30 octobre 2007

 

90 ème anniversaire de la Révolution russe de 1917



Affiches révolutionnaires



Dans Socialist Worker (G-B) cette semaine, un dossier spécial pour nous rappeler ce qu'était la révolution russe d'octobre 1917 - et pourquoi elle peut toujours nous inspirer (en anglais).

Lénine : guide à l'usage des nouveaux rebelles, de Ian Birchall. Une excellente introduction à la politique de celui qui fut le symbôle - avec Trotski - de la révolution russe :

Bien des choses se sont passées depuis 1917, et Lénine rappelait toujours de penser par soi-même. Mais trois thématiques de base qui traversent les écrits de Lénine demeurent vitales de nos jours.

Indépendance de la classe ouvrière. Le monde d’aujourd’hui est toujours basé sur l’exploitation, et ce sont seulement ceux qui sont exploités sur lesquels on peut compter pour se mettre debout et se battre pour le changer. Nous n’avons pas l'illusion de penser que Ségolène Royal ou Gordon Brown pourraient accomplir de réels changements. La classe ouvrière a besoin de ses propres politiques et de sa propre organisation.

Nous ne pouvons nous emparer des institutions de l’Etat, que ce soit le parlement ou les conseils locaux (même si nous pouvons les utiliser comme plate-forme). La guerre contre le terrorisme, avec son utilisation de la force armée à l’étranger et ses attaques contre les libertés civiles à l’intérieur, montre plus clairement que jamais que la machine d’Etat est une arme dirigée contre les travailleurs. Elle doit être détruite et remplacée.

Ceux d’en face ont d’énormes ressources et sont extrêmement bien organisés. Nous avons besoin d’être organisés aussi. Nous avons besoin d’une organisation centralisée, parce que nous sommes confrontés à un ennemi hautement centralisé. Mais elle doit également être démocratique, s’inspirant des expériences de ceux qui luttent. Les formes détaillées de l’organisation doivent être constamment révisées au regard des tâches courantes. Mais la nécessité fondamentale d’une organisation révolutionnaire est aussi urgente aujourd’hui qu’en 1902.



Lénine en bougie

1917 - 2007 : Défense critique de la révolution russe, sur le site de la LCR Belgique

Le journal de la LCR française, Rouge, consacre un court article de Charles Paz à ce sujet : Une profonde révolution sociale dans sa rubrique 'Controverse/Rétroviseur' (sic).

Dans le même journal, en 2005, Michel Lequenne nous rappellait les leçons essentielles de la révolution russe et le sens du terme "dictature du prolétariat" : Affolements des boussoles

Tout se passe comme si le trotskisme sortait groggy sous les coups de l’adversaire. Certes, on pare le direct du droit : on refuse l’assimilation du communisme bolchevik avec le stalinisme, mais... en rendant des points à l’adversaire : le bolchevisme a eu des tares qui ont servi le développement du stalinisme. Donc ! nous répond-t-on, il y a bien une continuité ! Nos boussoles s’affolent.

On a vu, sur ce thème, le représentant de la LCR incapable de la boucler aux insolents petits analphabètes dorés (des deux sexes) d’un débat de leur primus Fogiel ! Bizarrement, que le trotskisme soit né de la lutte contre la bureaucratisation de l’État soviétique et du Parti bolchevik, alors que nos politiciens de droite et de gauche ne voyaient trop rien à dire des procès de Moscou de M. Staline ne fut pas rappelé à ce petit monde. /.../

À l’analyse, il est clair que le maintien de la théorie de l’« État ouvrier dégénéré » a contribué à voiler le point de renversement de la révolution en contre-révolution.


Lire la révolution russe, un article paru dans la revue Socialisme International.

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Luttes sociales, alternatives politiques de 1995 à 2007


Un article de Dominique Mezzi du courant minoritaire de la LCR.

/.../ La question d’une nouvelle donne, d’un parti politique de combat à gauche, au sens profond du terme « parti », combinant l’action efficace et la synthèse d’éléments programmatiques, est posée face au sarkozysme. /.../ Un tel parti ne sortira pas tout armé de la cuisse d’un Jupiter anticapitaliste, il ne sera pas non plus un collier de perles réunissant les « anonymes » qui ont voté Olivier Besancenot.

La LCR est un parti plongé dans les luttes : c’est une partie de son histoire et de son identité. Mais cela ne suffit pas, comme parti politique. Elle (re)commence à exprimer aujourd’hui une idée fustigée il y a très peu de temps encore lorsque la minorité unitaire la défendait : que les luttes ont besoin d’une alternative politique, particulièrement aujourd’hui.

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29 octobre 2007

 

APPEL AUX ASSISES NATIONALES

Coordination nationale des collectifs unitaires antilibéraux

Six mois après l’élection de Nicolas Sarkozy, comme on pouvait s’y attendre, la société française est confrontée à une offensive libérale et réactionnaire d’une extrême violence : de la xénophobie d’état à la mise en pièces du modèle social français en passant par l’imposition antidémocratique de la nouvelle mouture de la constitution européenne, il n’est pas un domaine de notre vie collective qui échappe à cette offensive générale et d’une ampleur inégalée.

Mais, comme on pouvait également s’y attendre, cette offensive se heurte déjà à des résistances qui ne sont pas seulement symboliques. Les mouvements sociaux commencent à relever la tête. Le 18 octobre a permis une première convergence des combats contre la régression sociale. Les mobilisations en solidarité avec les sans-papiers et pour les droits des migrants se renouvellent et se renforcent. Une riposte unitaire au traité européen « modifié » se dessine. La vitalité et la force des aspirations écologiques qui se sont affirmées à l’occasion du Grenelle de l’environnement les rendent de plus en plus incontournables. Le refus du libéralisme reste profond dans la société française et le sarkozysme est loin d’avoir partie gagnée.

Dans cette situation, le spectacle que nous offre la gauche est plus désolant que jamais. Dérive droitière accentuée du Parti Socialiste dont on ne compte plus les transfuges, actuels ou en devenir, vers la droite. Division mortifère maintenue à sa gauche. Nous continuons à payer lourdement le prix de l’échec du rassemblement des antilibéraux de gauche autour d’une candidature unitaire à l’élection présidentielle.

Ce rassemblement pourtant est encore plus nécessaire aujourd’hui. Tant pour résister au quotidien que pour préparer la véritable alternative de gauche dont notre pays a besoin. De la gauche du PS à l’extrême-gauche, des communistes aux Verts qui n’ont pas renoncé à la transformation sociale, en passant par les milliers de militants syndicaux, associatifs et de citoyens engagés au quotidien dans la résistance à la contre-révolution libérale, le potentiel de ce rassemblement reste le même. Nous appelons de nos vœux la tenue, le plus rapidement possible, d’Etats Généraux regroupant toutes ces forces.

Les collectifs unitaires antilibéraux, dans le prolongement des collectifs du 29 mai et du processus unitaire de 2006, poursuivent ce combat avec obstination et détermination. Pas simplement en paroles, mais en commençant à construire concrètement ce rassemblement partout où cela est possible. Riches de leur diversité et de leur pluralisme, ils sont ouverts à tous ceux qui souhaitent y travailler ensemble. Les Assises Nationales qu’ils organisent les 1 et 2 décembre prochain seront une étape importante dans la voie de leur relance et de leur affirmation comme acteur irremplaçable du rassemblement à venir.

La coordination nationale des collectifs, réunie les 27 et 28 octobre à St Denis, appelle tous les collectifs maintenus, tous ceux qui ont participé aux collectifs du 29 mai, aux CUAL de 2006 ou aux comités « Bové », tous les groupes locaux de la gauche antilibérale, alternative, écologique, antiraciste et féministe, à faire de ces Assises Nationales les Assises de tous ceux qui entendent combattre le libéralisme dans une perspective de transformation radicale de la société. Elle les appelle à tenir partout des rencontres préparatoires et à se donner les moyens de participer nombreux à ce rendez-vous essentiel.

