29 mai 2009

 

Élections européennes 7 juin 2009 : Voter anticapitaliste, agir dans l’unité

NOUVEAU
Les Alternatifs www.alternatifs.org

Communiqué 5 juin 2009

Des député-e-s du NON, élu-e-s au parlement européen, c'est possible et souhaitable!

7 JUIN pas d'abstention VOTEZ pour l'une des listes du NON de gauche. Deux listes en France se situent clairement dans l'héritage du « NON de gauche » de 2005 : celle du FRONT DE GAUCHE et celle du NOUVEAU PARTI ANTICAPITALISTE.

Un score important de ces listes et l'élection de député-e-s confirmerait la volonté des citoyen-ne-s d'une autre Europe alternative au consensus libéral et anti-démocratique actuel entre droite et social-démocratie.

LES ALTERNATIFS, FAVORABLES AU RASSEMBLEMENT DES COMPOSANTES DU NON DE GAUCHE SUR UNE SEULE LISTE, REGRETTENT CETTE DIVISION ET APPELLENT A VOTER INDISTINCTEMENT POUR L'UNE OU L'AUTRE DE CES DEUX LISTES LE 7 JUIN.

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Un article paru dans le n° 8 du journal Anticapitaliste (mai 2009)

Depuis 2005, et la campagne victorieuse contre la constitution européenne, des aspirations unitaires sont nées à la gauche du PS. Si le "non" l'a emporté, c'est en bonne part parce que la gauche antilibérale s’était fédérée face à la mise en concurrence des salariés, au démantèlement des services publiques et des droits sociaux, à la stigmatisation des étrangers que cette Europe met en oeuvre.

L'aspiration à l'unité portée par tant de militants anticapitalistes lors des présidentielles a ensuite été mise en échec. Ces derniers mois, l'unité dans les luttes - soutenue par les trois quarts de la population - et la soif d'une vraie alternative à gauche face aux ravages de la crise auraient dû faire naître une liste unitaire de la gauche radicale pour les élections européennes de juin. Pourquoi les directions des partis politiques ne l'ont-elle pas souhaitée ? Les raisons invoquées sont-elles fondées ? Et si on pense l'unité nécessaire, comment y contribuer ?

La soif d’unité est grande

Un front unique électoral, composé du PCF, du Parti de Gauche (PG), du Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA), et des autres forces altermondialistes aurait clairement permis d'élever la confiance de classe. L'arme la plus puissante des classes dominantes contre nous est la division. C'est pourquoi, dans nos quartiers, dans les luttes et aux élections - qui ne sont pour nous qu'un porte-voix, nous devons nous unir.

Un bon score aurait permis de crédibiliser davantage l'anticapitalisme. Une campagne unitaire aurait entraîné de nouvelles forces dans la bataille politique. Quoique laborieuse, elle aurait y compris permis aux révolutionnaires d’argumenter auprès de militants proches dans les luttes quotidiennes. Nous aurions pu ainsi construire une bipolarité dans la gauche, contre des partis socio-libéraux qui ont édifié l'Europe libérale avec la droite.

Le PG et le PCF ont proposé de rassembler autour du "Front de Gauche" tous les partis à la gauche du PS, écoutant ainsi les demandes d'unité réitérées par leurs militants et sympathisants. Le NPA s'est simultanément construit sur la volonté de fédérer un maximum de militants de tous horizons, au détriment d'ailleurs d'une identité clairement révolutionnaire.

Pourquoi l’unité n’a pas eu lieu ?

Les directions du NPA et du PCF ont respectivement et à leur hauteur une responsabilité dans l’absence d’unité. Lors du congrès fondateur du NPA, une résolution adoptée à une large majorité affirmait "la volonté de rassembler tous les anticapitalistes"... Quelques jours plus tard, son premier Conseil Politique National décide de ne pas y donner suite. Il a en premier lieu considéré impossible de s'allier avec un PCF qui, attaché à ses élus, continuera aux élections régionales suivantes à faire cause commune avec le PS.

Il donne deux arguments :

- “ L'unité doit porter un projet anticapitaliste au contenu précis ” ; en l'espèce, la mise en avant de la question du nucléaire, bien que juste, représente-elle un motif de rupture pertinent ?

– L'unité ne doit pas être “ un cartel électoral sans lendemain ”. Cet argument n'a jamais été utilisé auparavant lors d'innombrables alliances électorales faites par la LCR. Cela sent l'argument de circonstance. D'autre part, notons que les Alternatifs, avec qui le NPA espérait s'allier, ont aussi cogéré des exécutifs municipaux avec le PS, comme à Nantes.

Cet apparent souci de fermeté, pour l'instant plébiscité par les nouveaux militants du NPA, ne pouvait que rendre l'alliance impossible. La direction du NPA espère qu'avec ce positionnement, il atteindra un bon score électoral qui aidera à construire le parti. C'est probable, mais il y avait une autre voie, plus utile pour la lutte de classe.

De son côté la direction du PCF si elle se présente comme unitaire, c’est avant tout dirigé contre le NPA. Depuis l’appel à la constitution du Front de Gauche, la Fédération (qui regroupe des militants individuels ainsi que des organisations et associations comme les Alternatifs, Alternative Démocratie Socialisme, la Coordination Nationale des Collectifs Unitaires antilibéraux, les Communistes Unitaires, les alterekolos, Ecologie Solidaire et le Mouvement Utopia) a répondu positivement mais s’est vu opposer un refus catégorique du PCF. En effet la direction buffetiste a refusé en particulier la présence des Communistes Unitaires au PCF par crainte du développement d’une opposition à sa politique sur sa gauche. La Fédération a tenté à plusieurs reprises des discussions pour rejoindre le Front de Gauche et si le PG n’y était pas opposé, le PCF à coupé court à ces tentatives.

La concurrence électorale tue la fraternité du débat

Des débats fermes mais fraternels au cours d'une campagne commune auraient permis de tirer devant un public beaucoup plus large le bilan des participations du PCF à la gestion des régions avec le PS : elles ne servent pas les intérêts de notre classe. La question doit être expliquée politiquement, plutôt qu'être lancée comme un anathème entre militants. Le PCF aurait davantage payé son très probable ralliement au PS dans le cadre d’un front électoral commun. Le PG de Mélanchon est dans une situation un peu plus incertaine ; il n'a scissionné du PS que récemment. Même si ses dirigeants sont ouvertement réformistes et qu'ils envisagent de changer le système depuis les institutions existantes, ses militants, notamment les nouveaux, auront plus de difficulté à s'allier avec le PS.

Les luttes et les débats doivent être au centre de la stratégie des anticapitalistes. S’il est assurément plus confortable de rester entre mêmes sensibilités que de prendre les risques d'une campagne unitaire, ce n'est pas à la hauteur des enjeux. Même si à moyen terme, une alliance vraiment durable est difficilement possible, car lors d'une crise sociale majeure, la direction du PCF ne fera jamais les mêmes choix que les révolutionnaires, l'enjeu est de préparer une force pour renforcer la combativité et élever la conscience politique.

Une lecture de classe du vote : des aspirations convergentes

Le Front de gauche et le NPA, en s'opposant à Sarkozy, à l'Europe capitaliste et au traité de Lisbonne, sont sur des créneaux très proches. Notre lecture de ce vote doit être une lecture de classe. Malgré la participation de Mélanchon ou Buffet à un gouvernement avec le PS, et l'inscription dans une longue tradition de gestion du capitalisme, ceux qui voteront pour cette liste le feront pour défendre radicalement les droits sociaux. Dans le tract du Front de Gauche distribué dans les cortèges le 19 Mars, M.-G. Buffet déclare : “ La seule issue à la crise c'est l'appropriation sociale des marchés et la prise de pouvoir des salariés dans les entreprises ! ”. Pour mesurer le degré de résistance des travailleurs, il est pertinent d'additionner les votes pour ces deux listes. Ce regard global ne doit pas pour autant gommer une divergence fondamentale sur les moyens d'arriver au même but.

Le socialisme par les urnes ou par les luttes ?

