui ont fait la campagne Besancenot et affirmer la cohérence de la LCR", explique Mme Gilger.

EXCLUSION

La jeune femme, qui travaille dans un lycée professionnel de Saint-Denis, doit se contenter de quelques heures sur place, "en déplaçant des cours et le week-end". "Il n'était pas question de laisser le sigle à des militants qui ont fait la campagne de Bové", explique Alain Krivine, porte-parole de la LCR. "C'est vrai que Laffont est une figure, mais on verra dans quelque temps..."
La menace n'est pas faite en l'air. La direction nationale a donné son feu vert à une procédure de dissolution de la fédération rebelle. Quarante-sept militants sont concernés par une exclusion discutée fin juin. "On reconstruira derrière", lâche Krivine. Dans la section, c'est la consternation. Khalid Habballah, jeune patron d'un "café-chicha", enrage : "A Clermont, quand on adhère à la LCR, c'est sur une ligne ouverte et unitaire. On ne s'arrêtera pas."

"Cette concurrence est une première dans l'histoire de la Ligue. Ils ont traité une crise politique par des mesures administratives qui ridiculisent toute l'organisation", constate Christian Picquet, dont la tendance "tient" la fédération. Pour Claude Debons, ancien porte-parole des Collectifs unitaires, venu soutenir M. Laffont, le schisme est plus profond : "ici, c'est la Ligue historique, unitaire, qui a réussi. Mais elle ne correspond plus à la nouvelle LCR de Besancenot."

Sylvia Zappi

La profession de foi d'Alain Laffont ...

Déclaration de la fédération du Puy-de-Dôme de la LCR, le 4 juin 2007

Les deux vont de pair : pour combattre la droite et son programme de régression sociale absolue, une vraie gauche, fidèle à ses valeurs, totalement indépendante et clairement démarquée de la gauche de renoncement qu’incarne le PS est indispensable. Mais pour être crédible et peser sur la situation sociale et politique, la gauche de gauche doit également être capable de surmonter ses divisions et de voir plus loin que le petit bout des calculs d’appareils bien dérisoires au regard des enjeux.
Ceux-ci sont finalement assez simples : le code du travail, les services publics, les droits sociaux et démocratiques durement conquis, vont ils être laminés et détruits au cours des mois et des années qui viennent ? Rien n’est plus urgent que d’organiser la riposte unitaire face aux attaques annoncées par le gouvernement. Préparer ce combat ne se fera pas avec une gauche qui lorgne vers le centre mais avec une gauche qui unit mouvement syndical et mouvement social, partis de gauche sincèrement soucieux de résister et d’agir, citoyens désireux de se rapproprier la politique. Oui, nous continuons à penser que face au paysage dévasté de la gauche, l’attente persiste d’une gauche 100 % à gauche et 100% unitaire, aussi fidèle aux exploités et aux opprimés que la gauche de gouvernement leur fut infidèle.
La LCR 63 n’est pas dans la surenchère. Nos références, ce sont les revendications et les aspirations unitaires du monde du travail et de la jeunesse. Nous ne partons pas de rien. Si la défaite électorale affole les boussoles et accélère des ralliements annoncés, elle n’annule pas les capacités de mobilisation qu’ont manifestées les grèves de 1995, le mouvement altermondialiste aux quatre coins de la planète, la mobilisation de 2003 sur les retraites, la campagne du non de gauche au traité constitutionnel, la révolte des banlieues ou encore la victoire contre le CPE.
Nous voulons renouer avec ces élans de résistance et d’espoir et au delà leur donner un prolongement et une traduction politique. Bien des obstacles restent à lever. Nos candidats unitaires aux élections législatives s’y emploieront. Justice sociale et conquête de droits sociaux et démocratiques pour tous opposables au despotisme de marché généralisé seront au cœur de leur programme. Au démagogique « travailler plus pour gagner plus », ils opposeront la revendication d’un travail et d’un revenu dignes pour tous, l’éradication du fléau de la précarité et du chômage. Face aux manœuvres visant à faire adopter un traité constitutionnel européen allégé, il rappelleront le mandat du 29 mai 2005 en faisant de l’harmonisation sociale et fiscale un préalable à tout nouveau traité. Contre la « refondation sociale » du Medef, ils appelleront à la défense des services publics et de la protection sociale. A l’ingérence humanitaire militarisée, ils opposeront la solidarité entre les peuples. Contre l’égoïsme et le repli identitaire, la citoyenneté, l’égalité des droits, la régularisation des sans-papiers. Oui, « Nos vies valent plus que leurs profits » ! A la concurrence de tous contre tous à de la privatisation du monde nous préfèrerons définitivement la solidarité et le partage des richesses.
Ce projet radicalement anticapitaliste, écologiste, féministe, démocratique, altermondialiste 100 % à gauche est celui de toute la LCR. En y ajoutant l’exigence unitaire la Fédération 63 de la LCR se veut fidèle à des racines et un passé porteurs d’avenir.


COMMUNIQUÉ
Alain LAFFONT et Khalid HABBALLAH, candidats pour l’unité antilibérale soutenus par la fédération 63 de la LCR, les Alterékolos 63, les Comités antilibéraux 63, les Comités Bové 63. 4,45% des électrices et des électeurs nous ont accordé leur confiance, nous leur adressons un grand merci. La volonté unitaire a trouvé un écho. Merci, car ils lancent, en nous mettant en tête de tous les candidats antilibéraux, un message pour le rassemblement de la gauche de gauche pour que ça change vraiment. Merci, pour l’espoir créé à Clermont où nous recueillons 5,53%. Cet espoir laisse augurer la possibilité d’une liste unitaire antilibérale à Clermont pour les prochaines élections municipales de mars 2008. Merci, pour la reconnaissance du travail de terrain dans les quartiers nord où nous faisons jusqu’à 17,5% aux Vergnes. La candidature parisienne parachutée de Julia Gilger a eu deux effets, ajouter la division à la division et empêcher la LCR de franchir la barre des 5% sur la circonscription. Nous réaffirmons notre message d’unité et de rassemblement. Pour le deuxième tour, nous appelons à battre la droite. Pour cela, les abstentionnistes de gauche doivent aller voter pour que Anne Courtillé soit éliminée.

Alain LAFFONT & Khalid HABBALLAH Clermont le 12/06/07

Le dernier bulletin de l'association UNIR 100% à gauche (courant unitaire de la LCR): article de Christian Piquet

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15 juin 2007

 

Les Afrodescendants du Venezuela


Marizabel Blanco

Nous évoquons ici un sujet primordial, et presque entièrement négligé par la gauche française, si ce n'est pour vanter la capacité assimilatrice de la tradition républicaine, celui de la reconnaissance des communautés d'origine africaine. Ici, il s'agit du Venezuela, où, sous le régime du président Chavez, les revendications de ce qu'on appelle désormais les "afrodescendants" sont enfin prises au sérieux.