Saint Denis, le 28 octobre 2007.

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28 octobre 2007

 

Many enemies, much honour The founding of The Left Party in Germany


Dans cet article traduit en anglais de l'allemand pour la revue britannique Radical Philosophy, Albrecht von Lucke décrit les ondes de choc créés par l'émergence du nouveau parti de la gauche radicale, Die Linke. Une excellente analyse, mais qui esquive la question de l'éventuelle participation de Die Linke dans des coalitions locales ou nationales avec les socialistes du SPD et les Verts.

Ce numéro de Novembre-Décembre de Radical Philosophy contient plusieurs articles pouvant intéresser nos lecteurs français. Pour s'abonner ...

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27 octobre 2007

 

De résistances en mobilisations, les luttes s'amplifient

Des nouvelles de la gauche alternative, sur le site Gauche Alternative 2007

Sur le site communistesunitaires.net, Emmanuel Chanial écrit À propos du nouveau parti anti-capitaliste que veut lancer la LCR.

Voici un extrait de son texte:

Si on veut garantir un minimum de succès à cette entreprise de nouveau parti, ne pas donner le sentiment de rassembler autour de soi et risquer de se couper de bon nombre de militant-es déjà largement sensibilisé-es, il semble raisonnable de n’exclure personne a priori au sein du mouvement ouvrier, du moment que la volonté est là de remettre en cause en profondeur la société dans laquelle nous vivons, au sein du mouvement social, et dans lesdites sensibilités politiques. Il ne peut s’agir, en dernière analyse, d’opposer la reconstruction par le bas à la recomposition par le haut, les deux vont de pair, à moins de vouloir se compter…

Enfin, rien n’est dit pour le moment du projet politique : ce nouveau parti épousera-t-il les contours programmatiques et stratégiques de l’organisation actuelle, auquel cas il y a fort à parier qu’il ne sera qu’une LCR bis ? (Vu l’acharnement mis à cliver de bon nombre d’orateur-rices du débat de l’université d’été, on peut nourrir quelques doutes sur la volonté d’ouverture qu’il faudra pourtant bien mettre en œuvre pour dépasser réellement l’actuelle organisation, faute de quoi l’élargissement se limitera à des sympathisant-es déjà quasi-acquis-es et se réduira à la portion congrue…). Ou alors, la LCR sera-t-elle un courant (révolutionnaire ?) de ce nouveau parti ? Pour l’heure, ces interrogations demeurent.


Et encore un autre texte, avec un peu de retard, cette fois-ci de mon député, Patrick Braouzec, qui plaide, dans une tribune publiée dans Le Monde du 145 octobre 2007, pour une véritable coordination structurée de la gauche radicale :
/.../ Alors, que faire ? Attendre ces grandes messes ? S’échiner chacun dans son coin ou se bouger ensemble ? Et si, pour une fois, nous choisissions la deuxième solution ? Et si nous mettions de côté les problématiques de chapelle, et que nous travaillions à l’unité des petits conglomérats qui prônent la transformation sociale ?

Et si la somme des micro-planètes de la galaxie gauche de gauche s’évertuait à la mise en commun, non pas pour collationner un catalogue, mais pour valider des contenus sur les enjeux sociaux, économiques, écologiques et sociétaux ?

Et si, cette fois, pour parvenir à cette mise en commun des contenus nous mettions la charrue avant les boeufs en menant ce travail à partir d’une organisation structurée et revendiquée comme telle, ce que, pour des raisons diverses, nous avons toujours refusé de faire ? Et si nous osions, enfin, créer une coordination, un réseau ayant pignon sur rue, statuts et porte- parole, qui permettrait aux citoyens sans carte comme aux militants encartés mais désireux de réfléchir pour agir, de pouvoir le faire au grand jour ?

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23 octobre 2007

 

Quand la gauche belge débat le foulard ...



Nadine Rosa-Rosso : "Peut-on libérer les gens malgré eux ?"

Et si le foulard pouvait libérer ?

A propos de la pétition sur la « place des convictions philosophiques à l’école »

Je ne signe pas la pétition intitulée « La place des convictions philosophiques à l’école ». Malgré toutes ses précautions oratoires, elle vise uniquement le port du foulard par les jeunes filles musulmanes et certaines conceptions attribuées à la seule religion musulmane. Existe-t-il un autre « signe ostensible d’appartenance philosophique ou religieuse » qui fasse débat dans la Belgique d’aujourd’hui ?

Mais pour éviter le mot fatidique, la pétition s’est un peu égarée.

La loi française du 15 mars 2004 sur le sujet se limitait à ceci : « Dans les écoles, les collèges et les lycées publics, le port de signes ou tenues par lesquels les élèves manifestent ostensiblement une appartenance religieuse est interdit ». Or la pétition belge va beaucoup plus loin. Elle concerne non seulement les conceptions religieuses, mais aussi philosophiques. Elle concerne non seulement les écoles publiques, mais aussi les écoles subventionnées par l’Etat.

Rallumer la guerre scolaire ?

Une telle loi entraînera un grand nettoyage de toutes les écoles catholiques subsidiées par l’Etat : plus de crucifix, plus de références affichées à telle déclaration du pape. Comment pourrait-on interdire aux élèves et aux enseignants d’afficher des signes religieux, tout en tolérant qu’ils garnissent les murs de l’institution ? Autrement dit, la pétition rallume la guerre scolaire. C’est d’ailleurs ainsi que le président du Conseil interdiocésain des laïcs, Paul Löwenthal, l’a compris. Il déclare dans une Carte blanche du Soir du 18 juin 2007 : « Loin de donner leur place aux religions, elle (la pétition) demande de les en exclure. Et elle met en cause l’existence même des écoles confessionnelles ». Son interprétation est parfaitement légitime.

Il faudra que la loi revendiquée précise ce qu’elle entend par « signe ostensible d’appartenance philosophique ou religieuse ». Une barbe naissante sur le menton des jeunes garçons ? Un crâne rasé ou une coiffure rasta ? L’étoile de David en pendentif ? L’imagination des jeunes pour exprimer leurs convictions est sans limite. Et c’est tant mieux. Plutôt que d’interdire les signes des convictions philosophiques ou religieuses, ne faudrait-il pas encourager les jeunes à exprimer la diversité de leurs convictions comme de leurs doutes ? N’est-ce pas ainsi qu’il faut interpréter l’article 24 de notre constitution : « La communauté organise un enseignement qui est neutre. La neutralité implique notamment le respect des conceptions philosophiques, idéologiques ou religieuses des parents et des élèves » ? La neutralité ne se réalise pas par des interdits mais par la diversité des convictions et le respect des individus.

Fini de contester !

La pétition met en cause la « contestation des contenus mêmes des cours ». Ce genre de formulation est dangereux. D’une part il y a le programme des cours, d’autre part il y a le débat nécessaire avec les jeunes sur ce qu’ils pensent du contenu des leçons données. Il faut encourager les jeunes à exprimer leurs divergences sur le contenu, sinon ils remettront en question leur participation aux cours, ce que nous ne voulons pas.

Les enseignants sont débordés par la situation dans les écoles, c’est vrai. L’avenir que notre société réserve à nos enfants est le principal problème à résoudre et les enseignants le savent très bien. Ajouter une série d’interdits dans une telle pétaudière ne résoudra rien au problème, il ne fera que l’aggraver. Il serait bien plus utile de revendiquer plus d’enseignants, plus d’éducateurs, plus de temps pour la réflexion et l’échange pédagogiques notamment.