Le NPA se construit sur une base anti-institutionnelle : l'assurance de ne jamais se compromettre avec le PS pour participer à des exécutifs. Il y a une grande différence entre présenter des militants pour porter les revendications des mouvements dans les instances et le fait de devoir assumer une solidarité de gestion avec le PS. Même s'il est possible d'obtenir quelques nouveaux droits (par exemple, les élus alliés au PCF au conseil régional d'Île-de-France ont obtenu la carte de transport gratuite pour les chômeurs), dans le même conseil, l'adjoint PCF chargé de l'économie avait voté la subvention à Danone qui venait de licencier les ouvriers de LU. A contrario, les élus que la LCR avait obtenu à Clermont-Ferrand en réalisant une fusion technique de sa liste avec celle du PS au second tour, s'intégraient dans un accord PS-LCR clair : aucune discipline commune de vote. L'invasion du conseil municipal par les manifestants a même été organisée lors d'un débat sur l'implantation d'un incinérateur. Dans cette campagne, le Front de gauche défend la nécessité de contrôler la production, sans aborder le problème de la mainmise de la bureaucratie étatique. Plus grave, ils entretiennent l'illusion que le vote est “ une chance exceptionnelle (...) d'exercer le pouvoir qui leur est partout refusé. ”

Le pouvoir collectif des travailleurs est la finalité autant que le moyen de réaliser le socialisme. Sur ce point, le NPA, qui organise par exemple dans le sud-ouest des manifestations régionales pour donner des suites aux journées d'actions nationales, est absolument clair. L'élection n'est qu'une occasion éphémère d'exprimer notre résistance permanente. Mais si cette divergence est à prendre en compte, elle ne justifie pas la division.

Clarifier et agir pour l’unité

Nous souhaitons que les élections européennes soient l'occasion d’un immense référendum contre Sarkozy, l'Europe capitaliste et tous les responsables de la crise. Seul le combat contre le capitalisme permettra de les renverser définitivement. Comme le PS reste un obstacle à dépasser et que la progression de l'anticapitalisme ne peut se baser uniquement sur l'auto-construction des organisations respectives, il faut maintenir le cap de l'unité.

Nous appelons donc à voter et à faire campagne pour le NPA car il entretient une saine distance par rapport au PS et que sa pratique est anti-électoraliste. Mais nous comprenons parfaitement ceux pour qui l'unité des anticapitalistes et des antilibéraux prime, et qui se battent dans le Front de Gauche. Nous lirons les votes pour ces deux listes comme l'expression convergente de la volonté de la classe à changer la société.

En terme militant, si nous appelons en priorité à rejoindre le NPA, et à participer à la construction d'une sensibilité unitaire en son sein, Marxistes Unitaires est une association qui rassemble des membres de tous les partis de la gauche anticapitaliste et antilibérale. En entretenant la fraternité durant la campagne, en prenant malgré les divisions électorales des initiatives communes dans la lutte de classe et en préparant mieux les prochains épisodes politiques, nous contribuerons à construire encore l'unité.

Nassima Rabhi et Daniel Lartichaux

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28 mai 2009

 

Pourquoi le mouvement des universités ne s’arrêtera pas

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Communiqué

Alors que la fin de l’année universitaire approche, le mouvement de grève des universités entre dans son quatrième mois. Devant ce mouvement historique, le gouvernement persiste dans son refus de tout dialogue et de toute concertation. Pire, il a multiplié jusqu’au bout les provocations et les passages en force sur des projets unanimement rejetés par l’ensemble de la communauté universitaire.

La ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche et celui de l’éducation nationale, Valérie Pécresse et Xavier Darcos, ont orchestré ces dernières semaines une campagne systématique de désinformation, de dénigrement et de diffamation contre notre mouvement. Ils ont cherché, au mépris de toute évidence, à faire croire à la démobilisation des universitaires et au retour à la normale. Ils ont stigmatisé les enseignants et les étudiants en lutte, les faisant passer pour une minorité d’irresponsables. Ils ont tenté par tous les moyens d’opposer entre elles les différentes composantes de notre communauté, de dresser les étudiants contre les enseignants, les enseignants contre les personnels administratifs et techniques, les étudiants contre les étudiants.

Ces ministres déconsidérés sont responsables de la plus grave crise qu’ait connue l’université française. La communauté universitaire ensemble a décidé que les étudiants ne paieraient pas par la perte de leur année l’irresponsabilité ministérielle. Cela n’entame en rien notre unité ni notre détermination à combattre la politique inacceptable de ce gouvernement. Depuis le 2 février et parfois même plus tôt encore, c’est l’ensemble de la communauté universitaire, toutes tendances, toutes sensibilités et toutes catégories confondues qui est entrée en lutte pour défendre ce bien commun qui nous est cher, le service public d’enseignement et de recherche.

Le gouvernement qui s’y attaque n’en a pas fini avec nous ! La loi LRU et le pacte pour la recherche appliquent à l’université et à la recherche les principes et les méthodes de l’entreprise privée. La « gouvernance » autoritaire remplace la collégialité et le fonctionnement démocratique. La mainmise des financements privés menace les libertés académiques, l’indépendance et la qualité de la recherche. La généralisation de la précarité et les externalisations de services aggravent les conditions de travail, en particulier pour les personnels de bibliothèques, administratifs et techniques. Les suppressions de postes, le désengagement financier de l’État et la mise en concurrence des établissements préparent une université paupérisée aux diplômes dévalorisés.

C’est un système profondément inégalitaire qui se met en place, où seuls les étudiants qui auront les moyens de payer des droits d’inscriptions importants pour accéder aux établissements les plus prestigieux pourront espérer un enseignement de qualité. En même temps, la réforme du recrutement des enseignants du primaire et du secondaire organise une dégradation catastrophique de leur formation avec un objectif purement budgétaire de réduction des coûts.

C’est cette logique que la communauté universitaire refuse. C’est pour cela que nous demandons que les textes dans lesquels elle s’incarne soient retirés, à commencer par la loi LRU et ses décrets d’applications. C’est à cette seule condition que pourrait se mettre en place un réel débat sur l’avenir du système d’enseignement supérieur et de recherche.

À travers l’université et la recherche, c’est toute la société qui est attaquée. C’est le principe même de l’égalité d’accès aux savoirs qui est menacé. Mais la politique universitaire du gouvernement s’inscrit aussi dans un cadre plus large, celui d’une attaque générale contre l’ensemble des services publics. La loi Bachelot applique à l’hôpital public les mêmes principes de rentabilité que la LRU à l’université. La Révision Générale des Politiques Publiques organise la suppression massive de postes de fonctionnaires, et la loi de mobilité prépare la possibilité de leur licenciement. Alors que la crise économique rend nos missions plus dures et plus indispensables que jamais et exige une politique ambitieuse de l’emploi public, c’est au contraire un projet global qui se met en place à travers la destruction systématique des services publics, celui d’une société plus injuste, plus brutale et plus inégalitaire.Une attaque contre toute la société. Le savoir n’est pas une marchandise, l’université n’est pas une entreprise !

Parce que nous sommes face à un gouvernement qui a montré qu’il ne connaît et ne comprend que le rapport de force, notre détermination ne faiblira pas.

Parce que les enjeux de la bataille des universités dépassent largement les intérêts des seuls universitaires, nous continuerons à nous adresser à nos collègues de la fonction publique et, au-delà, à toute la société, pour, ensemble, construire une université de demain réellement publique, ouverte et démocratique.

Les porte-parole de la Coordination Nationale des Universités • Contact
: porte-parole@cnu.lautre.net

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25 mai 2009

 

La gestion de l'immigration par l'Union Européenne, La forteresse blanche se défend


En 2006, manifestation des résidents d'un foyer pour travailleurs immigrés à Saint-Denis (93)

Un article de Marie Geaugey

L’abolition des contrôles aux frontières européennes fait rêver certains "progressistes" qui parlent d’ouverture aux autres peuples… ils oublient que ces contrôles, repoussés aux frontières extérieures, ont abouti à la création de l’espace Schengen, à l’instauration de règles de contrôles communes et au renforcement de la coopération judiciaire. Le traité d’Amsterdam a induit la mise en pratique d’une politique migratoire intégrée de l’Union européenne… ouverture aux autres peuples, d’accord, mais au sein d’une forteresse blanche bien protégée !

Par des accords bilatéraux, les gouvernements s’entendent entre eux, pour s’échanger leurs populations de sans-papiers, comme des lots de marchandises. Et on appelle ça l‘"harmonisation" des politiques d’immigration.

Dublin II est un des résultats de cette harmonisation. Ce règlement vise officiellement "à identifier dans les plus brefs délais possibles l'État membre responsable de l'examen d'une demande d'asile et à établir des délais raisonnables pour chacun des stades de la procédure de détermination de l'État responsable. Il vise à prévenir "l'abus des procédures d'asile que constituent les demandes multiples". (Source : europa.eu/scadplus/leg/fr ). Au moins, c’est clair : les demandeurs d’une procédure d’asile sont suspectés d’avance. S’il est prouvé qu’ils ont de bonnes raisons de demander l’asile politique (selon quels critères ?), ils n’ont plus qu’à attendre. Concrètement, on voit ce que ça donne : en France, les afghans qui arrivent ont, par ce règlement de Dublin II, un statut de "demandeur d’asile". Ce statut ne leur donne aucun droit : ni hébergement, ni CMU, ni allocations. Leur demande d’asile est effectuée dans le premier pays européen où ils ont été enregistrés, généralement la Grèce. Si leur demande aboutie, ils y sont renvoyés, sans que leur avis ne soit demandé, évidemment. Mais le plus souvent, la demande n’aboutit pas.