Le mot noir ou noire pour faire référence à une personne de couleur est très souvent utilisé dans notre pays [le Venezuela], avec différentes connotations évidemment, certaines basées sur l'affection, d'autres sont péjoratives, racistes. De toute manière, ce terme si populaire comporte des caractéristiques très peu affables, qui excluent délibérément ou non. Depuis l'arrivée du président Chávez au pouvoir, un sujet tabou comme celui du racisme a pris sa place et est devenu un sujet actuel de base dans le débat général. Pour ces raisons et dans le cadre du mois du fait Afrovénuézélien, terme propice et bien mérité par cette grande partie de la population de notre pays, la jeune directrice des relations avec les communautés afrodescendantes, Marizabel Blanco, évoque avec nous la façon dont persistent les marques d'une déformation de l'esprit qui souille notre mélange particulier, et nous fait pénétrer dans une série de projets qui ont pour objectif, sous l'impulsion du président Chávez, de revendiquer et d'exalter la valeur de nos populations noires, de nos afrodescendants.
Lire l'entretien ...
Cet article vient du site BaSango.com - le coin de convergence des cultures afros

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40 ans : ça suffit !


(selon Socialist Worker) 20 000 manifestants à Londres, samedi 10 juin, contre l'occupation israélienne de la Palestine






"Israël a le droit d'exister !"

"La Palestine a le droit d'exister !"

"Désolé, je ne t'entends pas avec tout ce bruit"

Vu sur l'excellent blog égyptien 3arabawy

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14 juin 2007

 

Jean-Luc Mélenchon évoque son "divorce" du Parti socialiste

Le sénateur socialiste Jean-Luc Mélenchon estime que la gauche du Parti socialiste "est de plus en plus un alibi pour ce parti" et que "la question du divorce commence à être posée", imaginant un rapprochement avec les communistes pour construire "une force nouvelle".

Dans une interview jeudi 14 juin à L'Humanité, le président du mouvement Pour la République sociale estime en effet qu'"on est en train de découvrir la catastrophe qui frappe la social-démocratie internationale". Le sénateur de l'Essonne a notamment pris l'exemple de l'Allemagne et de la Grande-Bretagne, où "les sociaux-démocrates sont des acteurs enthousiastes du démantèlement de l'Etat social qu'ils ont eux-mêmes construit".

M. Mélenchon, qui doit assister samedi au congrès fondateur du parti Die Linke (la gauche) à Berlin, qui regroupe notamment des communistes et des socialistes, considère que cela peut être "une source d'inspiration très forte" pour la France. "J'y vois une des issues possibles de la crise de la gauche", dit-il.

Car pour lui, "la gauche du PS (...) n'est plus admise à jouer un rôle actif dans le mouvement socialiste". De ce fait, évoquant un possible divorce, il a simplement précisé que "la question n'est pas tranchée" et qu'"à l'heure actuelle il n'existe pas d'alternative".

En effet, s'il imagine volontiers un rapprochement entre des communistes et des militants socialistes "qui n'acceptent pas de se résigner à une fumeuse orientation sociale-démocrate, ni à un tropisme pour le centre", il note aussi, en le regrettant, que "les communistes n'ont pas encore fait ouvertement le choix de la construction d'une force nouvelle".
LEMONDE.FR avec AFP 14.06.07

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13 juin 2007

 

Meeting de soutien à Patrick Braouezec

Je reviens du meeting de soutien à Patrick Braouezec à la Bourse du Travail de Saint-Denis. L'unité de la gauche pour le deuxième tour est presque parfaite. Ont pris la parole le maire Didier Paillard (PCF), la candidate des Verts Cécile Ranguin, le candidat du PS dans la circonscription voisine, le député Bruno Le Roux, sa concurrente républicaine de gauche Hayat Dhalfa (soutenue par le PCF et les Collectifs unitaires antilibéraux), deux représentants du Collectif unitaire antilibéral de Saint-Denis, tout un groupe de jeunes (dont plusieurs sportifs), le candidat de Lutte Ouvrière Philippe Julien, un représentant du Parti communiste local, un porte-parole du Mouvement républicain et citoyen et un syndicaliste CGT de la succursale Renault de Saint-Denis menacée de fermeture. Noël Mamère des Verts a également envoyé un message de soutien.

Dans un message lu par le maire et publié dans le tract du deuxième tour, la LCR appelle à éliminer le maximum de candidats de la droite, mais elle n'arrive pas, semble-t-il, à prononcer le nom de Patrick Braouezec, et elle n'a pas participé au meeting. Si c'était pour ne pas croiser des militants 'social-libéraux', ce n'était pas la peine de bouder - le PS local n'est pas venu non plus ! C'est peut-être anecdotique, mais est-ce comme cela qu'on commence à construire le grand parti de la gauche antilibérale dont parle Besancenot ?

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Le premier tour des élections législatives à Saint-Denis (2ème circonscription de la Seine-Saint-Denis)

Le 10 juin, notre député de la 2ème circonscription du 93 (la majeure partie de Saint-Denis + Pierrefitte + Villetaneuse), Patrick Braouezec est arrivé en tête au premier tour des élections législatives avec 32,72% des voix, devant la candidate sarkoziste (22,62%). C'est moins bien qu'en 2002, mais les candidats de gauche totalisent quand même plus de 60% des votants.

Regardons les résultats dans cette circonscription emblématique un peu plus dans le détail. Premier constat : l'abstention est en hausse massive par rapport aux présidentielles et même par rapport aux législatives de 2002 (+ 7%). La droite gagne 4 points, ce qui n'est pas un particulièrement bon score vu l'effondrement du vote du Front National (de 14% il passe à 5%). Où sont donc passés les électeurs du FN? La réponse paraît évidente : ils se sont réfugiés dans l'abstention.

Braouezec lui-même perd 7 points, plus d'ailleurs à Pierrefitte - où il arrive en troisième position - qu'à Saint-Denis. Certains de ses électeurs de 2002 se sont probablement reportés sur la candidate socialiste Rose Gomis qui obtient 20% (+ 5% par rapport au score du PS en 2002). Il est vrai aussi que la candidature 'paillette' du bayroutiste Djamel Bouras, qui arrive littéralement de nulle part pour obtenir près de 10%, a pu mordre sur une partie de son électorat potentiel. A l'extrême gauche, la baisse de Lutte Ouvrière, qui ne récolte que 0,86%, et du PT (0,37%) est tout juste compensée par une augmentation du vote de la candidate de la LCR (2,6%).

Dans la 1ère circonscription voisine, qui comprend plusieurs quartiers de Saint-Denis, le député sortant socialiste, Bruno Le Roux, arrive largement en tête avec plus de 35%, et la gauche totalise 55%. Les Collectifs unitaires et le PCF soutenaient Hayat Dhalfa (MARS) qui, avec 12,66% (18,06% à L'Île-Saint-Denis et 19,69 à Saint-Ouen) dépasse le score de 2002 du communiste Pierre Zarka. Au deuxième tour l'unité de la gauche se fait derrière le candidat du PS.

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12 juin 2007

 

Elections législatives en Belgique, le 10 juin 2007: A droite, toute!