La pétition invite les jeunes à « l’intériorisation de leurs convictions philosophiques ». Les jeunes ont donc « droit à des convictions », mais ils sont priés de les intérioriser. Si le droit d’avoir des convictions n’est pas lié au droit de les extérioriser, c’est un droit creux. Cet interdit supplémentaire ne fera que creuser le fossé entre professeurs et élèves. Un exemple. Selon la pétition, la mixité sociale est une « valeur fondatrice de notre société ». Va-t-on interdire aux élèves de contester ce point de vue ? Si « mixité sociale » signifie que les riches se mélangent avec les pauvres, où cette « valeur » est-elle appliquée ? Dans l’enseignement, les quartiers ou les entreprises, sur les espaces commerciaux ou de loisirs ? Comme enseignant(e), allez dire aux quelque 60.000 jeunes qui fréquentent l’enseignement professionnel : « Notre société est fondée sur la mixité sociale ; vous êtes priés de ne pas contester cette idée, mais comme nous sommes tolérants, vous avez le droit de penser, mais seulement de penser, qu’il n’y a pas une fille ou fils de bourgeois dans votre classe ». Il n’y a pas plus d’arguments scientifiques pour prouver que la mixité sociale a fondé notre société que pour affirmer que Dieu l’a créée. Cessons donc de présenter notre société comme idyllique et nous-mêmes comme les plus malins, alors que nous sommes tout simplement en train de liquider des droits élémentaires. Ne confondons pas droits et valeurs

Des féministes s’en prennent au foulard au nom de la libération de la femme. Mais peut-on libérer les gens malgré eux et, de plus, en leur retirant un droit ? Pour un(e) démocrate, le droit de porter le foulard va évidemment de pair avec le droit de ne pas le porter. Accorder un droit ne signifie nullement qu’on milite pour l’exercice de ce droit. Réclamer le droit au divorce ou à l’interruption de grossesse ne signifie nullement la propagande en faveur du divorce ou de l’avortement. La société définit des droits pour la vie en collectivité et les individus exercent ces droits selon leurs valeurs propres. La dérive sur les valeurs, que nos sociétés redécouvrent soudainement quand il s’agit de l’immigration, a conduit la France de Sarkozy à se doter d’un ministère de « l’identité nationale et de l’immigration ». Aux Pays-Bas, elle a conduit un parti de gauche comme le SP à redécouvrir les bienfaits de la monarchie et la mission civilisatrice des colonies. Des athées mènent le combat contre le foulard au nom de la lutte contre la religion. Mais on ne fait pas reculer la religiosité des gens en leur interdisant de manifester leur culte. Je crains qu’on obtiendra ainsi le résultat contraire et c’est compréhensible.

L’enjeu politique : l’exemple français

En France, c’est le journal d’extrême droite Minute qui a lancé la première attaque contre le foulard en diffusant, en 1983, l’image d’une Marianne voilée. C’est un maire de droite (RPR) qui a choisi l’affrontement avec trois jeunes filles, à Creil, le 4 octobre 1989. Le résultat direct est que le nombre de jeunes filles voilées a augmenté très rapidement. Parlant de la loi du 15 mars 2004, l’historien Gérard Noiriel note : « Le succès a été total puisque le texte présenté par la droite a été voté par la gauche et qu’en plus cette affaire a provoqué de très fortes divisions en son sein » |1|.

Noiriel souligne que les jeunes filles incriminées appartenaient aux classes dominées. L’appartenance sociale des jeunes filles portant le foulard n’a jamais été prise en compte pas plus que la différence de la situation de la femme dans un pays islamique ou dans un pays comme la France.

L’exemple français mérite d’être médité. D’une caricature d’extrême droite à une loi votée par toute la classe politique, il n’a fallu que vingt ans pour opérer un « tournant dans l’histoire des discours sur l’immigration[[idem, p. 639] ] ». Et ce n’est malheureusement pas le seul thème où les conceptions les plus à droite ont gagné presque toute la classe politique. Et si la foi soulevait des montagnes ?

Au moment où j’achevais ce texte, la RTBf programmait un reportage sur le foulard. Un groupe de jeunes filles portant le foulard entament leurs études de médecine à l’Université Libre de Bruxelles. Leur seule présence dans cette faculté réfute les préjugés véhiculés par la pétition. Ces jeunes filles contribuent à la mixité sociale de l’université. Quarante ans après mai 68, les enfants des couches populaires y sont toujours une minorité. Pour y arriver, ils doivent vaincre bien plus d’obstacles que les autres enfants. Elles contribuent aussi à la mixité des genres. Elles prouvent ainsi que la religion musulmane ne constitue pas en soi un handicap à l’accession des jeunes filles aux études supérieures. Leur foi ne les empêche pas d’étudier la biologie et de combiner la croyance en un créateur et l’étude des méthodes scientifiques.

Le libre examen devrait reconnaître à ces jeunes filles leur droit inconditionnel à poursuivre leurs études. Mais non, il leur est ordonné de renoncer au foulard avant d’entrer dans un laboratoire. Rebelles, elles sont convoquées chez un haut responsable de la faculté. Et quel argument rationnel donne le représentant officiel du libre examen et de la méthode scientifique ? « Ici, nous ne sommes pas au Club Med ». Fin de citation. Depuis la maternelle jusqu’à l’université, je n’ai fréquenté que les bonnes écoles de la Ville de Bruxelles et le temple du libre-examen. Je n’ai jamais été croyante mais j’ai toujours eu la faiblesse de croire en la bonté du genre humain. Face à ces jeunes filles, nous les athées libre-exaministes, sommes-nous incapables d’émettre une hypothèse inverse à celle de la pétition ? A savoir que c’est peut-être la foi qui a aidé ces jeunes filles à vaincre tous les obstacles sur le chemin de leur émancipation ? Et si cette foi-là implique le port du foulard, en quoi cela nous regarde-t-il ?

|1| Ce bref historique est tiré du livre de Gérard Noiriel, Immigration, antisémitisme et racisme en France (XIXème-XXème siècle), Discours publics, humiliations privées, Fayard, 2007, pp 634 et suivantes


NOTE Une excellente réponse à une pétition réclamant l'interdiction des signes religieux en Belgique. Il semblerait qu'une partie de la gauche belge veut répéter les mêmes erreurs que la gauche française.

Disons-le une nième fois, vouloir interdire les signes religieux à l'école ou restreindre les droits des femmes musulmanes (il n'y a que les femmes qui sont touchées par de tels interdits), c'est une capitulation pure et simple à l'islamophobie.

Lire cet article paru dans la revue Socio-anthropologie, n° 17/18 (2006) ayant comme thème central, Religions et modernités, La modernité de Dieu : Regard sur des musulmanes d’Europe libres et voilées, de Nadine Weibel

/.../ cette tenue contemporaine n’a rien à voir avec un voilement traditionnel et s’en démarque radicalement. Il s’agit d’un vêtement résolument urbain, donc moderne, puisque de tous temps, sous toutes les latitudes, les villes ont symbolisé la modernité. C’est dans les villes que naissent les modes rapidement copiées par les régions rurales. Le hijâb est donc apparu aux alentours de 1970 dans les universités du Machrek avant de rejoindre celles du Maghreb. Dès les années 1980, il fait partie du paysage urbain européen avant de s’étendre à l’ensemble des pays musulmans sur les cinq continents. Il s’agit bien là d’un phénomène issu de la modernité où la notion culturelle est balayée au profit de celle de l’appartenance au groupe de croyance. Aujourd’hui il apparaît comme une étape inéluctable dans l’existence de ces croyantes et il est associé à l’islam du xxie siècle.

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22 octobre 2007

 

Progression de l'extrême droite en Suisse ...

... déroute du Parti socialiste, avancée des Verts (20 sièges, 9,3% des voix)

En attendant des analyses plus fines, voici comment Le Temps rapporte les résultants des élections fédérales helvétiques.

Et dans La Tribune de Génève :
Triomphante en Suisse, l'UDC devient n°1 à Genève
L'«effet Blocher» a joué à plein à Genève: pour la première fois, l'UDC [parti raciste d'extrême droite] dépasse le Parti socialiste. Les Verts gagnent un siège au National, au détriment d'A gauche toute!, victime de ses divisions. La gauche remporte les deux sièges au Conseil des Etats, où un Vert entre pour la première fois.