En Allemagne, les immigrés se voient alors accorder un statut de "tolérés", que Kai Weber, du Conseil des Réfugiés de Basse-Saxe, définit en ces termes : "c’est une attestation qui indique qu’une personne séjourne illégalement en Allemagne, qu’un processus de reconduite à la frontière est en cours, mais qu’il a été suspendu jusqu’à une date indéterminée". 72 000 Irakiens vivent aujourd’hui en Allemagne avec ce statut, qui leur interdit de se déplacer à l’intérieur du pays. Rappelons au passage que la Convention de Genève est censée garantir la liberté de circuler aux demandeurs d’asile.

La protection d’une Europe blanche se fait aussi par des accords bilatéraux avec les pays frontaliers. La France a toujours signé des accords avec ses anciennes colonies, particulièrement la Tunisie, pour que celles-ci limitent d’elles-mêmes le flux d’immigrés. De nombreuses arrestations de Tunisiens, Maghrébins ou sub sahariens, soupçonnés de vouloir traverser la Méditerranée, sont effectuées sur le sol tunisien (voir le site Migreurop).

De plus en plus, c’est l’Union Européenne qui signe ces accords. Le 10 mars, la Commission européenne a ordonné aux pays de Maghreb de montrer plus de fermeté pour lutter contre l’immigration clandestine. Donneuse d’ordres à l’échelle mondiale, l’Union Européenne, selon une logique coloniale, s’arroge des droits parfois contestés : Jacques Barrot, le commissaire chargé de la Justice, de la Sécurité et de la Liberté, reconnaît que les relations avec certains pays comme le Maroc, la Libye et l’Algérie sont compliqués car ces pays refusent d’accepter des accords de réadmission dans leur partenariat avec l’UE, accords qui "permettent de renvoyer les gens dans des conditions acceptables".

Cela dit, l’UE expulse les sans-papiers, que cet accord soit ou non signé. La signature de ces accords ne sert qu’à dé-responsabiliser l’Union Européenne par un simulacre d’égalité entre les pays qui expulsent et ceux qui reçoivent. Ces logiques de contrôle et de refoulement poussent les immigrés à voyager dans des conditions de plus en plus dangereuses. La FTCR (Fédération des Tunisiens pour une Citoyenneté des deux Rives) recense 13 444 morts d’immigrés aux frontières de l’Europe depuis 1988 (pour la plupart, noyés en Mer, ou asphyxiés dans les navires de cargaison).

Nombreuses sont aussi les victimes des répressions policières, notamment à Ceuta et Melilla. Les associations qui dénoncent ces meurtres sont traînées devant les Tribunaux : l’Association Pro Droits de l’Homme en Andalousie a comparu en tant qu’accusation publique aux diligences ouvertes dans les tribunaux d’Algésiras pour avoir exigé la poursuite de l’enquête sur le meurtre d’Abdelhadi Lamhamdi par un garde civil à Tarifa (Cadix) en 2000.

Bien entendu, tous les immigrés ne sont pas traités de cette manière : l’" immigration choisie", c’est valable à l’échelle européenne. Pour attirer les travailleurs qualifiés, le Parlement Européen invente une "carte bleue" permettant de travailler dans les Etats Membres. Les candidats à l’obtention de cette carte doivent avoir trouvé un travail au sein de l’Union Européenne et présenter un diplôme universitaire dans le secteur choisi. Le vol des cerveaux du Sud continue, et parallèlement, 4 à 8 millions de sans-papiers travaillent dans l’Union Européenne dans les secteurs de la construction, de la restauration, du nettoyage - exploités par les patrons, n’ayant accès à aucuns soins, retraites, ou aide sociale, payés au rabais, tirant les salaires de tous les travailleurs vers le bas.

De plus, les différents Etats accompagnent cette double exploitation d’ordre colonial d’une couche superficielle d’actions à caractère humanitaire, pour abuser les populations et leur faire croire à la bonne volonté des Etats : en 2008, la France a accueilli 500 chrétiens d’Irak en grande pompe. L’événement fut sur-médiatisé, notamment la participation de Kouchner et Hortefeux à cet accueil.

Ce traitement de faveur, qui devrait être le même pour toute personne voulant entrer sur le territoire européen, qu’il soit chrétien, musulman, juif ou athée, et de quelque pays qu’il soit, a au contraire été présenté comme un acte de générosité hors du commun de l’État français, alors même que des milliers d’Irakiens se trouvent en France sans la possibilité de demander le droit d’asile, du fait de Dublin II, et a permis de relancer, à travers une analyse simpliste de la situation en Irak, de relancer l’islamophobie : les chrétiens sont massacrés (par qui? devinez), donc la France chrétienne en rapatrie pour les sauver ! … en oubliant bien sûr que les conflits en Irak sont les fruits des impérialismes américains et français … et que les populations musulmanes sont également victimes de massacres …

La question de l’immigration au sein de l’Union Européenne est gérée selon toutes les logiques capitalistes : colonialisme, division et concurrence des travailleurs migrants entre eux, sur des critères de compétences, d’appartenance à un peuple ou à une religion, concurrence des travailleurs dits régularisés et français, contre les travailleurs sans-papiers…

En Europe, malgré les manipulations des différents gouvernements, le peuple prend conscience de cette situation : les mouvements de solidarité à l’égard des sans-papiers prend toujours plus d’ampleur (à la mi-Mars, la Belgique a connu une mobilisation sans précédent des associations de défense des sans-papiers) (Le Monde, 16/03/2009). De plus en plus, les arguments des défenseurs des sans-papiers s’éloignent des sentiments humanitaires, pour s’orienter vers une analyse politique et économique du problème. Les sans-papiers eux-mêmes se battent en tant que travailleurs, comme l’ont montré en 2008 les grèves de sans-papiers, soutenus par des syndicats non-spécifiques (CGT, SUD, CNT…).

Le non-respect des immigrés n’est pas un accident de l’Union Européenne, elle en est constitutive, comme tout système capitaliste, qui se fonde sur l’exploitation des travailleurs et leur division. C’est le même système économique, qui repose sur l’exploitation économique d’une classe par une autre, qui génère l’exploitation du Sud par le Nord, et utilise le racisme, le sexisme, l’islamophobie, la judéophobie, toute discrimination religieuse, et toute discrimination en général (notamment l’homophobie), pour dresser les peuples les uns contre les autres et nous empêcher de nous unir.

Combattre pour la régularisation de tous les sans-papiers, la libre circulation de tous, l’égalité de droit et de fait pour tous, c’est combattre le capitalisme.

Marie Geaugey

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24 mai 2009

 

Retour sur les grèves en Guadeloupe et en Martinique

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Un article utile de Frédéric Constant qui fait le bilan de la mobilisation sociale aux Antilles 'françaises' de janvier à mars 2009.

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Grande-Bretagne: Unissons-nous contre le fascisme

NOUVEAU
Luton (Angleterre): Une manifestation contre "l'islamisation" de la Grande-Bretagne tourne à l'émeute. Plusieurs centaines de personnes y ont participé, scandant des mots d'ordre comme 'Non à la charia' et 'Soutenez nos troupes en Afghanistan'. Il y a fort à parier que la gauche proimpérialiste (celle qui soutient les guerres en Irak et en Afghanistan et cautionne l'agression israélienne contre la Paléstine) trouvera des arguments pour justifier cette haine dirigée contre la minorité musulmane. Tout comme une partie de la gauche 'laïque et républicaine' en France trouve que le développement du racisme antimusulman en France (y compris institutionnel comme la loi du 15 mars 2004 interdisant les signes religieux à l'école) est quelque part, un peu, la faute ... des Musulmans.




En Grande-Bretagne, une campagne unitaire a lieu en ce moment pour alerter les électeurs du risque d'une avancée importante de l'extrême-droite (British National Party principalement) lors des élections européennes et locales du 4 juin. Elle prend la forme de tables de presse, de réunions publiques, de manifestations contre la venue de dirigeants fascistes, de diffusions massives de tracts, de concerts ...