/.../Quel qu’il soit, y compris avec un zeste de vert, le prochain gouvernement sera un exécutif bourgeois qui mènera tambour battant l’offensive contre nos conquêtes sociales, avec la sécu en ligne de mire, la volonté de scinder les politiques d’emploi, la poursuite des privatisations et la réforme de l’Etat dans un sens anti-démocratique. Les forces centrifuges dans l’Etat Belgique se sont une fois de plus renforcées du fait des résultats asymétriques entre la Flandre et la Wallonie. Mais la tendance est la même : à droite toute, bien qu’à des degrés divers (la droite et extrême droite pèsent plus de 54% en Belgique francophone, contre 75% en Flandres !). L’extrême droite ne progresse plus autant, surtout du côté francophone et s’il faut s’en réjouir, l’euphorie n’est pas de mise pour autant: si l’on additionne les scores du Vlaams Belang, de la Liste Dedecker, du FN et de Forces Nouvelles, son poids est toujours intolérable.

La victoire de la droite ne s’explique pas seulement par la « trahison » (air connu) social-démocrate à ses promesses. Elle est aussi le résultat de l’échec de la gauche anticapitaliste à offrir une alternative suffisamment crédible aux yeux des masses. En Belgique, la barre des 5% d’éligibilité et des règles d’accès aux médias particulièrement anti-démocratiques rendent la tâche difficile. Mais cela n’explique pas tout. Comme aux législatives de 1999, bien que dans une moindre mesure, c’est Ecolo, qui a raflé les pertes du PS. Or, ce sont ces électeurs que la gauche anticapitaliste aurait pu, aurait dû capter. Par sa division ou son aventurisme électoraliste, elle n’en a pas été capable. Les résultats des listes CAP (autour de 0,3%), PC et PTB (autour de 0,8%) parlent d’eux-mêmes.

Lire l'analyse de la LCR (Belgique)

Communiqué de Une Autre Gauche

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Le programme de la réunion nationale des Communistes unitaires
Le site Communisme en mouvement

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09 juin 2007

 

Gauche, l'heure des choix

Dans Politis, le 7 juin 2007.
/.../L’urgence est à la résistance et à la mobilisation pour battre les
candidats sarkozystes aux législatives. Elle est tout autant à reprendre
l’offensive sur le terrain des idées et des propositions autour de contenus
transformateurs attractifs. Une gauche molle n’est pas l’outil politique
adéquat face à la contre-révolution libérale ; quant à une « petite »
gauche, elle serait cantonnée au rôle d’aiguillon minoritaire d’un
social-libéralisme hégémonique.


Un texte signé par Éric Coquerel (président de Mars Gauche républicaine), Claude Debons (ex-coordinateur des collectifs du 29-mai), Charlotte Girard (secrétaire nationale PRS), François Labroille (élu régional IDF Alternative citoyenne), Patrice Leclerc (conseiller général communiste 92), Jacques Lerichomme (syndicaliste), Claude Michel (syndicaliste), Christian Picquet (courant Unir de la LCR), Catherine Tricot (communiste unitaire), José Tovar (syndicaliste).

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L'Etat d'Israël occupe la Cisjordanie, la bande de Gaza et le Golan depuis 40 ans



En juin 1967, la guerre des Six-Jours permet à Israël d’étendre nettement son emprise sur la Palestine. Lire l'article de notre ami Nicolas Qualander et Mireille Terrin paru dans Rouge n° 2209 ...

(En anglais) What happened in the Six-Day War, by Anne Alexander (Socialist Worker n° 2054)

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Quatre scénarios pour le PS

Philippe Marlière décrit quatre scénarios pour le Parti socialiste : le scénario 'italien' (alliance avec le centre droit), le scénario 'britannique' néo-libéral prôné par Strauss-Kahn (une vision "qui a le mérite de la cohérence", selon le politologue), le scénario 'allemand' (scission de la gauche du PS, qu'il estime "impensable" après l'échec du mouvement unitaire et l'effondrement de la gauche radicale) et le scénario socialiste (refondation du PS sur des bases réellement de gauche). Dans le dernier cas, écrit-il, le PS deviendrait - ou redeviendrait? - un véritable parti réformiste radical de masse, capable de "dialoguer" avec toutes les composantes de la gauche et assuré de bénéficier d'un "plancher" de 30% de l'électorat car rassembleur d'électeurs socialistes, communistes et altermondialistes mais mordant également sur le centre. Pour cela, il faudrait créer un "authentique parti de militants" à la place du "club de supporters" qu'est devenu le PS actuel.

Cette présentation a le mérite de clarifier les termes du débat. On pourrait discuter longtemps du réalisme du projet 'socialiste'. Certes, il est faux, comme font trop souvent les révolutionnaires, de simplement affirmer que le PS ne pourra "jamais" évoluer dans un tel sens, tout comme il est faux d'affirmer que toute tentative de construction d'un parti révolutionnaire indépendant du PS est voué à l'échec. Ce type d'affirmation est contraire à toute dialectique. Ce n'est pas parce que le PS a trahi les aspirations de sa base dans le passé (tout en faisant voter quelques lois progressistes et quelques réformes timides) qu'il ne pourra pas se transformer un jour.

Il n'est effectivement pas impossible que le parti 'idéal' que décrit Marlière, dont la fonction serait (mais elle n'est pas précisée) de réformer le capitalisme petit à petit selon le vieux schéma des socialistes non-marxistes, puisse naître effectivement - à la suite, j'imagine, d'un processus de décomposition du vieux PS, avec des scissions sur sa droite. Il faut cependant un sacré effort d'imagination pour l'envisager.

Concrètement, nous avons affaire ici à une enième tentative d'organiser un pôle de la gauche réformiste en opposition aux tendances droitières qui se renforcent après la victoire de Sarkozy et l'émergence de Bayrou, sous la forme d'un Appel et de la création d'une association Gauche Avenir. Ses signataires incluent des militants, des cadres moyens et quelques personnalités nationales (Paul Quilès, Marie-Noëlle Lienemann ...) du PS, ainsi que des communistes (Francis Wurtz, Jean-Claude Gayssot ...). Ce ne sont pas à priori - mais il faut rester prudent, car la majorité des signataires sont pour nous des 'anonymes' - des représentants des courants les plus à gauche de ces deux partis. Ni de ceux qui sont les plus ouverts à une collaboration avec la gauche radicale. Mais s'ils sont réellement déterminés à résister à la droitisation du PS, tant mieux.

La gauche révolutionnaire, anticapitaliste et antilibérale se doit de suivre toute initiative dans ce sens avec intérêt, en évitant la dénonciation puérile. Des mouvements de ce type peuvent s'avérer effectivement dangereux, dans la mesure ou ils profitent de la démoralisation à la gauche de la gauche pour conduire des anticapitalistes dans une impasse parlementaire. Mais des alliances sont toujours possibles, dans le but de s'opposer à la dérive sociale-libérale. La politique dite du "cordon sanitaire" qui consiste à refuser tout dialogue et toute initiative commune avec des réformistes de gauche est à l'opposé de la tradition révolutionnaire, léniniste, que nous défendons.

Nous pouvons même aller jusqu'à souhaiter "bonne chance" (ou plutôt "bon courage") à ceux qui pensent sincèrement que le PS peut être changé. Nous pensons qu'ils se trompent, mais la seule façon de le prouver est de démontrer concrètement, dans les luttes et sur le terrain politique, que nos analyses (de la nature de l'Etat, du rôle des travailleurs organisés, de la nécessité d'imposer nos revendications par la force de nos luttes et non pas par en-haut, de l'importance de l'internationalisme, et de la solidarité avec tous les peuples en lutte contre l'impérialisme et avec tous les groupes opprimés ...) sont les meilleures.