Recul également de la coalition de la gauche radicale, A gauche toute!, qui perd son seul siège au parlement fédéral, "victime de ses divisions" (La Tribune).

Victoiré electorale record pour la droite nationaliste suisse (AP)

Un article de Ian Hamel :

/.../ à côté des propositions de l’UDC, le programme du Front national pourrait presque apparaître modéré. Ainsi, l’Union démocratique du centre veut lancer un référendum pour faire interdire les minarets en Suisse. Le texte n’évoque même pas les autres religions, ne parle pas d’église orthodoxe ou de temple dédié à Bouddha. Non, il ne s’en prend qu’aux minarets. « Ils ne sont rien d’autre que le symbole de la conquête d’un pouvoir politico-religieux qui veut supplanter le droit étatique », martèle Ulrich Schlüer, député UDC, « ces constructions islamiques ont une vocation impérialiste ».

Autre projet de loi que Christoph Blocher et ses troupes souhaitent faire passer rapidement : l’expulsion de Suisse des familles d’immigrés dont un mineur de moins de 18 ans a été condamné pour un crime.


Commentaire de Jean-Michel Dolivo dans Rouge, 26/10/07

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21 octobre 2007

 

Pour en finir avec la théorie de l'"islamo-fascisme"

Le terme "islamo-fasciste" est devenu un lieu commun chez des intellectuels de droite et de gauche. Ceux qui l'utilisent ne s'intéressent pas en général aux phénomènes diverses qu'on regroupe sous l'étiquette de l'islam politique, et ne se soucient guère du contenu historique et politique du terme "fascisme".

Si son emploi n'a absolument aucune valeur scientifique, il une fonction politique claire. Il sert surtout à justifier des politiques réactionnaires aussi bien sur le plan international - que cela soit les guerres en Irak et en Afghanistan ou l'oppression du peuple palestinien par Israël - qu'en France.

Nous publions ici deux articles récents en anglais qui plaident pour une approche plus rigoureuse de la question.

Des arguments simples et clairs peuvent être trouvés dans cet article des camarades du Irish Socialist Network intitulé Putting 'islamo-fascism' to bed

Ce message posté par 'Lenin' sur le blog Lenin's Tomb est plus dense et contient de nombreux liens : A rational approach to political islam.

Un petit entretien de Tarik Ramadan sur le site de la Télévision Suisse Romande. Rien de très original. Il se classe à gauche, s'oppose bien sûr aux agissements de l'extrême droite raciste, défend l'égalité hommes-femmes en matière de salaires, dit un 'non' modéré à l'adoption d'enfants par des couples homosexuels. Mais cela permet de se faire une idée de cet homme - actuellement professeur à l'université d'Oxford - qui a été si souvent décrit comme un 'extrémiste' ou un 'islamiste'.

Les néo-libéraux islamophobes organisent dans la semaine du 22 octobre sur des campuses aux Etats-Unis une "semaine de sensibilisation à l'islamo-fascisme" (Islamo-fascism Awareness Week"). Lire cette réaction de Yaman Salahi ... et cet article dans Socialist Worker (Etats-Unis) de Nicole Colson, A campus crusade against Muslims. Le panel d'intervenants comprend des islamophoboes notoires, comme la journaliste Ann Coulter. Le Poireau Rouge ne peut cependant pas confirmer la rumeur que Philippe Val, Claude Imbert et André Glucksmann ont été invités.

NOUVEAU (dans Socialist Worker (Etats-Unis)) Des activistes américains perturbent la semaine de l'islamophobie ...

Un article de Georg Klauda (octobre 2007) : With islamophobia against homophobia ?

Islamophobia has, at least in this country [GERMANY], its relevance not as a mass phenomenon, but as an elite discourse, which, shared by considerable numbers of leftist, liberal, and conservative intelligentsia, makes possible the articulation of resentments against immigrants and anti-racists in a form which allows one to appear as a shining champion of the European enlightenment.

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19 octobre 2007

 

Excellent éditorial de Denis Sieffert dans Politis !

/.../ voilà bien la difficulté pour les syndicats, et pour les manifestants de ce jeudi en général. Ils n’ont pas seulement à se défendre contre les mauvais coups qui leur sont promis. Ils ont aussi à mener une bataille idéologique à laquelle la gauche a renoncé. Les syndicats n’ont pas seulement à faire leur boulot mais aussi celui des politiques qui ont cédé sur toutes les positions traditionnelles de la gauche. Il leur faut, dans l’action, revenir au fond du débat sur le partage des richesses et le temps de travail. Et répondre à ces chroniqueurs de télévision ou ces experts médiatiques qui, toute honte bue, donnent des leçons d’équité sociale alors qu’ils gagnent vingt fois ce que gagne un cheminot. À l’heure des stock-options, des délits d’initiés et des golden parachutes, c’est la retraite du conducteur de la RATP qui est montrée du doigt.

C’est tout cela que les grévistes de jeudi ont à expliquer à d’autres salariés, eux aussi sous pression. Plus que jamais, la mobilisation sociale est un combat politique. /.../

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Une affiche à coller sur tous nos blogs ...



Trois étudiants, militants de l'UNEF, sont ont été gentillement conduits au commissariat de La Rochelle. Leur crime ? Avoir collé cette excellente affiche. Notre petit Napoléon est-il si troublé par ses déboires domestiques et l'impertinence de ses sujets cheminots qu'il sent le besoin de réprimer tout comportement irrespectueux à son égard ? Si c'est le cas, je crains pour son équilibre mental.

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13 octobre 2007

 

Communisme en mouvement

Le dernier bulletin (n° 15) des Communistes unitaires

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12 octobre 2007

 

Pour comprendre la Belgique ...


Lire cet article de Chris de Hond paru dans Rouge n° 2 222 : Pour un fédéralisme social et solidaire.

Les nationalistes flamands sont à l’offensive pour accentuer la division de la Belgique, entre francophones et néerlandophones. Cette vision porte préjudice aux droits sociaux.
/.../ Contre cette évolution, des syndicalistes, des artistes, des journalistes, des gens issus du milieu associatif, des universitaires flamands, bruxellois et wallons ont lancé une pétition intitulée « Sauvons la solidarité ». Ils ne veulent pas « qu’on érige de nouveaux murs entre des gens, entre des régions et entre des pays ». Dans la pétition, qui approche les 100 000 signatures, on peut lire également : « Nous voulons un salaire convenable pour le même travail, indépendamment de la langue parlée. Nous voulons que quiconque perdant son boulot puisse avoir droit aux mêmes soutien et aide, indépendamment de la région où il habite. Nous voulons que chaque enfant ait les mêmes chances, indépendamment de la région de naissance. Nous voulons que toutes les personnes âgées conservent un droit identique à une pension décente, indépendamment du fait qu’elles vivent à Bruxelles, en Flandre ou en Wallonie. Bref, nous voulons la solidarité, pas la scission. »

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11 octobre 2007

 

Où va la gauche radicale ?

Par le Comité de rédaction de 'Socialisme International', 11 octobre 2007

La gauche vit une crise majeure, secouée par l’élection de Sarkozy. Autour des communistes unitaires, des collectifs antilibéraux et des collectifs Bové et dans le mouvement social au sens large, les débats fusent.

Le nombre de bilans produits et diffusés, avec l’aide de l’internet, est énorme. La confusion règne souvent, et l’écart entre les déclarations des directions des organisations pour « l’effet d’annonce » et la politique réelle des mêmes organisations rend la situation encore moins claire.

Toutes les grandes questions de stratégie politique sont posées en même temps.

Faut-il tenter de vivre différemment sous le capitalisme en le transformant doucement de l’intérieur ou, au contraire, changer les structures sociales de fond en comble en confrontant le problème du pouvoir économique et étatique ?