Le député européen travailliste Glyn Ford explique les enjeux ici ... (en anglais)

Love Music Hate Racism

Unite Against Fascism

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22 mai 2009

 

Comment les services secrets britanniques utilisent le chantage pour recruiter des 'indics' au sein de la communauté musulmane

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Lu dans The Independent ... (en anglais)

"Travaillez avec nous ou on vous accusera d'être des terroristes"

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"Convergences et alternative" : Pour un NPA fort ... et unitaire

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La constitution d'un courant unitaire, appelé "Convergences et alternative", au sein du Nouveau parti anticapitaliste (NPA) est une bonne nouvelle. Voici le texte de la déclaration du courant:

DECLARATION DE CONSTITUTION DU COURANT « CONVERGENCES ET ALTERNATIVE » DU NPA

Le congrès de fondation du Nouveau parti anticapitaliste (NPA) a confirmé un premier succès. De nombreux-ses militant-e-s l’ont rejoint à la recherche d’un instrument nouveau pour agir sur le terrain politique et créer une alternative de gauche correspondant à leurs actions dans les luttes et le mouvement social. Mais, le congrès passé, les attentes et les interrogations restent nombreuses. Une série de débats demeurent inachevés sur des questions qui vont pourtant déterminer dès maintenant l’avenir du parti. C’est pour peser sur les choix à opérer que nous avons décidé de constituer un « courant » au sein du NPA, afin de proposer à ses militants une orientation immédiate, face à l’urgence qu’impose la crise économique, politique, sociale et écologique, pour refonder une gauche digne de ce nom. Notre constitution en tant que parti ne doit pas signifier la fin d’un processus mais le début d’une nouvelle phase d’élaboration, de rassemblement et de convergences. En même temps, nous voulons contribuer à l’élaboration programmatique à plus long terme sur une série de débats cruciaux laissés ouverts par le congrès de fondation. /.../

Lire la suite sur le site du NPA Loire Nord...

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21 mai 2009

 

Après le raz-de-marée électoral du Parti du Congrès: Où va l'Inde ?

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Un article par Mira Kamdar paru dans Le Monde Diplomatique: Plus d'excuses: le Parti du congrès indien à l'épreuve

Indian voters give Communists a battering, par Yuri Prasad (en anglais)

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Irlande: Un nouveau rapport accable l'Eglise catholique

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Un nouveau rapport souligne le rôle joué par la hiérarchie catholique en Irlande dans l'affaire des abus sexuels pratiqués sur des enfants par des religieux catholiques, et notamment par des membres de deux ordres - celui des Christian Brothers (sic) et celui des Sisters of Mercy (re-sic).

Ce qui peut surprendre les plus naîfs dans ce scandale - dont les faits sont maintenant archi-connus - est que, selon le rapport, des abus systématiques allant du viol aux châtiments corporels les plus vils étaient courants dans toutes les institutions pour jeunes garçons gérés par des religieux (et dans une partie 'seulement' des institutions pour jeunes filles).

Dans cet article publié dans The Belfast Telegraph, et repris par The Independent, Eamonn McCann explique Pourquoi le pape devrait prier pour que les victimes pardonnent au Vatican son rôle dans l'affaire des abus sexuels (en anglais).

L'auteur est un journaliste et militant révolutionnaire. Il a joué un rôle important dans le mouvement pour l'égalité des droits des catholiques en Irlande du Nord en 1968-69. Il est membre du Socialist Workers Party (Irlande). Il est l'auteur d'un livre sur la religion en Irlande: 'Dear God: The price of religion in Ireland' (Bookmarks, 1999).
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De son côté, l'éditorialiste du Irish Times (le journal de référence en République d'Irlande) conclut que les abus "n'étaient pas aussi mauvais que tout le monde suspectait - ils étaient pire" (au moins 800 prédateurs sexuels dans 200 institutions différentes sur une période de 35 ans). La hiérarchie religieuse n'a pas seulement couvert ces agissements - elle a délibéremment continué à nommer des récidivistes connus, et souvent les sujets de plaintes enregistrées par la police, à des positions où ils pouvaient encore sévir. "Ces abus ne sont pas le symptôme d'un échéc du système - ils étaient le système", continue-t-il.

L'éditorialiste conclut que deux mots doivent être utilisés pour décrire ces pratiques: la torture et l'esclavage. Un petit exemple suffit pour donner une idée de la philosophie de ces monstres en soutane: la pratique qui consistait à dire à des enfants victimes d'abus qu'ils ne devaient pas se plaindre car leurs parents étaient morts, alors que les religeiux en question savaient qu'ils étaient bien vivants.
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Le journal du Socialist Workers Party (Irlande) commente également le Ryan report: L'Etat sauve les banques ... et les pédophiles religieux (en anglais)

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La gauche radicale aux Européennes 2009



Meeting à Marseille, le 16 mai 2009, avec la participation de Ken Loach

Site de campagne du NPA

Tract: Leur Europe n'est pas la nôtre







Le site du Front de Gauche

Tract: Sanctionner Sarkozy







Les candidat(e)s de Lutte Ouvrière

Et une gauche un peu moins radicale : Europe Ecologie

DES NOUVELLES DES ELECTIONS EUROPEENNES

Jean-Luc Mélenchon fait campagne dans le Sud-Ouest ... (infatigable, Mélenchon revendique le titre du 'plus unitaire')

Le NPA ou le vilain petit canard, par Philippe Corcuff ... (bien écrit, mais rien de nouveau par rapport à la ligne majoritaire du NPA)

L'éditorial d'Arlette Laguiller: Le seul vote utile, c'est le vote 'Lutte Ouvrière' ... (un peu fort, quand même)

Gérard Filoche estime que les slogans électoraux du PS sont en contradiction avec son soutien au Traité de Lisbonne, et que son parti "ne suit pas une évolution linéaire vers le social-libéralisme". Il appelle à voter "à gauche" et à se battre au sein du PS pour la motion C du courant Un monde avance (UMA). Il y croit encore, Filoche ! Comme d'habitude, une excellent dénonciation du sarkozysme.

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18 mai 2009

 

La Bourse ou la vie: Les salariés de Continental manifestent à Paris

"La Bourse, c'est le symbole de la crise mondiale. C'est dans ces endroits-là qu'on a spéculé avec la sueur des ouvriers pendant des années, et voilà le résultat. Ils ont joué, ils ont perdu, ils ont une crise, mais on ne paiera pas pour eux."

Xavier Mathieu, délégué CGT de Continental. (Reuters)

Lire l'article de Reuters ici ...

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17 mai 2009

 

Leçons de Strasbourg : Construire un mouvement contre la guerre globale



Un texte de Denis Godard

Il faudrait un livre pour lister tous les obstacles mis aux manifestations contre le sommet de l'Otan à Strasbourg dans leur préparation, leur mobilisation et leur réalisation.
Malgré cela le vœu de Sarkozy d'une ville sans manifestants n'a pas été exaucé. Encore une fois la rue a plus fait la une des médias que le sommet lui-même.
Et la volonté de mettre en avant les manifestants "casseurs" s'est retournée assez largement en une remise en cause de l'action des forces militaro-policières exposant la nature du dispositif militaire déployé pour tenir ce sommet.(1)
Cet aspect positif du bilan ne doit pas nous empêcher de tirer, sans complaisance, les leçons de Strasbourg en regard des exigences que posent à notre mouvement la remise au premier plan de l'Otan et le type de moyens utilisés pour empêcher toute contestation.
Ce texte se veut une contribution pour développer ce débat pour avancer vers la recherche de solutions communes en l'absence desquelles nous serions tous et toutes perdants.

De quoi l'Otan est-elle le nom ? La retour du "Grand jeu"