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07 juin 2007

 

Une petite victoire pour le bon sens contre l'acharnement républicain

Les mères voilées doivent pouvoir accompagner les sorties scolaires (Halde)

PARIS, 6 juin 2007 (AFP) - La Halde estime, dans une délibération rendue publique mercredi, que "le refus de principe opposé aux mères d'élèves portant le foulard" de participer à des sorties scolaires est "contraire aux dispositions interdisant les discriminations fondées sur la religion".
La Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l'égalité (Halde), selon un communiqué, avait été saisie par une association et des mères de famille à la suite du refus qui leur avait été opposé de participer à des sorties scolaires et à des activités éducatives.
La direction de l'école, précise le communiqué de la Halde, avait motivé ce refus par le fait que ces mères portaient le foulard islamique.
Dans sa délibération datée du 14 mai, la Halde rappelle que la loi du 17 mars 2004 sur le port de signes religieux à l'école, comme sa circulaire d'application, "indiquent expressément qu'elles ne concernent pas les parents d'élèves".
Le délibéré de la Halde estime par ailleurs que les parents d'élèves qui accompagnent des sorties scolaires "peuvent être assimilés (...) à des collaborateurs bénévoles du service public" et qu'"il ne peut être soutenu" que cette qualité "emporterait reconnaissance du statut d'agent public".
Elle recommande aux conseils d'école de revoir les règlements intérieurs applicables "de manière à respecter le principe de non-discrimination religieuse dans la participation des parents à la vie de l'école". Les inspections, ajoute la Halde, "devront rendre compte à la Haute autorité des mesures prises dans un délai de quatre mois".
La Halde recommande aussi au ministre de l'Education nationale de "prendre toute mesure nécessaire afin d'assurer le respect du principe de non-discrimination". Elle demande d'être tenue informée des mesures prises dans un délai de trois mois.

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Délires islamophobes en Suisse

L'édito de Pierre Vanek dans le journal suisse SolidaritéS, n° 109, 30 mai 2007, condamne sans nuances l'islamophobie du parti xénophobe de droite, l'UDC. Notre presse de gauche française n'a pas toujours été aussi claire:

Ce 1er mai a été lancée en Suisse une initiative populaire fédérale «contre la constructions de minarets». Tout le gratin des parlementaires UDC les plus réactionnaires soutient ce texte islamophobe, qui viendrait, si l’initiative devait aboutir et être acceptée en votation populaire, compléter l’art. 73 de la Constitution fédérale, en y prenant la place occupée jusqu’en 2001 par l’article qui soumettait l’«érection d’évêchés» à l’autorisation de la Confédération helvétique... Les initiants se répandent en affirmations aux apparences délirantes, il s’agirait en bannissant les minarets – il y en a deux ou trois en Suisse aujourd’hui – d’interdire des «constructions islamiques aux connotations impérialistes» et de porter un coup décisif pour «stopper les tentatives de milieux islamistes d’imposer en Suisse un système légal fondé sur la charia.» Soyons clairs, cette initiative nauséabonde, raciste et islamophobe est inacceptable, tout autant que le serait une initiative nauséabonde, raciste et antisémite pour interdire la construction de synagogues au nom de la lutte contre une prétendue «emprise des Juifs» dans notre pays... Ce qui est inquiétant, c’est que cette initiative «fait débat» comme si de rien n’était et que certains médias acceptent de relayer les arguments de ses propagandistes, comme si c’était une question légitime à poser aux citoyenne-s. Bien sûr, cette initiative relève de la provocation. A Genève, dans le même sens, lors d’une récente votation populaire l’UDC a placardé une affiche ouvertement homophobe, s’en prenant aux «pacsés aisés et inféconds». Malgré toute l’indignation qu’elle a suscité, allant jusqu’au vote d’une résolution ad hoc du Grand Conseil genevois, l’UDC a laissé cette propagande nauséabonde fleurir sur les murs... et a laissé aux citoyen-ne-s indignés la tâche d’arracher ces affiches. Mais l’effet de ces «dérapages» à répétition, n’est pas seulement de susciter une indignation légitime, il est aussi de déplacer les limites de l’inacceptable et de l’intolérable /.../

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05 juin 2007

 

Sarkozy, une victoire stratégique

Par Antoine Arthous et Stathis Kouvélakis

"...l'abandon de la perspective unitaire équivalait à un abandon du terrain de l'alternative politique".

Ce texte est destiné à être publié dans la revue espagnole Viento Sur. Les auteurs, membres de la LCR, considèrent qu'une candidature unitaire était souhaitable et possible. Nous reproduisons ici le texte complet, à l'exception d'un récapitulatif des dates clés des luttes politiques en France de 1995 à 2007.

La victoire de Sarkozy est d’ordre stratégique : après plus d’une décennie de crise sociale et politique, elle permet à la droite française de s’unifier, se reconstruire et se mettre en ordre de combat pour développer une politique ultralibérale. Depuis 25 ans, le mécanisme de l’alternance se traduisait par un désaveu du pouvoir en place. Or, alors que l’UMP gouverne le pays depuis 2002, Sarkozy obtient l’un des meilleurs scores de la droite sous la V° République. Il mord fortement sur l’électoral de Le Pen, réduisant ainsi la nuisance du Front national pour la droite. Alors que durant l’ère Jacques Chirac, la droite semblait politiquement paralysée et sur la défensive, la victoire de Sarkozy traduit une dynamique importante de renouvellement de ses équipes dirigeantes, mais également une rupture politique et idéologique avec cette ère. Selon une formule souvent répétée, la droite est à présent « décomplexée » et a la volonté d’assumer clairement, au plan politique comme idéologique, un néolibéralisme dur, ouvertement autoritaire. Le ralliement à la majorité présidentielle de la plupart des députés UDF qui avaient soutenu Bayrou à l’élection présidentielle renforce l’ hégémonie de Sarkozy.

S’il a joué la « rupture » au plan politico-idéologique, il n’en fût pas de même en ce qui concerne les institutions de la V° République, alors que Bayrou, puis Ségolène Royal, avançaient des éléments de « modernisation », en proposant notamment d’introduire une dimension de proportionnelle dans l’élection des députés. Sans entrer ici dans les détails, il faut souligner que ces institutions étaient devenues un facteur d’immobilisme et de crise. Notamment, à cause du verrouillage politique produit par le système du bipartisme, les deux grands partis se transformant eux-mêmes en écuries des deux candidats (UMP et PS) à l’élection présidentielle. D’où un décalage important entre le « pays réel » et le « pays légal » et des réactions « anti-système » à l’origine, parmi d’autres facteurs, de la forte poussée de Le Pen en 2002. En 2007, la réaction anti-système s’est surtout exprimée à travers la montée (imprévue) de Bayrou, d’autant qu’il n’existait pas de candidature crédible à gauche du PS.