Comment militer dans une France gouvernée par la droite décomplexée ? Faut-il jouer un rôle institutionnel ou plutôt un rôle protestataire ? Animer les luttes ou réfléchir sur la nouvelle société à construire ?

Quel type d’organisation faut-il pour se battre efficacement contre la dictature du profit ? Le parti à construire doit-il conserver des références révolutionnaires et marxistes ou adopter des contours plus flous ou plus dans l’air du temps (« libertaro-guévariste », par exemple ?).

Le questionnement de certains va même au-delà de la question de comment construire la résistance au quotidien. La gauche n’a-t-elle pas subi une défaite historique rendant toute nouvelle avancée quasi-impossible ? Un fascisme ‘soft’ est-il en train de s’installer en France ?

Les militants doivent être suffisamment armés pour répondre à ce type d’arguments.

A la gauche radicale, l’échec de la candidature unitaire a laissé beaucoup d’amertume, envenimant les débats à l’intérieur, et entre les différentes organisations. A Socialisme International, nous avons soutenu la campagne de José Bové, parce qu’il nous semblait essentiel que la volonté d’unité soit présente sur les bulletins de vote.

La campagne Bové est loin d’avoir été parfaite, mais c’est la seule à avoir mobilisé autant de militants d’organisations diverses et de non-organisés dans les banlieues et les grandes villes comme dans les régions rurales. Les meetings ont été grands, chaleureux et intéressants. Nous assumons pleinement notre choix, qui n’était pas basé sur des calculs du type « qui fera plus de voix que qui ? » mais sur une logique politique – celle de la recherche de l’unité – et même sur une conception de l’éthique. En effet, fallait-il accepter sans broncher les manœuvres et la mauvaise foi des responsables du PCF et de la LCR ?

Mais après la victoire de Sarkozy nous nous trouvons face à de nouveaux défis. En même temps qu’une mobilisation déterminée contre les attaques de Sarkozy, il nous faut un nouveau parti pluraliste, à la hauteur de la colère qui s’est exprimée depuis quelques années contre le néolibéralisme. Cette organisation ne peut pas être constituée seulement par ceux qui pensent, comme nous, que le capitalisme doit être renversé et remplacé par le pouvoir organisé des salariés.

Nous défendons en même temps le besoin d’une voix révolutionnaire indépendante, qui participe aux multiples débats en apportant son expérience et ses idées, dans un esprit de discussion fraternelle. Les sujets ne manquent pas. Si quasiment personne ne défend aujourd’hui le bilan du capitalisme d’Etat en URSS, il n’y a aucun consensus sur quelle nouvelle société est possible. Existe-t-il un modèle pour les anticapitalistes ? Le Cuba du Che et de Fidel ? Le Venezuela de Chavez ? Et si ceux-ci ne conviennent pas, quel bilan devons-nous tirer de leurs actions ? Les mouvements les plus efficaces pour changer le quotidien des travailleurs et des opprimés ont souvent été animés par une vision commune d’un nouveau monde possible. Cette vision manque terriblement aujourd’hui.

C’est pour cela que nous voulons à la fois contribuer à mettre en place les conditions d’une nouvelle organisation de la gauche radicale, forte de dizaines de milliers de militants, et aussi participer pleinement aux débats refondateurs de l’anticapitalisme.

Cette nouvelle organisation ne viendra pas d’un seul des mouvements de la gauche radicale.

La Ligue communiste révolutionnaire, encouragée par sa bonne campagne du premier tour, n’a pas subi le même choc que la plupart des militants communistes ou unitaires. Mais il est peu probable que l’afflux de nouvelles recrues – inexpérimentées pour la plupart – change fondamentalement la donne.

Même sa direction le reconnaît officiellement : la LCR ne pourra pas à elle seule accroître son influence au point de ne pas avoir besoin de collaborer avec d’autres au sein d’un nouveau regroupement. N’en déplaise aux plus sectaires de ses membres, la question de la construction d’une telle alternative politique au Parti Socialiste devient plus aigüe que jamais. L’exemple de l’Allemagne, où il a été possible de fonder un nouveau parti de la gauche radicale, Die Linke, pousse à penser que c’est aussi possible en France.

Le succès au moins électoral – toutes proportions gardées – de la stratégie de la direction de la LCR place l’organisation devant un choix quasi-historique. Poursuivra-t-elle une politique basée sur la consolidation des acquis en termes d’adhérents, d’implantation syndicale, de ‘gestion’ du vote Besancenot ? Ou cherchera-t-elle par tous les moyens possibles de créer une nouvelle force, avec d’autres partenaires que les seuls « anonymes » dont parlent parfois ses porte-parole ? (Sommes-nous les seuls à trouver ce terme méprisant, non seulement pour ceux qui ont un nom et une histoire politique, mais surtout pour ceux qui adhèrent pour la première fois à une organisation et qui considèrent qu’ils ont autant à y contribuer qu’à apprendre ?)

La LCR doit jouer un rôle important dans le processus de recomposition. Mais elle aurait tort d’appeler seulement à un rassemblement autour d’elle, selon des échéances imposées par elle. La majorité des militants – sans parler de la masse des salariés et des opprimés – ignore quasiment tout des débats internes à la gauche radicale. Et quand ils les suivent, ils rejettent les prétentions de former l’ « avant-garde » ou le « noyau » d’un nouveau mouvement révolutionnaire. L’unité doit se construire patiemment au jour le jour et avec tous ceux, organisés ou pas, qui peuvent se mettre d’accord sur un programme minimum de revendications, un type ouvert d’organisation et un fonctionnement souple.

Les communistes unitaires et les collectifs de la gauche alternative auraient tort d’éviter une certaine centralisation nécessaire à l’efficacité. Il leur faut une publication régulière populaire, des structures de décision démocratiques, une réelle ouverture envers les jeunes et les minorités. Il faut également qu’ils restent ouverts à l’idée d’un travail en commun avec les organisations politiques.

Contribuer à cette tâche difficile mais indispensable constitue une grande ambition pour un tout petit courant politique comme Socialisme International. C’est la raison pour laquelle nous invitons ceux et celles qui trouvent notre revue utile et qui partagent l’essentiel de nos analyses, quelque soit leur appartenance ou non à une organisation ou leur domaine d’activité, à collaborer avec nous.

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09 octobre 2007

 

Sur l'Islam et l'islamophobie

LIBERATION, 9 octobre 2007
Vosges : prison avec sursis pour avoir refusé le voile dans son gîte
Yvette Truchelut a été condamnée pour discrimination, après avoir refoulé deux clientes musulmanes en août 2006.

La propriétaire d’un gîte vosgien, qui avait refoulé une cliente et sa mère parce qu’elles portaient le voile, a été condamnée à quatre mois de prison avec sursis et 1.000 euros d’amende par le tribunal correctionnel d’Epinal. Elle devra également verser 3.000 euros de dommages et intérêts à la plaignante, Horia Demiati et à deux membres de sa famille (1.000 euros chacun), 800 euros à la Ligue des droits de l’homme (LDH), 800 euros à la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (Licra) et autant au Mouvement contre le racisme et l’amitié entre les peuples (Mrap), qui s’étaient portés partie civile.

Yvette Truchelut, dite Fanny, avait refusé en août 2006 l’accès à son gîte situé à Julienrupt (Vosges) à Horia Demiati ainsi qu’à sa famille, parce que sa mère et elle ne voulaient pas ôter leur voile comme la propriétaire de l’établissement le leur avait demandé. Poursuivie pour discrimination en raison de la religion, l’origine ou la race, Mme Truchelut s’était défendue en assimilant le voile à «un instrument de soumission et d’oppression de la femme», qu’elle ne souhaitait pas voir porter dans les parties communes de son établissement. «Le voile, je le mets où je veux», lui avait répondu Horia Demiati à l’audience, précisant que la propriétaire ne lui avait «jamais parlé de partie commune». Yvette Truchelut a été condamné pour la seule discrimination en raison de la religion.