L'importance mise sur ce sommet par les pouvoirs en place est le reflet d'un choix politique. D'organisation de second plan dans la stratégie unilatérale des Etats-Unis sous l'administration Clinton et surtout Bush (on l'utilise quand c'est possible, sinon on fait sans), l'Otan redevient un outil central pour la stratégie impérialiste des Etats-Unis ainsi que pour l'Allemagne et la France. (2)
La conjonction, la même semaine, des sommets du G20 à Londres et du sommet de l'Otan à Strasbourg, n'est pas un simple hasard de calendrier. Dans un contexte de crise profonde du capitalisme, elle a permis de mettre en évidence les liens entre la domination économique de la planète par les grandes puissances et les moyens militaires dont elles se dotent pour assurer cette domination. Ce devrait être une leçon fondamentale à tirer pour notre mouvement parfois tenté de séparer les questions sociales des questions de solidarité internationale et de lutte contre la guerre.
Il y a pourtant quelque chose qui a rarement été souligné dans cette conjonction. Tous les pays représentés à Londres ne l'étaient pas à Strasbourg, en premier lieu la Russie ou la Chine.
L'Otan est une alliance entre certaines puissances. Or toute alliance est exclusive autant qu'inclusive : elle définit ceux qui sont "avec" autant que ceux qui sont "contre". Nicolas Sarkozy en a donné le fondement idéologique quelques semaines avant Strasbourg en parlant de l'évidence de la "famille occidentale", justification aux relents racistes évidents. Mais cela ne fait que recouvrir le véritable ressort de cette alliance, explicitement présent dans tous les documents stratégiques de l'administration US depuis des années : la nécessité d'utiliser sa domination militaire pour prévenir dans les décennies à venir l'émergence de puissances économiques concurrentes, en premier lieu la Chine.
Et l'Otan n'est pas n'importe quel type d'alliance, c'est une alliance militaire. Moins que jamais, sur le marché international, la concurrence entre capitalistes ne se règlera par le libre jeu du marché. De ce point de vue nous revenons à ce qui fut appelé le "Grand jeu" des alliances au début du XXè siècle et qui a préparé les deux guerres mondiales du siècle passé. Ce "Grand jeu" est fluctuant et les alliances ne sont pas figées mais sa tendance principale est claire : il s'agit pour les Etats-Unis d'isoler et marginaliser le plus possible (diplomatiquement et militairement) la Russie mais surtout la Chine.
On comprend mieux dans cette perspective stratégique l'importance de la Turquie ou du Pakistan pour les Etats-Unis ainsi que leurs tentatives pour au moins neutraliser l'Iran (y compris en se montrant aujourd'hui prêts à négocier avec un régime hier caractérisé comme terroriste).
Les puissances impérialistes "secondaires", dont la France, peuvent bouger dans ce "Grand jeu" en fonction de l'évolution des rapports de forces et de leurs intérêts spécifiques. Mais leurs politiques, quelques soient les prétextes donnés (comme Villepin contre l'invasion de l'Irak), n'ont et n'auront d'autre fondement que la défense des intérêts de leur propre classe dirigeante. Jamais l'opposition à la puissance impérialiste principale que sont les Etats-Unis ne devrait nous amener à soutenir les positions de notre propre classe dirigeante ni à favoriser la moindre illusion quant à ses intentions.
Dans le conflit pour l'hégémonie mondiale, préparation de la guerre impériale et aggravation de la guerre sociale vont de pair dont les victimes sont ici comme ailleurs les travailleurs et les peuples.

La globalisation de la guerre

Les conséquences de cette situation devraient déterminer les grandes lignes de la stratégie de notre mouvement et de ses délimitations :
1 - Quelques soient ses spécificités historiques chaque zone de tension dans le monde devient plus directement un enjeu du positionnement des différentes puissances : il y a une globalisation de la guerre. Le nouvel incident diplomatique entre la Russie et l'Otan autour des manœuvres militaires en Géorgie en est un exemple. L'Otan comme outil des impérialismes dominants et moteur d'accélération des tensions devrait être notre cible principale et non plus spécifiquement tel ou tel conflit. Ou plutôt l'importance mise sur tel ou tel conflit doit être déterminée par son importance dans la stratégie de l'Otan (comme l'est l'Afghanistan aujourd'hui...). Plus que jamais Israël est un allié clef pour l'Otan.
2 - Ce "Grand jeu" des recompositions entraîne une poussée, dans tous les pays, du militarisme, renforcement et sophistication de l'armement et des dispositifs militaires. Il ne faut pas se faire d'illusion sur les propositions d'Obama sur le désarmement nucléaire. Leur manque d'inefficacité vient du cynisme qui les sous-tend : il s'agit pour la puissance militaire hégémonique de se donner les moyens de limiter les prétentions des autres aux ressources dont elle dispose elle-même. Ces propositions permettront en outre de justifier demain des mesures plus radicales envers des Etats qui "mettent en danger la paix mondiale". Notre mouvement doit refuser de tomber dans le piège. Il faut exiger, sans compromis, la destruction des arsenaux nucléaires des principales puissances alliées de l'Otan, en premier lieu les Etats-Unis, la France ou Israël.
3 - Cette poussé du militarisme est étroitement liée aux questions économiques. D'abord parce qu'elles en sont à l'origine. La compétition sur la scène internationale, exacerbée par la gravité de la crise, exige aussi le renforcement de la guerre sociale dans chacun des pays. Mais le militarisme devient aussi une cause : l'allocation nationale des ressources vers l'industrie de guerre impose des choix budgétaires qui se font au détriment des besoins sociaux. Combattre toutes mesures de renforcement du militarisme doit être combiné à la dénonciation des restrictions dans les budgets sociaux.
4 - La globalisation de la guerre n'est pas uniquement géographique, elle signifie aussi une évolution de toutes les institutions. Militarisation des relations internationales et renforcement des politiques et des dispositifs sécuritaires vont de pair. La lutte contre ces politiques et ces dispositifs et la solidarité avec ceux et celles qui en sont victimes deviennent, plus que jamais, une composante du mouvement contre la guerre globale.
5 - Les classes dirigeantes doivent impérativement construire des consensus nationaux autour de la défense de leurs intérêts. D'où le renforcement des offensives racistes et le retour des valeurs supposées occidentales. Le combat contre cette offensive fait intégralement partie de notre lutte.

La question de la violence

La question de la violence n'est plus ni une question abstraite ni une question que l'on peut contourner au sein du mouvement pour des raisons objectives issues directement du durcissement des antagonismes sociaux. Quelques soient les divergences stratégiques que nous puissions avoir au sein de notre mouvement quant à l'utilisation de la violence, il y aurait quelque obscénité à accepter de comparer la violence des manifestants à celle d'un système construit sur la violence de masse préméditée, celle de la dette et des centaines d'immigrants qui meurent sur nos côtes, celle de la destruction de milliers de vie au travers des licenciements de masse sans parler de la destruction de l'environnement et des guerres dites préventives.
Par ailleurs nous devons désormais tenir compte du fait que la militarisation des relations internationales s'accompagne aussi d'une militarisation, par les Etats, de la "gestion" des rapports sociaux dont Strasbourg n'est qu'un symbole.
Il y a de l'hypocrisie ou au moins de la naïveté de la part de ceux et celles qui dans notre mouvement ont joint leur voix aux critiques de la violence des manifestants à Strasbourg. Comment était-il possible d'appeler à venir manifester dans une ville transformée en bunker sans prendre en compte cette question ?
L'équation est plus complexe qu'une alternative entre non-violence de principe ou violence de la résistance. Pour ne pas capituler devant toute menace d'usage de la violence par le pouvoir(3), il nous faut élaborer une stratégie de prise en compte de la violence dans nos confrontations avec lui pour agir de manière efficace et en limiter les conséquences dans notre camp.
Il nous faut par ailleurs tenir compte du fait que la violence est aussi, de la part du pouvoir, une arme idéologique pour diviser notre mouvement entre supposés "radicaux" et "modérés". Cette capacité à nous diviser a été favorisée, dès la préparation de notre mobilisation, par la quasi-absence de coordination entre deux composantes du mouvement, que je qualifierai de légaliste et insurrectionniste.


L'impasse du légalisme

De ce point de vue, une des leçons de Strasbourg pour notre mouvement est l'impasse du légalisme. C'est la politique qui a dominé dans les instances internationales organisant le contre-sommet de Strasbourg. Dans cette optique il s'agissait de négocier, a priori, avec les institutions les modalités d'expression de la contestation. On ne peut évidemment réduire cela à une question technique ou tactique. Cette politique est liée à une compréhension des institutions (y compris policières) comme instances légitimes et démocratiques dont nous pourrions contester la politique mais pas l'existence. Soyons clairs, cette position politique a toute sa place dans le mouvement antiguerre et plus généralement dans le mouvement social ne serait-ce que parce qu'elle influence largement des millions de ceux et celles que le système exploite et opprime. Il n'empêche que Strasbourg en a révélé l'impasse.
Cela a d'abord conduit à accepter des conditions d'organisation de la contestation qui paralysait celle-ci. Le seul endroit accordé par les autorités pour loger les manifestants était le village dans des conditions excluant un grand nombre de participants éventuels (camping et distance du centre) et favorisant l'action des forces de police pour marginaliser les manifestants. Le lieu du contre-sommet, à des kilomètres du centre-ville a permis d'éviter d'en faire un centre réel de débats, d'organisation et de coordination de l'ensemble des événements. Enfin le lieu et le trajet de la seule manifestation "légale", le samedi, était une parodie de nos possibilités d'expression qui ne pouvait que refroidir les ardeurs des manifestants potentiels : à quoi bon dépenser argent et énergie pour participer à une manifestation totalement symbolique ?
Nombreux sont ceux et celles qui pourraient en tirer la conclusion que, tant qu'à faire, il vaut mieux multiplier des manifestations dans leur propre ville plutôt que sur le lieu où se tient le sommet.
Tous ces éléments favorisaient la fragmentation du mouvement entre ceux et celles qui ne voulaient pas se résigner à un sentiment d'impuissance et les courants voulant, malgré tout, mettre en avant l'expression unitaire et massive de la contestation.
De plus Strasbourg a démontré la réalité des engagements d'un pouvoir qui avait déclaré que son objectif était d'empêcher toute manifestation dans Strasbourg. Ces engagements, pourtant déjà ridicules, ont été allègrement piétinés le samedi de la manifestation. Une partie des cortèges allemands n'a pu franchir le pont de l'Europe. L'accès au lieu de départ de la manifestation pour les cars venant de toute la France comme pour ceux et celles arrivant par la gare et le centre de Strasbourg a été un parcours du combattant.
La question n'est pas de refuser ici l'idée même de négociation (cela reviendrait à nier la réalité actuelle des rapports de forces) avec les institutions mais de savoir sur quelles bases nous menons celles-ci.