Sarkozy n’entend pas remettre en cause le bipartisme, il lui permet de structurer son hégémonie sur la droite, tout en maintenant la polarisation politique entre la droite et la gauche (PS). Toutefois, l’accent fortement populiste de sa campagne était une façon de répondre au décalage entre le « pays réel » et le « pays légal ». Il va poursuivre dans ce sens, en accentuant ce que l’on appelle la « présidentialisation » des institutions. Pour le dire vite, le Président de la république ne se donnera pas la figure d’un arbitre, mais deviendra un « super premier ministre », dirigeant l’action politique quotidienne. Tout en gardant un statut à part, puisqu’il est élu au suffrage universel, tout en ayant le droit de dissoudre l’Assemblée nationale.

Alors que classiquement, dans la V° République, le Premier ministre jouait le rôle d’un « fusible », Sarkozy sera donc directement exposé. Mais cela correspond bien à son orientation qui vise à mettre en oeuvre une politique ultra-libérale, sans craindre la conflictualité sociale. Au contraire, il veut plutôt en jouer et y répondre par une forme autoritaire de présidentialisme, appuyée sur une forte dimension populiste (sécurité, immigration, identité française).

Une « droitisation » de la société française ?

La rupture est donc importante. Pour autant, peut-on dire – comme on l’entend souvent, et pas seulement dans les médias – que le succès de Sarkozy est le simple reflet d’une « droitisation » de la société française ? Au cycle anti-libéral succéderait ainsi un cycle libéral : le libéralisme serait devenu dominant dans le corps social. Cette thèse nous semble erronée, non pas au sens où elle serait fausse, mais parce qu’elle s’avère unilatérale. La victoire de Sarkozy n’est certes pas un accident, elle a des racines profondes, notamment idéologiques. Elle s’inscrit dans des tendances antérieures au durcissement des politiques néolibérales, qu’elle radicalise à son tour.

Pour autant, cette victoire n’est en rien un simple prolongement linéaire et inéluctable de ces tendances. Les gouvernements auxquels a participé Sarkozy ont connu des défaites importantes dans toutes les élections intermédiaires depuis 2002. Ils ont été confrontés à de fortes mobilisations sociales, et si la droite a marqué des points en 2003 (retraites), elle a dû à nouveau reculer début 2006 (sur le CPE). Par ailleurs, s’il existe des fractures au sein des classes populaires (exclusion, précarité, chômage..) favorisant le discours populiste de Sarkozy, du point de vue politico-idéologique la situation n’a pas qualitativement changée. Le Front national en jouait d’ailleurs depuis longtemps.

Le succès de Sarkozy réside dans sa capacité à transformer les coordonnées d’une situation, en intervenant activement dans ses contradictions, et pas simplement à les refléter ou les consolider. Les contradictions portées par le cycle anti-libéral s’étaient concentrées sur le plan politique central (nous y revenons plus loin). Saisissant l’enjeu politique particulier de cette élection présidentielle dans cette conjoncture, Sarkozy a compris qu’elle ne pouvait pas se gagner « au centre ». Il fallait apporter une réponse « radicale » à une situation prolongée de crise politique et sociale que connaissait la société française depuis plus d’une décennie. Si Bayrou a essayé de surfer sur les réactions « anti-système » de l’électorat, Sarkozy a su, lui, avancer une perspective de sortie de crise : « la rupture ».

Voilà pourquoi le caractère non-prédéterminé, activement construit, de la victoire de Sarkozy n’est en rien une bonne nouvelle : s’il ne se contente pas de « traduire » électoralement une droitisation préexistante, Sarkozy est d’autant mieux placé pour la faire advenir et l’inscrire durablement dans la société française. Rien ne serait plus illusoire que de penser que les résistances sociales pourront faire face seules à cette légitimité nouvelle, construite sur le terrain politique. Avec son arrivée au pouvoir devient précisément envisageable, en France, ce que les rapports de forces établis au cours de la période passée étaient parvenus à mettre en échec, à savoir une thérapie de choc à la Thatcher. Thérapie dont il faut souligner que, en Grande-Bretagne même, elle n’était en rien inévitable, même après le premier succès des conservateurs (1979). La contre-réforme thatchérienne dût être gagnée de haute lutte (notamment contre les mineurs en 1984-85) et, malgré toutes les théorisations sur le caractère prétendument « hégémonique » de son « populisme autoritaire », elle ne s’appuyait en rien sur une adhésion majoritaire de la population à la liquidation de l’Etat social.

Du côté du PS

Malgré sa poussée spectaculaire lors des élections régionales, le PS s’est trouvé dans une situation d’impasse et de crise, qui faisait suite au bilan calamiteux du gouvernement de la « gauche plurielle » et de l’élimination de Jospin au second tour de la présidentielle de 2002. Sa division ouverte au moment du référendum sur le TCE, avec l’apparition de courants significatifs remettant en cause l’orientation néolibérale, en a été l’expression manifeste. Laurent Fabius, qui s’était prononcé pour le « non » en 2005, entendait se situer dans le prolongement de l’ère mitterrandienne, en maintenant l’encrage du PS à « gauche ». Mais, outre la faible crédibilité du personnage, qui avait été une des figures éminentes du social-libéralisme, la perspective, du point de vue du PS, paraissait peu crédible. Les anciens alliés de la « gauche plurielle », s’étaient effondrés et/ou avaient pris des distances. Le PS lui-même, parti traditionnellement privé des structures de masse de la social-démocratie, est devenu largement autonome de la base sociale de la gauche. Happé par les institutions étatiques et le jeu des alternances gouvernementales, dépourvu de réelle substance militante, il est étroitement contrôlé par un appareil central fortement bureaucratisé et un pléthorique contingent d’élus.

C’est la gauche radicale et antilibérale qui occupait l’espace politique à gauche du PS. Mais, pour cette même raison, et du fait des divisions internes[1], la direction du PS ne pouvait poursuivre de façon ouverte sa marche au social-libéralisme, surtout après la victoire du non au TCE.
Ségolène Royal a donc lancé sa candidature en contournant le parti. Elle a joué sur l’aspiration au renouvellement (et la candidature d’une femme), la « modernisation » de la démocratie (démocratie participative, etc.), faisant des clins d’œil sur sa gauche et/ou vers les couches moyennes, tout en reprenant à son compte une version atténuée de la thématique sarkozyenne des « valeurs »: ordre, travail, identité nationale, éloge de la famille. Sur les questions économiques et sociales, elle a oscillé entre un projet initial inspiré de Tony Blair, et peu distinct sur le fond de celui de Sarkozy, (« réconciliation avec les entreprises », remplacement des droits sociaux par un discours compassionnel et moralisant, dénonciation de l’« assistanat » et réhabilitation « éthique » du « travail ») et des concessions, souvent de pure circonstance, à des éléments plus classiquement social-démocrates, sous la pression de son parti ou de la nécessité de s’adresser à l’électorat de gauche. Et lorsque la poussée Bayrou s’est accentuée dans les sondages, elle a clairement fait apparaître son orientation : en finir avec l’héritage de l’ère Mitterrand pour se tourner vers le centre.