Un communiqué du MRAP
Islamophobie : un mal toujours tenace

/.../ De son côté, le MRAP constate depuis un an une inquiétante recrudescence des signalements et de plaintes contre des actes et manifestations islamophobes allant des injures aux des discriminations à l’emploi. Il relève aussi des mauvaises interprétations et des détournements de la loi du 15 mars 2004 qui se sont traduits principalement par des refus d’accompagnement scolaire de mères portant le foulard et des refus de service dans des banques et administrations.


MON AVIS
Fallait-il donc envoyer en prison, même avec sursis, cette pauvre dame - qui visiblement ne comprend rien - qui a refoulé une cliente et sa mère pour la seule raison qu'elles portaient le voile ? Probablement pas, dans la mesure où une condamnation pour le principe, accompagnée de dommages et intérêts, aurait sans doute constitué un message assez fort, et encouragé d'autres victimes de ce type de discrimination à porter plainte. Ce n'est pas la peine, non plus, d'en faire une "martyre".
Mais au-delà du problème de la sanction, que dire de l'argumentation du MRAP, dont les actions en justice ont néanmoins une valeur pédagogique considérable ? Les discriminations évoquées dans le communiqué sont effectivement le fruit d'une mauvaise interprétation de la loi interdisant le foulard à l'école. Il n'est nullement question dans cette loi - aussi "dégueulasse" soit-elle - d'interdire le foulard ni aux parents d'élèves y compris dans l'enceinte de l'école ou lors des sorties scolaires ni aux étudiantes de l'enseignement secondaire. Elle ne s'applique évidemment pas à d'autres sphères comme les gîtes ou villages de vacances. Il peut donc être utile de le rappeler à ceux, comme certains directeurs d'école, qui pensent - ou font semblent de penser - le contraire.
Mais le véritable problème n'est pas là. Car si le texte de la loi se limite aux élèves de l'école publique, le message qu'elle envoie est clair : les musulmanes voilées seraient une espèce de "cinquième colonne" contre laquelle il faut lutter. Il ne faut absolument pas s'étonner qu'il y ait eu une recrudescence de l'islamophobie. Les discriminations anti-musulmanes ne sont pas un hasard ; elles sont une conséquence directe de la loi.
Se servir d'une loi pour contrer les effets d'une autre loi peut être une tactique utile et c'est très bien pour les victimes quand cela réussit. Mais ce n'est pas une réponse adéquate. Il nous faut une réponse politique claire et déterminée. Nous devrions faire campagne pour l'abrogation pure et simple de la loi. Malheureusement, une grande partie de la gauche et de l'extrême gauche l'a cautionné en 2004 et continue à le faire - voire s'en félicite carrément et demande une rigueur "laïque" encore plus grande (c'est le cas de Laurent Fabius pendant la campagne pour la candidature socialiste aux présidentielles). La tâche sera donc rude, mais elle est nécessaire.

Nouvelle petite victoire : L'hebdomadaire Le Point condamné à 10 000 € de dommages et intérêts (Collectif contre l'islamophobie en France)

Ijtihad : pour un islam progressiste et populaire

Par A.Chaambi, M.Kaf, N.Achour, Sarah Girard, Y.Girard
mardi 9 octobre 2007
Lire ce texte écrit par un groupe issu du Forum Social des Quartiers Populaires

/.../ Au cours de l’histoire, l’Islam a toujours été traversé par de multiples courants de pensée qui furent le produit de contextes sociaux différents voire mêmes antagonistes. Face à l’ « Islam des dominants » défendu par les « Ouléma du palais » a toujours existé un « Islam des dominés » qui, porteurs des idéaux des opprimés, se voulait le vecteur de contestations sociales et d’un désir de justice.

C’est de cet Islam, porteur de justice sociale, qui a lutté contre les oppresseurs musulmans puis contre la domination impérialiste, dont nous nous réclamons. Il nous appartiendra de définir un « Islam progressiste et populaire » capable de lutter contre l’impérialisme, le néo-colonialisme et ses supplétifs, de promouvoir une renaissance civilisationnelle et de défendre la justice sociale.

Loin de tous replis exclusifs, cet « Islam progressiste et populaire » devra nécessairement s’ouvrir à la culture universelle de tous les opprimés (al-mostadh’afoun) pour mieux se dresser contre l’hégémonie impérialiste. C’est en partant de l’ensemble du patrimoine islamique, sans exclusive, que nous nous attellerons à cette tâche.

Lire cette interview avec un des auteurs du texte, Abdelaziz Chaambi, parue dans Socialisme International 17-18, mars 2007

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07 octobre 2007

 

La Suisse antiraciste manifeste



Berne, le 6 octobre 2007 (Tribune de Genève)

Dans le journal francophone suisse, Le Courrier, Didier Estoppey fustige l'attitude des partis de gauche, le PS et les Verts suisses, qui déconseillent à leurs sympathisants de manifester contre l'extrême droite :

Jamais en effet, dans l'histoire récente de ce pays, on n'aura vu la xénophobie dont fait commerce l'UDC susciter d'aussi vastes et spontanés mouvements de protestation. Des pétitions électroniques récoltent des milliers de signatures en quelques jours. Les citoyens multiplient les initiatives, manifestations ou détournements d'affiches par lesquels ils entendent répliquer aux provocations racistes. Les réactions sont à la mesure des moyens investis dans l'UDC dans une campagne qui n'a qu'un seul propos: distiller la haine de l'autre.
Le culte de la personnalité voué à Christoph Blocher et la tentative de faire défiler la foule aux pieds du chef unique sont d'autres dérives pour le moins inquiétantes de la démocratie, auxquelles il faut répondre.
Lire tout l'article ...

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06 octobre 2007

 

Women and Islam

The debate over voting and the veil in the recent federal by-elections in Quebec is another example of how Islamophobia is used to justify war, and create divisions between Muslims and non-Muslims, write Chantal Sundaram and Kelly Holloway dans Socialist Worker (Canada) (24 septembre 2007)

Politicians and media cannot rely exclusively on the threat of terror to justify intervention and occupation in the Middle East: they make a pretense of appealing to people’s better natures under the guise of defending “humanitarian causes” in the Muslim world and, in particular, by equating Islam with the oppression of women.

A Western government outcry about Islam and women’s rights only emerged after September 11, with the bombing of Afghanistan, when the West suddenly “discovered” the Taliban’s oppressive policies regarding women after years of complete indifference (and sometimes even support). Pro-war pundits used “women’s rights” as one of the justifications for invading Afghanistan – just as the claims of bringing democracy to Iraq were used to justify invading that country.

And now Stephen Harper, who himself risks being punished at the ballot box for his support of the Afghan mission, has gone on record saying that he “profoundly disagrees” with the decision by Elections Canada to allow Canadian Muslim women to vote with their faces covered by burkas or niqabs, invoking federal legislation passed in late June on the visual identification of voters.

The hidden agenda is obvious. First, the existence of a mail-in ballot gives the lie to fake concerns over visual identification. Tens of thousands of people vote by mail-in ballot every year, without even preseting IDs.

Second, of the roughly 200,000 Muslims in Quebec, no more than 50 wear the full head covering. Third, although it should be these women’s right to vote while covered, the whole debate about it was manufactured.

As Sarah Elgazzar, a spokeswoman for the Canada Council on American-Islamic Relations, notes: “If anybody had actually bothered to ask the women that are actually concerned, and we are talking about a very small minority of women, they would have told them that they always take [their covering] off to identify their faces,” she said.

“And they do it at the bank, they do it at border crossings, they do it at the airport.”

Why now?

The fundamental question we must ask is, why the sudden concern over visibility now? It doesn’t seem to be due to any new developments in election fairness, much less to any new-found concern for women’s rights on the part of Stephen Harper.