L'impasse de l'insurrectionisme

Quelles que soient les raisons précises du pouvoir à un tel dispositif militaire pour protéger le sommet, celui-ci a mis en évidence l'impasse de toutes les tentatives d'action directe, y compris non-violentes, pour bloquer le sommet. Aucune de ces actions n'a atteint ses objectifs minimum. Sans en rajouter ici à la critique dévastatrice des désobéissants faite dans le journal CQFD (ou l'ironie facile sur l'échec des plongeurs interceptés de Greenpeace), même les courants les plus organisés (la "Gauche interventionniste allemande" ou le réseau Dissent) ont en partie au moins implosé devant le niveau d'engagement requis par le dispositif militaire du pouvoir qu'ils avaient largement sous-estimé(4). La Gauche interventionniste allemande qui revendiquait plusieurs milliers de manifestants à Strasbourg n'a, semble-t-il, jamais pu les rassembler dans la matinée pour des blocages ce qui a réduit à néant son intention de faire un cortège cherchant à forcer les barrages policiers lors de la manifestation de l'après-midi. En ce qui concerne le réseau Dissent dont l'objectif était une violence dirigée contre des symboles matériels du capitalisme et non une confrontation directe avec la police, il semble que ce réseau ait été débordé, dès les manifestations du jeudi par les provocations de celle-ci à une confrontation directe ainsi que par la volonté d'une partie des manifestants "d'y aller".
Ceci dit, certains en tireront la conclusion que Strasbourg n'invalide pas en soi cette stratégie mais simplement le fait que "nous" n'étions pas suffisamment préparés. Un des arguments de certains courants dits "autonomes" sera de dire, qu'au travers ces confrontations ils ont fait la preuve de la nécessité d'une préparation "militaire" (et d'un niveau d'armement) plus important. Cette position fait peu de cas du fait que, sur le terrain uniquement "militaire", notre mouvement sera toujours dans un rapport de forces dissymétrique vis-à-vis des capacités militaires du pouvoir. Après les manifestations de Gênes, le dirigeant de Ya Basta qui avait organisé le pôle de milliers de manifestants préparés à la confrontation directe non-violente avec la police(5), Luca Casarini, expliquait lui-même : "Accepter la logique des affrontements militaires serait à la fois une folie et un suicide politique. Notre mouvement ne peut se mettre au niveau de leur puissance militaire. Nous serions écrasés. [...] La phase de la désobéissance civile est terminée. Désormais nous devons évoluer vers la désobéissance sociale". Il ajoutait quelques jours plus tard : "Nous devons faire un troisième choix entre abandonner l'idée de changer le monde ou finir avec un petit nombre de manifestants militarisés." Il finissait en appelant à de plus grosses mobilisations comme seule solution, lançant un appel aux dirigeants des syndicats : "Décidez de quel côté vous êtes. Vous ne pouvez plus rester au milieu. Vos droits seront eux-aussi bientôt menacés."

La troisième voie : démocratie de masse

Il s'agit d'identifier quel pouvoir nous pouvons opposer à celui des classes dirigeantes qui ne disposent pas seulement d'un appareil militaro-policier professionnel et centralisé mais disposent aussi largement des leviers essentiels de la domination idéologique.
Une des raisons pour lesquelles le pouvoir actuel doit développer ses capacités de répression de la résistance est l'affaiblissement de sa légitimité "démocratique". L'importance des mobilisations comme celles de Strasbourg est justement d'accroître cette crise de légitimité en démontrant que les choix politiques faits par les classes dirigeantes se font à l'encontre des intérêts exprimés par la majorité. Depuis les manifestations de Seattle en 1999 les dirigeants du monde ne peuvent se réunir que sous haute protection militaire tandis que des dizaines de milliers de manifestants expriment, dans la rue, l'idée qu'un autre monde est possible. Le 15 février 2003, 30 millions de manifestants, ont exprimé dans les capitales du monde entier, que la guerre en Irak ne pouvait se faire "en leur nom". Là où le traité constitutionnel européen a été soumis à débat et referendum comme en France, il a été rejeté par la population amenant les élites dirigeantes à limiter toute possibilité d'expression institutionnelle réellement démocratique. Les mêmes dirigeants qui justifiaient la guerre par la nécessité d'étendre la démocratie (qu'ils associaient imprudemment à l'économie de marché) refusent d'accepter le résultat des urnes en Palestine ou le résultat des sondages qui réclament la fin de l'occupation en Irak.
A l'inverse notre mouvement doit favoriser l'expression démocratique la plus absolue pour exposer l'absence de légitimité des choix politiques des classes dirigeantes et faire basculer des centaines de milliers de "gens normaux" dans le mouvement. C'est pour cela que dans le cas de manifestations comme Strasbourg notre premier pouvoir vient du nombre de manifestants qui défilent dans les rues.
Au moment où la militarisation de la répression limite les capacités à ne serait-ce que perturber des sommets comme celui de Strasbourg, il est évident que la convergence de centaines de milliers de manifestant-e-s aurait été l'arme la plus sérieuse pour entraver l'organisation du sommet. Par ailleurs, si, comme cela a été argumenté, les organisateurs avaient refusé les conditions inacceptables du pouvoir, menaçant d'organiser le contre-sommet sous forme de meetings de rue dans Strasbourg - s'adressant directement à la population dont on voulait nous isoler. Si nous avions, de manière unitaire, menacé d'organiser, sous une autre forme, la manifestation avec plusieurs cortèges partant du sud de la ville, coordonnés mais rassemblés selon leurs affinités stratégiques, ce sont les autorités qui auraient été rejetées dans la défensive.
Il y a un lien entre les impasses du légalisme et de l'insurrectionisme lors des manifestations de Strasbourg et les impasses auxquelles ces stratégies mènent dans la construction même de la mobilisation. Car ces deux stratégies ont une chose en commun : elles se concentrent sur l'action d'une minorité, que ce soit pour négocier avec les institutions ou pour les affronter. D'où leur peu de souci à impliquer largement dans l'organisation de la mobilisation ou pour trouver les modalités de coordination les plus larges des différents courants susceptibles de s'impliquer.
Une mobilisation efficace ne peut reposer que sur la tentative de
construire des assemblées publiques à tous les niveaux possibles permettant l'implication la plus large et démocratique y compris dans les décisions prises. Les organisations existantes ne peuvent se substituer à l'expression démocratique mais doivent démontrer leur capacité à favoriser celle-ci. Que ce soit par pessimisme sur les potentialités qui existent "à la base" ou par volonté de garder le contrôle, les structures qui restent des cartels d'organisations deviennent rapidement des obstacles à une véritable dynamique de mobilisation surtout dans une période où ces mêmes organisations connaissent elles-mêmes une crise de légitimité et où aucune d'elles ne peut plus prétendre représenter autre chose qu'une extrême minorité de la population.