Une telle orientation, agrémentée de zig-zags, n’était en rien capable de proposer une « rupture», alternative à celle de Sarkozy. Elle a, au contraire, accéléré le délitement idéologique du PS et conforté la posture offensive de la droite, ravie de voir le débat sur les « valeurs » se substituer aux choix en matière de politique économique et sociale. Si Ségolène Royal a engrangé au premier tour une partie des voix « anti-sarkozy » (le « vote utile » contre la droite), les votes « anti-système » ont été principalement captés par Bayrou. Son score médiocre fait apparaître que le relâchement des liens entre le PS et des secteurs décisifs de son électorat s’est non seulement poursuivi mais qu’il s’est même s’accentué : à la sécession des couches populaires est venue s’ajouter la distanciation d’une partie significative du salariat intermédiaire et intellectuel.

Au second tour, le résultat de Royal est, certes, presque identique à celui de Jospin en 1995. Toutefois, alors que Jospin et le PS se trouvaient au centre d’un dispositif stratégique (d’alliances, d’orientation etc.), qui allait déboucher sur « la gauche plurielle » deux ans plus tard, le PS sort de cette défaite profondément désorienté et dépourvu de perspectives lisibles. Une crise de « refondation » est en train de s’ouvrir, dont il est trop tôt de définir les contours précis. Toutefois, compte tenu du phénomène Bayrou ( et au-delà du devenir politique propre du personnage et du parti qu’il vient de lancer) et de l’affaissement de ses anciens partenaires de gauche (PCF, Verts), la tendance largement dominante de l’appareil sera celle d’un tournant vers le « centre », dans le sens d’une rencontre entre le social-libéralisme et le libéralisme-social qui se développe d’ailleurs au niveau européen.

La marginalisation de la gauche antilibérale lors de ces élections donne, naturellement, de l’espace pour une telle orientation. Sa politique autosuicidaire, dont la fragmentation est à la fois le résultat et l’une des causes, qui a mené à cette marginalisation n’aura pas seulement des effets, qui se font déjà fortement sentir, « à gauche de la « gauche ». C’est une donnée qui a pesé sur l’ensemble de la situation politique ; et donc de sa dynamique à venir.

Le bilan des résultats à gauche du PS

Au premier tour de la présidentielle, Ollivier Besancenot (LCR) atteint 4,08 %, contre 4,25 % en 2002, Arlette Laguiller (LO) 1,33 % contre 5,72 %, Gérard Schivardi (PT) 0,34 % contre 0,45 % pour le candidat du PT en 2002. Les voix d’extrême gauche passent donc de 10,4 % à 5,75 %. Marie Georges Buffet (PCF), obtient 1,93 % contre 3,37 % pour le candidat du PCF en 2002 et José Bové[2] 1,32 %. Enfin, les Verts passent de 5,3 % à 1,57 %. Le constat est sans appel : par rapport à 2002, le recul des voix qui se sont portées à gauche du PS est considérable. Seul Olivier Besancenot tire son épingle du jeu (gagnant même 200 000 voix), sur la base d’une campagne qui a eu un écho réel et a vu venir à ses meetings des jeunes étudiants et salariés, dont c’était souvent la première expérience politique, et qui compose une partie significative de son électorat. Il existe deux façons de présenter ces résultats qui renvoient à des analyses différentes de la conjoncture.

La direction de la LCR ne se contente pas de se féliciter du bon résultat de son candidat, elle souligne sa portée quasi historique. Tout d’abord, dans l’évolution des rapports de force au sein de l’extrême gauche. Le cycle électoral d’Arlette Laguiller est bien terminé, alors que celui d’Olivier Besancenot ne fait que commencer. Par ailleurs, toujours selon cette logique, un processus de décantation se serait opéré à gauche du PS. Certes, la LCR aurait mené une bataille pour l’unité de la gauche antilibérale. Mais les divergences étaient trop importantes avec des courants qui n’ont pas clairement affirmé leur indépendance vis-à-vis du PS. De surcroît, il faut bien constater que ces courants et militants « à gauche de la gauche » sont le produit de l’expérience passée, alors que la LCR, elle, grâce notamment à la candidature Olivier Besancenot, est en phase avec les nouvelles générations.

Notre analyse est différente. Le bilan est un échec pour l’ensemble de la gauche radicale eu égard au enjeux politiques que représentait la nécessité d’une candidature unitaire antilibérale qui, de plus, était possible. Le faible résultat de l’ensemble des voix à gauche du PS renvoie principalement à l’absence d’une alternative unitaire crédible. Le « vote utile » pour Ségolène Royal, qui, selon les enquêtes, à touché près de la moitié de l’électorat de l’extrême-gauche de 2002, traduit lui-même la perception du vote pour l’un(e) des multiples candidats de la gauche radicale comme un « vote inutile », étroitement identitaire ou protestataire, incapable de peser sur le rapport de forces d’ensemble et d’ouvrir une perspective de rupture à gauche. Car l’enjeu se situait bien à ce niveau, et c’est pourquoi l’abandon de la perspective unitaire équivalait à un abandon du terrain de l’alternative politique.

La LCR s’en sort certes nettement mieux que les autres, mais, justement, cela montre la place qu’elle occupe et les responsabilités particulières qui sont les siennes. Il semble difficile de considérer que le maintien d’Olivier Besancenot autour de 4% des suffrages soit un résultat à la hauteur des potentalités d’une période de mobilisations sociales et électorales exceptionnelles, parfois même victorieuses, et alors que, pour la première fois depuis des décennies, le social-libéralisme était ouvertement bousculé sur sa gauche par le « non » au référendum et, surtout, par la force de la campagne unitaire du « non » de gauche. Enfin, il est illusoire de croire qu’une nouvelle force politique va se construire essentiellement à partir de « jeunes » qui font leur première expérience, en contournant les courants politiques issus du cycle passée. La LCR, loin de là, n’est pas la seule responsable de ce bilan. Mais, compte tenu de sa place et du fait que nous en sommes des militants, nous nous contenterons de quelques remarques sur sa politique.

Retour en arrière

Pour éclairer ce qui s’est joué, il faut entrer plus en détail dans la période passée et souligner l’inflexion dans les cordonnées de la situation politique. Pour le dire un peu schématiquement, l’échec des luttes contre la réforme des retraites en 2003 (comme les effets des difficultés internationales du mouvement altermondialiste) annonce l’essoufflement de la « phase sociale » et « mouvementiste » du cycle antilibéral, dans laquelle le mouvement social semblait pouvoir se développer par l’effet de sa seule dynamique propre. S’annonce alors un « retour de la politique » qui s’exprime spectaculairement dans la poussée du PS aux élections régionales.[3]

Depuis 1995, la force de la LCR – et le succès de la candidature d’Olivier Besancenot en 2002 en était l’expression - résidait dans sa capacité à épouser l’aspect multiforme du mouvement social pour, en quelque sorte, se positionner comme son aile radicale. Toutefois, l’échec de 2003 fait apparaître les limites d’un tel profil politique articulé autour de deux axes : une bataille pour les luttes et la préparation d’une grève générale et un discours propagandiste sur la nécessaire « rupture » avec le système capitaliste. Le contenu de l’accord et de la campagne LCR et LO lors élections régionales de 2004 montre que la direction de la LCR a du mal à se repositionner par rapport aux déplacements des conflits sur le terrain politique. En effet, elle présente ces listes comme le seul vote de gauche utile au premier tour contre la droite. C’est une vision un peu hallucinée de la réalité : du point de vue du vote utile contre la droite, les électeurs ont choisi le PS. Mais, au second tour, la LCR n’appelle pas à voter pour le PS (ni même simplement à battre la droite).