When the French government banned the hijab in France’s public schools, it was not actually concerned about the oppression of women but, as some politicians explicitly stated, about the rise of “militancy” in France’s Muslim community.

Hijab was considered to be a symbol of that, along with the Palestinian scarf and anti-war buttons. Moreover, there is a
clear pattern throughout the West of inventing Islamophobic controversies to divert public anger over the “war on terror”.

Denmark sent troops to Iraq, and then published racist cartoons. Germany sent troops to Afghanistan and then one of their states proposed banning women who wear the hijab from school. Holland sent more troops to Afghanistan, and proposed to ban the burqa. Britain remains in Iraq, and around the same time that it sent more troops to Afghanistan in fall 2006 it also stoked media hysteria against the niqab.

Now, Canada deploys the Royal 22nd Regiment – the all- francophone regiment based in Valcartier, Quebec – in July 2007 and, in September, stokes a debate about the veil in Quebec, where opposition to the war in Afghanistan is higher than anywhere else in Canada.

Women’s rights?

The most fundamental stereotype of Muslim women is that they are not liberated or educated. All coverings, from the headscarf known as hijab to the full covering of the niqab or burqua, are considered the primary symbol of this.

In fact, Muslim women wear the veil for a number of reasons. One of these reasons has been as a form of resistance, particularly in response to threats to Islam and Muslims. North American Muslim women who wear the veil have to constantly assert their identity in response to often discriminatory questions and assumptions about their culture.

Wearing the veil has become almost indistinguishable from an act of defiance in this context. Studies in this area show that, rather than accepting the fear and marginalization that resulted from September 11 and the subsequent declaration of the “war on terror”, Muslim women are taking ownership of their religious identities and asserting their own dynamic interpretation of Islam.

But these negative perceptions of the veil have a long history, which dates back to colonialism, where Orientalist approaches to culture assumed that the veil is a symbol of oppression and women’s subjugation.

In fact, the veil has been worn through history as custom; in accordance with state law; for personal reasons, as a mark of wealth and status, fashion or beauty; to demonstrate conventional values; to hide identity as revolutionary protest; for political protest; for religious reasons; to access the public sphere; statement of personal identity; and so on.

The meaning of the veil has changed through history, most markedly with the advent of colonialism in predominately Muslim regions of the Middle East.

After the establishment of European colonial power in Muslim countries, the colonial discourse on Islam was focused on women, arguing that Islam was innately oppressive to women, epitomized by the veil.

This colonialist discourse was derived from the language of equal rights for women. This political use of the idea that Islam oppressed women was based on inaccurate understandings of Muslim societies and an interest in undermining the colonized country.

In this context, the veil became a symbol of dignity and validity of native customs under colonial attack. The context of colonialism as a powerful and pervasive force through history has charged all discourse on the veil with a particular political import and in some cases has acted as the impetus for women to wear the veil.

Islamophobia was present prior to September 11 – the 1980s and 1990s saw a proliferation of media images of veiling as a process closely linked to growing Western perceptions and fear of an Islamic threat. However, September 11 has given new meaning to discourse on Islam, reinvigorating Islamophobia as an acceptable mainstream perspective.

The tradition of wearing the veil as a form of resistance is associated with an assertion of religious identity in response to attacks on culture and religion. This tradition is present amongst young women in North America who wish to defend their religious identity in the face of Islamophobia.

The debate in Quebec

It has been implied in the English media that politicians from all parties made an issue of voting and the veil in order to appeal specifically to Quebec voters, who are portrayed as more anti-Muslim than others in the country.

This was emphasized by the fact that the furor erupted at the very same time that Quebec Premier Jean Charest’s Commission on Reasonable Accommodations began its hearings on what types of public religious accomodation are supported by Quebec residents.

The truth is that media and politicians in English Canada have long sought to demonize the Québécois as being more racist and intolerant than English Canadians, for similar reasons that they now seek to demonize Muslims: as a way of discrediting the desire of the Québécois to determine their own future. But there is nothing unique to Quebec about the debate on voting and the veil or about religious accomodation.

There is only something unique about the timing, both in terms of the deployment of the Royal 22nd Regiment and the rising anger in Quebec over Afghanistan, and the start of a public discussion on the place of minority religions within Quebec society.

Many people in Québec have spoken out against attempts to stoke Islamophobia there. Earlier this year, Jean Dorion, President of the Saint-Jean-Baptiste Society of Montreal, an organisation that celebrates Quebec nationalism, published a letter in Le Devoir about the wonderful experience his daughter had in a childcare service run by a Muslim woman who wears hijab, as a personal commentary on the religious accommodation debate:

"Fear of the unknown is natural, but it is also all too natural to exploit it without thinking of future consequences, to sell papers, to increase your audience, or to garner a quick vote, as we sometimes say that certain businesspeople want to make a quick buck.

“We had thought that the freedom to believe, just as the freedom to not believe, and to observe or not, according to one’s conscience, on the condition of respecting the freedom of others, was one of the conquests of our civilisation.

“This principle is put into question both by a majority that is more traditional than they seemed... and by the fundamentalist fringe of the secularists, whose claim sometimes provokes laughter: ‘Religions are the cause of all wars’ wrote a reader of La Presse. Really?...

“Those responsible for war are neither believers nor non-believers, but those who are intolerant, those who hold it against you for believing what they don’t believe or for not believing what they believe.”

Et en français, un texte de Benoît Renaud de Socialisme International (Canada) sur la question épineuse des "accommodements raisonnables" au Québec. Benoît est également membre de Québec Solidaire.

NOTE Le terme "accommodements" s'applique, paraît-il, à des mesures de reconnaissance des spécificités culturelles des minorités, comme le port du voile islamique. J'avoue ne pas comprendre tous les tenants et aboutissements de cette question telle qu'elle se pose dans "la belle province" (je plaisante), ni quelle peut être la signification de l'adjectif "raisonnable" dans un tel contexte ("raisonnable" pour qui ?). Les termes du débat ne sont sans doute pas posés de la même façon qu'en France.

Benoît, par exemple, défend la notion d'"intégration" des immigrés dans la communauté linguistique française - en prenant bien soin de préciser que cela signifie la reconnaissance de leurs droits sociaux, culturels et linguistiques. Alors que chez nous, le terme a tellement été abusé - y compris à gauche par les courants 'républicains' et 'assimilationnistes' comme SOS Racisme ou Ni Putes ni Soumises - qu'il est très difficile à l'utiliser sans donner des gages aux racistes.

Nous ne comprenons rien, non plus, de la question nationale au Québec. Sur le 'fédéralisme', par exemple, il est intéressant à comparer l'attitude des camarades québecois avec celle de la gauche belge (voir ce message sur la Belgique). Sans parler des divergences qui existent dans l'extrême gauche écossaise sur la revendication d'une Ecosse indépendante et socialiste, ou la dérive identitaire d'une petite partie de la gauche radicale anglaise. Pas facile de se retrouver dans tout cela !

Voici un extrait de l'article de Benoît qui donne un aperçu de son argumentation :

"Dans le contexte de la mondialisation néolibérale, des guerre impérialistes dans le monde musulman et de la crise du projet national québécois, le débat de société qui avait commencé autour de certains jugements de cour sur des accommodements a glissé rapidement vers un débat sur l’intégration des populations immigrantes et de religion minoritaire dans la société québécoise, ainsi que sur la définition de l’identité québécoise avec et face à cette nouvelle population.

"Une solution satisfaisante et durable des problèmes qui sont à l’origine des débats autour des accommodements doivent donc inclure 1) le retrait du Québec de toute participation à la prétendue guerre contre le terrorisme, 2) un ensemble de politiques de résistance au néolibéralisme et de défense des droits sociaux et des services publics, et 3) une politique linguistique beaucoup plus vigoureuse de défense du français comme langue de travail et langue d’accueil des immigrantes et immigrants 4) une politique d’immigration fondée sur la reconnaissance des droits et des aspirations des nouveaux arrivants et leur véritable intégration économique, sociale et culturelle à une société québécoise en constante évolution et confiante dans son avenir.