Obstacles politiques

Là encore Strasbourg doit servir de leçon. Même si nous devons nous réjouir de la présence de plusieurs dizaines de milliers de manifestant-e-s à Strasbourg, il faut s'interroger sur la comparaison entre ce chiffre et les millions de manifestant-e-s de la journée du 19 mars ou les centaines de milliers des manifestations de solidarité avec Gaza en janvier.
Il ne s'agit pas ici de prétendre qu'il y aurait un lien mécanique entre ces différentes mobilisations et de comparer terme à terme pour dire qu'il aurait pu y avoir des millions de manifestants Strasbourg. D'autres facteurs jouent ici notamment le fait que le chiffre de manifestants concentrés dans une ville ne peut atteindre celui de la combinaison de manifestations locales. Cependant la différence entre les chiffres est suffisamment considérable pour nous interroger sur ses raisons.
Il y a des questions de contenu politique. Alors que l'agression de Gaza par Israël entraînait des dizaines de milliers à manifester leur dégoût et leur colère dans les rues, la plupart des organisations impliquées dans la campagne contre l'Otan refusèrent de soutenir, en tant que telle, ces manifestations. De même la plupart des organisations de solidarité avec la Palestine refusèrent, de fait, de faire de la campagne contre le sommet de l'Otan un élément de leur campagne de solidarité avec la résistance en Palestine.
A l'exception de Solidaires et de la FSU, les syndicats (salariés comme étudiants) ont refusé de s'impliquer dans la campagne contre l'Otan même lorsqu’il leur était proposé de le faire sur leurs propres bases.
Pour certain-e-s dans ces mouvements l'obstacle est directement politique. Sans doute le cas d'Israël est le plus évident. Lier d'une manière ou d'une autre la question palestinienne à un conflit global avec l'impérialisme, c'est faire de l'existence de l'Etat d'Israël un des éléments du système impérialiste dominant. Ce faisant on ré-ouvre alors un débat sur la légitimité même de l'Etat d'Israël, débat que beaucoup refusent. C'est pourtant ce qui, pour nous, au-delà de l'analyse, permettrait à la cause palestinienne de sortir de l'extrême dissymétrie actuelle du rapport de forces et de se concevoir dans un alliance potentielle avec les autres peuples de la région et avec les mouvements de résistance à l'impérialisme dans le monde. Cela permettrait par ailleurs de sortir du cercle mortifère sur la nature ethnique ou religieuse du conflit.
On trouvera de même des problèmes politiques derrière le refus de certain-e-s dans le mouvement social, notamment syndical. Le problème n'est pas (ou alors qu'hypocritement) dans le refus d'intervenir sur des questions dites politiques. Après tout la plupart des syndicats ont pris position contre la guerre en Irak. La direction de la CGT s'était retirée de la coordination contre la guerre en Irak, non par refus d'aborder ces questions, mais parce qu'elle s'opposait au mot d'ordre du retrait sans préalable des troupes d'occupation. Il était, selon elle, de la responsabilité des forces d'occupation désormais, de tout faire pour organiser une transition vers la démocratie avant son retrait! La transition qu'organisent les forces d'occupation n'a, comme l'agression, rien à voir avec la démocratie. C'est une transition qui vise à garantir les intérêts des multinationales occidentales (raison pour aquelle la diplomatie française a tu ses anciennes critiques et s'active désormais en Irak) et le maintien de bases militaires pour l'Otan. Cette position de la direction de la CGT témoigne d'un problème politique plus général, l'idée d'une responsabilité partagée avec "nos" institutions (nationales et internationales) pour œuvrer à la défense de "nos" intérêts, ultimement l'idée que la défense de "nos" emplois passe par la défense de "nos" entreprises.

Contenu et forme

Mais la politique d'abstention vis-à-vis de la campagne contre l'Otan a aussi été parfois relayée par des militant-e-s qu'on ne peut suspecter de telles positions. Les arguments les plus fréquents étaient le manque de conscience général du lien entre ces différentes questions et la nécessité de se donner des priorités pour être efficaces.
Ces augments ont une forte part de vérité et doivent être pris au sérieux, surtout quand ils viennent de militant-e-s "de terrain". Le problème est qu'ils justifient une situation qui doit être dépassée plutôt qu'ils ne pointent vers une solution au problème. Comment développer la conscience du lien entre différentes questions sans mener campagne pour convaincre de ces liens ? Jusqu'à quel point, par souci de se donner des priorités, laisserons-nous, dans le mouvement de solidarité avec la Palestine comme dans le mouvement social, dominer des idées qui, tôt ou tard les paralyseront voire les détruiront ?(6)
Après tout, et c'est là le lien entre le contenu et la forme des mobilisations, les milliers de manifestant-e-s de Strasbourg sont aussi des salarié-e-s et des étudiant-e-s, parfois syndiqué-e-s qui, pour la plupart, ont aussi participé aux manifestations de solidarité avec Gaza. Ce sont autant de points d'appui pour commencer à argumenter avec leurs collègues, dans leur milieu (famille, amis, quartier) quitte à, parfois, devoir se confronter aux directions d'organisations qui refusent d'établir ces liens pour des raisons directement politiques. C'est un argument supplémentaire pour mettre en place des structures de mobilisation qui permettent de les coordonner, qui permettent d'ouvrir publiquement ces débats au delà des réunions limitées aux directions des organisations existantes.

La troisième voie : le pouvoir social

Mais il existe un autre argument qui rend le lien avec le mouvement social et son intervention sur le champ des luttes politiques et de la lutte contre le militarisme particulièrement important pour notre mouvement.
La question du nombre de participant-e-s au mouvement et aux manifestations ne résout pas totalement la question de la violence. Si le nombre est crucial pour développer la crise de légitimité des classes dirigeantes et peut parfois perturber un sommet voire mettre en difficulté certaines décisions politiques, il ne peut suffire à bloquer la capacité des classes dirigeantes à mener leur politique lorsqu'elles y sont absolument déterminées. L'exemple de l'agression de l'Irak devrait suffire à nous en convaincre. Bloquer le système dans ses volontés de guerre et son utilisation de la violence exige d'opposer au pouvoir centralisé de l'Etat et à son monopole de la violence un pouvoir qualitativement supérieur. Ce pouvoir doit avoir une réalité ne serait-ce que potentielle qui peut être mobilisée et non pas une illusion. Ce pouvoir potentiel nous l'avons, c'est celui des travailleurs. Pour organiser un sommet il faut des trains et des avions, des moyens de télécommunications, des logements, etc. Pour développer l'organisation militaire, sans même parler d'intervention armée, il faut toute une industrie mise à ce service. Or ce que les travailleurs savent produire et faire fonctionner, ils et elles savent aussi le bloquer. Il est plus facile pour la police, en utilisant la violence, de dégager une voie occupée par des manifestants que de faire fonctionner des trains immobilisés par une grève de tous les cheminots.
Cela semblera sans doute encore plus irréaliste que la perspective de mobiliser des centaines de milliers de manifestant-e-s. L'histoire permettrait de montrer qu'il y a des situations où cela est possible. La question est d'abord d'en favoriser les conditions. Là encore la construction d'un mouvement qui établit des liens avec les syndicats ou au moins des syndicalistes, qui développe un potentiel de masse permet d'aller dans ce sens. La situation où les mouvements de grève se multiplient sur des questions économiques ne peut par ailleurs que favoriser l'idée que l'arme de la grève peut aussi être élargie à d'autres fins qui concernent autant notre avenir que nos strictes conditions de travail.
Cette perspective est par ailleurs celle qui permet de s'opposer aux raccourcis illusoires, qui peuvent trouver une audience dans les
impatiences et les colères légitimes, ceux du légalisme comme ceux de l'insurrectionisme.

Comment faire à partir de maintenant ?

Il s'agit de répondre à plusieurs questions qui peuvent apparaître comme autant de contradictions :
- Comment combiner les délimitations nécessaires défendues dans cette contribution et l'unité la plus étendue, y compris à des courants qui ne partageront pas l'ensemble de ces délimitations ?
- Comment combiner l'existence nécessaire de mouvements dont les spécificités dépassent largement les revendications "minimum" d'un cadre global (comme la solidarité avec la Palestine, les luttes sociales ou la lutte antiraciste) et ce cadre global sans qu'aucun n'en pâtisse ?
- Comment unir des courants dont les stratégies de lutte et de mobilisation sont différentes ?
- Comment combiner un cadre aujourd'hui existant et qui est un acquis mais qui est un cartel d'organisation et construire la possibilité d'une dynamique de mobilisation plus ouverte ?
Mon point de départ est effectivement l'exigence des délimitations minimum nécessaires pour l'efficacité même d'un mouvement contre la guerre globale (celles décrites au début de ce texte dans le paragraphe "La globalisation de la guerre"). Est-ce à dire qu'en dehors de celles-ci il n'y a pas de mouvement possible ? Absolument pas. Plus une mobilisation "fonctionne" et plus elle entraîne un spectre hétérogène de positions. Mon argument est simplement (simplement !) que, vis-à-vis des exigences de la période, seul un mouvement construit sur ces bases pourra résister aux pressions et être moteur pour entraîner plus largement contre la guerre. Pour cela il devra, à chaque étape et sur chaque question précise être capable de proposer l'unité la plus large sans faire de toutes ses délimitations propres un préalable.
Par ailleurs ce mouvement devrait être une sort de parapluie capable de coordonner différentes campagnes spécifiques, déjà existantes ou amenées à exister, sans jamais se réduire à l'une d'elles ni à devoir en assumer tous les aspects spécifiques. Pour ne prendre que l'exemple du mouvement de solidarité avec la Palestine, en soutenir et relayer les manifestations n'exige ni de les prendre toutes en charge ni de devoir prendre position sur toutes les campagnes que mènent ses différentes composantes.
En ce qui concerne les stratégies de mobilisation, il faut s'inspirer de ce qui s'est mis en place dans l'organisation du mouvement altermondialiste. L'accord doit se faire sur deux principes, le respect des options différentes et la nécessité de rechercher l'expression la plus massive possible de notre contestation. Est exclue de cet accord toute politique qui vise à imposer l'action d'une minorité (que ce soit dans les institutions ou dans la rue) à l'ensemble du mouvement.
La dernière question est sans doute, techniquement la plus compliquée, parce qu'elle touche directement au concret et au lien entre ce qui existe déjà pratiquement et ce qui n'existe pas encore. Le cadre existant qui a, en grande partie, organisé une partie de la mobilisation contre le sommet de Strasbourg en France, est un acquis qu'il ne faut en aucune mesure détruire. Pour différentes raisons il serait surprenant que ce cadre accepte d'évoluer totalement vers ce qui a été exposé ici. Construire un autre cadre unissant seulement certaines des organisations sur les délimitations exposées ici détruirait ce cadre existant pour un cadre plus restreint reproduisant par ailleurs certaines de ses limites.
A mon avis la seule option susceptible de commencer à construire le mouvement parapluie dont il est question ici, un mouvement contre la guerre globale capable de servir de moteur aux mobilisations contre le militarisme et la guerre impériale, repose dans le lancement d'un appel par des représentants/membres de courants, organisations et secteurs différents de ce mouvement, de militant-e-s syndicaux, associatifs et politiques et d'artistes. Cet appel pourrait ouvrir une campagne de signatures et de soutiens, susciter l'organisation d'assemblées locales et/ou d'états généraux nationaux permettant de créer une dynamique qui serait non pas contradictoire mais complémentaire de ce qui existe déjà.