La politique unitaire vis-à-vis de LO ne s’est pas poursuivie. Par contre, une certaine vision du champ politique à gauche du PS s’est de plus en plus clairement affirmée. Pour la direction de la LCR, tout se passe comme si l’ensemble des courants existant entre le PS et la LCR expriment, au mieux, un simple processus de décomposition politique sans avenir, au pire, un pont tendu vers le social-libéralisme. Il ne s’agit pas de nier la difficulté liée à l’absence de cristallisation nationale de courants significatifs, autonomes vis-à-vis du PS et/ou critiques vis à vis de la direction du PCF, mais la direction de la LCR a tendance à considérer tout processus allant dans ce sens comme un obstacle. Pour elle, au-delà des discours, tout se passe comme si la Ligue était la seule alternative politique au PS, capable de polariser directement autour d’elle les militants qui veulent s’engager dans la construction d’une nouvelle force politique.

C’est avec ce profil que la LCR s’engage dans la bataille contre le Traité constitutionnel, lors du référendum de mai 2005. Conformément à ses traditions (et contrairement à LO), elle est très active dans la campagne unitaire pour un « non de gauche ». Cela, naturellement, est important. Toutefois lorsque, au-delà de l’unité d’action réalisée sur le terrain, il s’agit de prendre la mesure des enjeux de la conjoncture ouverte par la victoire du non et les enjeux politiques ouvert pour la gauche radicale, alors des problèmes apparaissent à nouveau.

Le regroupement des partisans d’un « non de gauche au TCE avait certes un aspect hétérogène : un courant de « gauche » du PS (PRS, dirigé par Jean-Luc Mélanchon), la gauche des Verts, le PCF, la LCR, des courants et des personnalités à gauche du PCF, ATTAC, une personnalité comme José Bové, emblématique de l’altermondialisme...Mais il apparaissait comme l’expression d’une gauche radicale, se démarquant nettement du social-libéralisme du PS. C’est pourquoi s’y est reconnue une part très importante des militants critiques (syndicalistes, associatifs, altermondialistes..) qui avaient été des « animateurs » des mobilisations passées. Il en est résulté une innovation importante, un réseau de plusieurs centaines de comités unitaires, forts de dizaines de milliers de participants (dont une part importante sans affiliation partidaire) et couvrant une large partie du territoire national. Ce réseau a permis, pour la première fois sans doute depuis les années 1970, de dépasser la fragmentation entre courants opposés et de poser concrètement la question d’une recomposition politique en rupture avec le social-libéralisme.

Naturellement, il fallait un contenu à cette unité et un projet qui permette de structurer politiquement ce début de recomposition sur le terrain militant. La question essentielle était celle de l’indépendance vis-à-vis du PS : l’affirmation selon laquelle le candidat unitaire et les forces le soutenant ne participeraient pas ni à un gouvernement, ni à une majorité parlementaire avec le PS. Cette exigence était défendue (il faut le souligner) par tous les courants de la Ligue. Et dès septembre 2006, les collectifs (inclus le PCF) adoptèrent un premier texte allant clairement dans ce sens.

Il était possible d’améliorer ce texte. Surtout si la direction de la Ligue avait explicitement dit qu’elle serait d’accord pour un candidat unitaire si cette condition était remplie. Mais elle ne procéda jamais ainsi, multipliant les surenchères et refusant obstinément de prendre la mesure de l’acquis que constituait l’existence du réseau de comités unitaires. Faisant comme si les positions politiques prises par les comités n’existaient pas, s’abstenant de la bataille qui s’y est menée, elle a centré ses critiques sur l’orientation politique de la direction du PCF qui, effectivement, poussait dans le sens du maintien d’un accord possible avec le PS. Tout en ayant comme objectif ( non déclaré ) de présenter Marie-Georges Buffet comme candidat unitaire de la gauche antilibérale.

Une candidature unitaire était possible

La politique de la direction de la LCR laissa alors de grandes marges de manœuvre à celle de la direction du PCF, surtout après l’annonce officielle de la candidature d’Olivier Besancenot (juin 2006), qui s’est traduite par le retrait de facto du processus des candidatures unitaires. La Ligue se trouva dans l’incapacité de peser dans la crise du PCF qui devenait de plus en plus ouverte, touchant même sa direction nationale et de nombreux élus, qui se sont déclarés pour une candidature unitaire et non pour celle de M.G Buffet[4]. Il était illusoire de croire que le PCF dans son ensemble allait se rallier à une candidature unitaire sur la base d’une claire indépendance vis-à-vis du PS. Par contre, il est apparu qu’une telle candidature était possible sur la base d’une crise ouverte du PCF, en regroupant une partie très importante de ses militants (et une partie de sa direction et de ses élus) et l’ensemble des autres composantes du mouvement ; à l’exception possible du courant « gauche » du PS, même si une telle candidature aurait un impact sur des militants socialistes. Compte tenu de sa place, la LCR avait ici un rôle clé à jouer. Notamment, au plan politique car il est évident que sa présence active au sein de ce mouvement unitaire était une garantie de son profil et de sa dynamique politique. Il n’en a rien été.

Reste à expliquer les raisons de cette orientation politique. Au-delà des jeux d’alliance entre divers courants internes de la LCR, deux questions décisives apparaissent. La première tient à l’analyse d’ensemble de la conjoncture et de la place de l’élection présidentielle. Manifestement, la direction de la LCR n’a pas compris les enjeux politiques qui s’y cristallisaient du point de vue de la condensation des rapports de forces entre les classes et, en conséquences, les enjeux que représentait une candidature unitaire de la gauche radicale. Et c’est d’ailleurs une constante de la LCR durant le cycle passé de sous-estimer les moments politiques de cristallisation des luttes des classes, au profit d’une approche essentiellement « sociale », « mouvementiste », (qui n’en en rien contradictoire à un propagandisme politique abstrait) de ces luttes. Cette sous-estimation de la dimension politique était étroitement liée à une compréhension « statique » de la conjoncture récente, qui en sous-estimait les éléments de crise et d’instabilité. Cette vision « pessimiste » paraît aujourd’hui confortée par la victoire de Sarkozy (qui, comme nous l’avons suggéré auparavant, a su trancher à vif, et à droite, dans la crise), mais c’est au prix d’un véritable refoulement des potentialités de la période écoulée et des responsabilités de la gauche radicale dans une issue qui était, à notre sens, tout sauf inéluctable.

Les élections présidentielles ont ainsi été prises dans une vision « routinière », dont la fonction principale était est de faire apparaître la LCR dans le champ politique, en s’appuyant sur la personnalité d’Olivier Besancenot et en gérant au mieux son capital électoral. Au demeurant, il est à présent clair que, dès le début, une partie non négligeable de la direction pensait qu’il fallait annoncer tout de suite sa candidature (mais cela aurait été minoritaire dans la LCR). Et cela – c’est la seconde question décisive - parce que, fondamentalement, sa direction estime que la LCR est la seule alternative politique à gauche du PS.