"Ces politiques ne sont concevables que dans un Québec souverain./.../"

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05 octobre 2007

 

Paradis tropical perdu aux Antilles ?


Dans le numéro du 22 septembre 2007 de Combat Ouvrier (Antilles) on peut lire un éditorial sur le scandale des pesticides utilisés pendant des années par les patrons de l'industrie bananière qui sont probablement à l'origine de nombreuses maladies graves en Guadeloupe et en Martinique.

Voir ce dossier sur le site Black World Connexion

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Le retour du socialisme

par Benoît Renaud*

L’idée du socialisme, d’une société sans divisions de classes sociales, profondément démocratique, unissant toute l’humanité au-delà des frontières et des divisions de toutes sortes, est aussi ancienne que le capitalisme lui-même. Ce ne sont pas les idées marxistes qui sont la cause de la lutte des classes, mais bien l’inverse.

En ce début de siècle, les guerres à répétition éveillent une profonde aspiration vers la paix, la crise du climat nous fait prendre conscience de l’urgence de changer nos façons de produire et de consommer, et la pauvreté dans laquelle vit la majorité de l’humanité, et une minorité grandissante dans les pays riches, inspirent de nombreuses campagnes et mobilisations pour la justice sociale.

De plus en plus de gens prennent conscience du fait que les guerres impérialistes, la destruction de l’environnement et les inégalités sociales ne sont pas des accidents ou des anomalies, mais plutôt les résultats inévitables d’une manière bien spécifique d’organiser nos sociétés : le capitalisme. Lorsque la majorité des grandes décisions économiques et politiques sont prises par de petits groupes de possédants, comme à Montebello cet été au sommet nord-américain, on ne doit pas se surprendre du fait que les besoins de la majorité ont peu de poids. Lorsque la logique de la course mondiale aux profits guide les décisions des PDG et des gouvernements, la préservation des équilibres écologiques passe forcément au second plan. Lorsque la seule chose qui compte est d’écraser la concurrence par tous les moyens, il n’y a qu’un pas de la compétition économique à la guerre.

Dans les années 1970, le retour à la compétition féroce à l’échelle internationale, après une période atypique de domination étasunienne presque sans partage, força un grand virage vers la droite dans tous les pays du monde. Chaque classe dirigeante nationale cherche depuis lors à imposer à ses travailleuses et travailleurs des concessions qui n’en finissent plus au nom de la « compétitivité ». C’est ce qu’on appelle la mondialisation ou le néolibéralisme.

Ces politiques ont été introduites partout, mais pas sans résistance. La région du monde où la lutte contre le néolibéralisme a généré les mobilisations les plus grandes et les plus réussies est sans doute l’Amérique latine. Après une période de défaites brutales, souvent imposées par des régimes dictatoriaux appuyés par les États-Unis (avec la bénédiction du Canada), les mouvements de masse de ce continent, des associations paysannes aux nations autochtones en passant par les communautés des bidonvilles, ont relevé la tête les uns après les autres, changeant le paysage politique du continent à partir des années 1990. Du soulèvement zapatiste au Chiapas en 1994 à la commune de Oaxaca de l’an dernier, en passant par la mobilisation contre le coup d’État manqué contre Chavez en 2002 et la lutte contre la privatisation de l’eau en Bolivie, nous pourrions dresser une longue liste de mobilisations exemplaires et qui sont autant de sources d’inspiration.

En Europe, des mobilisations gigantesques contre les politiques néolibérales et contre la guerre ont également changé le paysage politique. Désormais, il existe une « gauche de la gauche » en rupture avec l’adaptation au néolibéralisme qui ronge les partis de gauche traditionnels, du Labour britannique au SPD Allemand. Québec solidaire est le seul exemple en Amérique du Nord impérialiste d’un nouveau parti de gauche cherchant à développer une alternative au néolibéralisme. Plus ce nouveau parti s’inspirera des meilleurs exemples de ce qui se fait en Europe et en Amérique Latine, plus il sera difficile de le faire dévier de sa trajectoire dans un sens social-libéral. Il se doit aussi d’être consistant dans son oppositions aux guerres et aux occupations au Moyen-Orient et au racisme qui vient avec ces campagnes colonialistes, comme en fait foi le délire islamophobe et xénophobe entourant les « accommodements raisonnables ».

Au Venezuela, on procède présentement à la fondation d’un nouveau parti politique de masse, le Parti socialiste unifié du Venezuela. Ce parti, qui regroupe tous les courants politiques et sociaux ralliés autour de la présidence de Hugo Chavez et du processus de la révolution bolivarienne, cherche explicitement à redéfinir le projet socialiste pour le 21e siècle. Situé au centre d’un vaste mouvement de résistance traversant le continent, ce nouveau processus politique pourrait relancer le mouvement international pour le socialisme, de la même manière que les mobilisations contre les sommets néolibéraux à partir de Seattle avaient relancé la critique du capitalisme et que l’opposition à la guerre en Iraq avait redonné une pertinence à l’anti-impérialisme. Mais cette fois-ci, il ne s’agit pas d’un mouvement négatif et en quelque sorte spontané (contre le néolibéralisme, contre la guerre…) mais d’un geste délibéré et positif pour une alternative.

Le socialisme n’arrivera pas par accident. La transformation en profondeur de nos façons de faire, de nos structures politiques et économiques, des relations entre les peuples et les continents, ne se fera pas sans l’organisation d’un mouvement explicitement dédié à cette transformation, et le ralliement de centaines de millions de personnes à ce projet. Le collectif Socialisme international de Québec solidaire vise à regrouper ceux et celles qui veulent travailler à la construction d’un tel mouvement ici et maintenant. Nous croyons que les valeurs qui unissent les milliers de membres de QS et les nécessités de la lutte contre le capitalisme réellement existant vont dans cette direction. En même temps, nous respectons la diversité des points de vues et l’existence d’une majorité non-socialiste au sein du parti dans la période actuelle. Si vous croyez qu’il faut en finir avec le capitalisme au plus vite, avant qu’il fasse encore plus de dommages à nos sociétés et à notre environnement, joignez-vous à nous et nous chercherons ensemble les meilleurs moyens de contribuer aux mouvements de résistance spécifiques et localisés en même temps qu’à la réinvention d’un projet de transformation global et radical.

* Benoît Renaud est membre de Socialisme International (Québec), un groupe qui fait partie de la section canadienne de l'International Socialist Tendency (connue en anglais sous le nom des International Socialists). Ce groupe est donc issu de la même tradition théorique et politique que Socialisme International (France), sans qu'il y ait des liens organisationnels entre nous. Nous le remercions de nous avoir envoyé son texte.

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03 octobre 2007

 

Canicule au pôle nord



Story by Steve Connor, 3 October 2007

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02 octobre 2007

 

La trahison des intellectuels antiracistes

Dans cet article en anglais, Arun Kundnani, rédacteur en chef adjoint de la revue britannique Race and Class, commente la transformation d'intellectuels progressistes ("liberals" en anglais), défenseurs par le passé d'un antiracisme respectable et semi-officiel, en partisans d'une nouvelle orthodoxie - celle de la défense des "valeurs occidentales éclairées" contre la supposée "menace islamiste".

Pas surprenant, donc, que le nouveau premier ministre Gordon Brown puisse se permettre de se vanter devant le congrès du parti travailliste de sa lutte pour "des emplois britanniques pour des travailleurs britanniques". La dernière fois que j'ai entendu ce slogan, cela venait de la droite de la droite britannique dans les années 1970.

Cet article fait référence à la Grande-Bretagne, mais nos propres Philippe Val et autres André Glucksmann se reconnaîtront.

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