C’est pourquoi, d’ailleurs, dans la campagne pour les législatives, qui suivent la présidentielle et où la gauche radicale, sauf quelques exceptions, se présente de façon totalement éclatée, le LCR s’auto-affirme, face au PS, comme la représentante da la « gauche de combat ». Et, outre l’appel à la mobilisation et l’unité qu’elle propose à l’ensemble de la gauche des syndicats contre les futurs mauvais coups de Sarkozy, elle s’adresse aux jeunes étudiants et travailleurs qui ont voté pour Olivier Besancenot afin de construire une nouvelle force anticapitaliste, dont elle serait le creuset. Cela au moment où le PS annonce qu’il va s’engager dans une refondation, en s’ouvrant vers le centre, renforçant ainsi le besoin d’une alternative de la gauche radicale qui, à moins d’avoir une vision déformée de la réalité, ne peut se cristalliser autour de la seule LCR... Mais ici commence une autre histoire et d’autres débats...

Le 1 juin 2007

[1] Lors du référendum interne de novembre 2004, 42% des membres du PS s’étaient prononcés contre le TCE.
[2] Ancien dirigeant de la Confédération paysanne et leader altermondialiste très médiatisé en France, José Bové était le candidat de militants des comités pour une candidature antilibérale unitaire qui ne se reconnaissait pas dans la canditature d’O. Besancenot et de M.G Buffet.
[3] Antoine Artous « Un décalage avec le mouvement réel », Critique communiste n° 173, été 2004 ; Stathis Kouvélakis « Un nouveau cycle politique », ContreTemps n°11, septembre 2004.
[4] Fin 2007, M.G. Buffet s’autoproclame candidate unitaire de la gauche antilibérale, des courants critiques du PCF et certains élus iront alors jusqu’au soutien de la candidature de José Bové, déclaré très peu de temps avec l’élection.

Un autre texte intéressant, de Michel Husson, pour la revue brésilienne Brasil do Fato

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04 juin 2007

 

Olivier Besancenot appelle à la création d’un grand parti de la gauche.

Dépêche AP 03.06.2007 15:56.

Olivier Besancenot a souhaité dimanche que des discussions s’engagent sur la création d’un grand parti de la gauche anti-libérale. "Je ne veux pas faire un parti tout seul", a-t-il dit. "Mais, je crois qu’il y a dans l’actualité" un besoin de créer un grand parti "sans succomber à l’urgence".
"Même s’il y a une urgence sociale et démocratique pour le faire, il faut prendre le temps de discuter de la nécessité de faire un nouveau parti, dans l’espace qui a été laissé vacant à la gauche de l’ex-gauche plurielle", a souligné le porte-parole de la LCR, invité de "Dimanche+" sur Canal+.
"Il y a des tas de militants, de syndicalistes qui ne sont pas forcément révolutionnaires et qui sont même parfois inorganisés (...) et qui se sentent orphelins d’un nouveau parti qui serait anti-capitaliste, indépendant du système institutionnel actuel et qui voudrait encore changer la société", a jugé Olivier Besancenot.
Il a analysé que "dans les prochains mois" il y aura "deux types de recomposition à gauche". D’un part "le Parti socialiste qui va vouloir faire un peu sur le modèle italien un grand parti de la gauche avec ces anciens partenaires gouvernementaux, les Verts et le Parti communiste, tout en tendant la main à François Bayrou".
"Et puis, il y a la nécessité de faire une autre composition politique, ça ne se fera pas d’un claquement de doigts. Je ne le ferai pas tout seul et ce que je souhaite dans les mois à venir, dans les résistances qui seront nécessaires face à Nicolas Sarkozy, c’est de retrouver tous ces anonymes (...) pour savoir si oui ou non", ils "souhaitent faire ce type de parti", a expliqué Olivier Besancenot.
Interrogé sur les querelles au sein du PS, il a estimé que ce parti "a l’air très tiraillé par ses dissensions internes, pensant beaucoup à 2012". "Moi, la seule chose que j’attends du PS, c’est que l’on se retrouve uni, soudé maintenant pour résister face à la droite", a conclu Olivier Besancenot. AP


Très bien, mais il va falloir que la Ligue fasse preuve d'énormément de qualités auxquelles sa majorité ne nous a pas habitués pour nous convaincre. Besancenot peut-il convaincre tous ses propres militants de la nécessité de construire un tel parti ? La LCR a-t-elle abandonné la distinction ultra-simpliste entre 'antilibéraux' et 'anticapitalistes' que certaines de ses tendances essaient d'entretenir ? Saura-t-elle résister à la tentation de définir elle-même les limites d'un tel regroupement, de choisir entre les 'bons' et les 'mauvais' antilibéraux ?

"Il n'y a pas urgence", dit Besancenot. S'il veut dire que l'urgence est derrière nous, dans la période suivant la victoire au referendum de 2005 jusqu'à l'échec des candidatures unitaires en décembre 2006, on peut être d'accord. Malheureusement, c'est alors que sa direction, suivie par une majorité de ses militants, a fait preuve d'un manque incroyable de perspicacité - ou bien a consciemment torpillé le processus afin d'en tirer un avantage partisan.

La LCR a-t-elle donc décidé de faire l'auto-critique de son propre rôle dans l'échec des candidatures unitaires qu'une minorité importante de ses militants demande depuis des mois ? Malheureusement, à l'aveu même des minoritaires, "les lignes internes n'ont pas bougé".

Tout ceci pour dire que la route de l'unité sera longue et que la LCR n'est pas forcément la mieux armée pour en être le moteur. Tout le problème réside dans le fait que, contrairement à ce que semble penser des théoriciens des "nouvelles formes d'organisation" comme Raoul-Marc Jennar, celle-ci ne pourra pas se faire sans l'apport crucial des organisations et des militants révolutionnaires réellement existants.

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03 juin 2007

 

Anti-G8 Rostock, 2 juin 2007

Manifestation géante à Rostock en Allemagne contre la réunion du G8.

Le reportage sur France 2 hier soir était un cas d'école. On a eu droit à toute une série d'images des heurts violents entre une minorité de manifestants cagoulés et habillés en noir et la police, jets de pierre et voitures brûlées et tout, suivie par une très briève mention, pratiquement sans images, qu'il y avait eu aussi une manifestation pacifique. L'impression générale était évidemment que les opposants au G8 sont des gens violents.

On peut se demander si ce type de journalisme très bas de gamme - sur la chaîne publique en plus - est le fruit d'une politique délibérée de contre-information, ou si c'est parce que les journalistes n'ont tout simplement pas la moindre idée critique dans la tête. Est-ce un problème de formation ? J'ai du mal à croire que des gens qui ont au moins le Bac + 5 sont nuls à ce point.

Lire ce témoignage (en anglais) sur le site de Globalise Resistance : Huge demo, media concentrate on scuffles.

NOUVEAU : Cet article par Chris Nineham de retour de Rostock (en anglais)

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