Denis Godard



1 - Juste trois points pour illustrer cela :
- le nombre de forces déployées (allemandes et françaises) correspondait à presque la moitié des forces d'occupation pour l'ensemble de l'Afghanistan
- toutes proportions gardées le dispositif avec ses check-point et les hélicoptères rapprochait soudain Strasbourg des images des villes occupées en Irak ou en Palestine
- il faut noter que si les frontières étaient fermées pour les simples citoyens ce n'était pas le cas pour les forces de police
Par ailleurs une des pistes à creuser pour notre mouvement est l'identité des dispositifs employés pour les interventions armées externes et la répression de la contestation interne et la normalisation (depuis Vigipirate notamment) de l'utilisation de l'armée sur le territoire.

2 - L'objet de cette contribution étant de tirer les leçons de cette réorientation stratégique et des conditions qu'elle crée je n'aborde pas ici le débat sur les causes de celle-ci. Il nous faut cependant garder à l'esprit l'importance de l'aggravation de la crise comme accélérateur des contradictions préexistantes et l'échec de la stratégie unilatérale de l'administration US enlisée en Irak et en Afghanistan, contestée jusque dans son propre pays, qui a renforcé les régimes et les mouvements de résistance qu'elle voulait affaiblir et affaibli ceux qu'elle voulait renforcer.

3 - De ce point de vue on ne peut totalement passer sous silence l'irresponsabilité de dirigeants politiques de premier ordre qui ont déserté le terrain le samedi devant la tournure que prenaient les événements. Abandonner l'idée de manifester à cause de la violence des affrontements est une décision qu'on peut critiquer ou justifier mais qui n'est pas illégitime en soi. Mais abandonner le terrain sans l'argumenter publiquement, au moment où les manifestant-e-s se rassemblaient, c'est, de fait, abandonner toute prétention à une quelconque légitimité de direction dans le mouvement. Il ne s'agit pas ici d'une critique faite envers des courants de pensée entiers. Quelques soient les divergences que je peux avoir envers la politique et la stratégie d'organisations comme le PCF ou le Mouvement de la Paix, un dirigeant du PCF comme Francis Wurtz est resté tandis que le Mouvement de la Paix a courageusement tenu de bout en bout sa place dans la manifestation. Marie-George Buffet comme Jean-Luc Mélenchon ont, eux, honteusement déserté le terrain sans même daigner prendre la parole pour tenter de convaincre que ce qui semblait juste pour eux l'était aussi pour l'ensemble des manifestant-e-s. Quant à Oskar Lafontaine, président médiatique de Die Linke en Allemagne, dont la présence était annoncée depuis des mois, on ne l'a jamais vu.

4 - Réaliser cette sous-estimation est ce qui a amené différents courants dont le NPA et les coalitions antiguerre britanniques et grecques à décider finalement d'organiser un cortège le samedi matin à partir du village, entraînant à son arrivée plusieurs milliers de manifestant-e-s pour traverser collectivement la ville jusqu'au lieu de départ de la manifestation. Traverser notamment des quartiers populaires de Strasbourg nous a permis de constater le potentiel de soutien qui existait dans la population de la ville. Vus les rapports de force cette stratégie n'a pas permis ne serait-ce que de perturber le sommet. Elle a cependant permis de montrer qu'on pouvait ainsi collectivement défier l'interdiction de manifester dans Strasbourg tout en garantissant une meilleure protection des manifestants. Elle a aussi joué un rôle important pour permettre à des manifestants préalablement isolés de traverser le pont Vauban bloqué par la police pendant plusieurs heures pour rejoindre le lieu de départ de la manifestation de l'après-midi.
Il faut ajouter à cela que, peu aidés nationalement et internationalement, les camarades du collectif de Strasbourg se sont retrouvés particulièrement exposés à la pression des institutions. Leur sens des responsabilités vis-à-vis des manifestant-e-s venant à Strasbourg a certes pu parfois les amener à penser que rien n'était possible en dehors de ce qui était autorisé. Ils et elles ont cependant été décisifs, sur cette question (sans parler de toute l'organisation sur place) pour éviter, de la part de nos organisations une surestimation du rapport de forces.

5 - Quelques semaines avant le sommet du G8 de Gênes en 2001, Luca Casarini, principal porte-parole de Ya Basta, avait lancé une "déclaration de guerre" contre le sommet et annoncé que son groupe ne reconnaissant pas la validité de la Zone Rouge ils casseraient le mur pour pénétrer dans cette zone. Il avait cependant ajouté aussi que son groupe utiliserait plutôt les moyens de la "désobéissance civile" plutôt que la violence. Des entraînements furent organisés les jours précédents la manifestation pour structurer un cortège utilisant différents systèmes de protection pour permettre à leur cortège de surmonter la violence de la police lors des confrontations.
Attaqué sur ses flancs par la police de manière répétée avant même d'atteindre la zone rouge, le cortège de 15 000 manifestant-e-s dirigé par Ya Basta décida de se replier devant le niveau imprévu de violence de la police.

6 - L'argument de l'intérêt national (commun aux travailleurs et aux patrons) peut rapidement se retourner contre toute résistance aux attaques sociales, aujourd'hui avec les arguments de la nécessaire compétitivité face au dumping social d'autres pays demain avec celui de l'union sacrée.

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Face à l'islamisme: l'autisme

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Un entretien avec François Burgat

/.../ Le label «islamiste» est dangereux car il sous entend que les actions de celui a qui il s’applique ne peuvent avoir de motivations qu’idéologiques et donc illégitimes. Dans l’idéal, il faudrait ne juger les acteurs que sur leurs actes et non sur le vocabulaire et les références qu’ils emploient pour les exprimer et les légitimer. On y verrait alors beaucoup plus clair : bien des modernisateurs démocrates autoproclamés apparaîtraient comme les tyrans qu’ils sont et les islamistes, systématiquement désavoués, comme de possibles partenaires des processus de libéralisation politique et de modernisation.

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15 mai 2009

 

Marxism 2009 à Londres (2 - 6 juillet)

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Le programme détaillé est disponible en ligne (PDF) ...

Marxism 2009 a lieu du 2 au 6 juillet sur un site de l'université de Londres dans un quartier central de Londres, à quelques pas d'Oxford Street et du British Museum (là où Karl Marx a écrit Le capital) et non loin du terminal de l'Eurostar à la gare de St Pancras. Il y aura deux grands meetings - dont un avec un représentant du NPA - et plus de 200 débats sur des sujets très variés. C'est aussi un excellent moyen de se détendre (bar, expos, stands, concerts, pique-nique - grand beau temps assuré) et de rencontrer des militants venus des quatre coins du monde.

Pour s'inscrire, allez sur le site de Marxism 2009 ici ...

Les organisateurs se chargent de vous trouver un hébergement simple si vous en faites la demande.

Et un peu plus tard, la première université d'été du NPA, du 23 au 26 août à Port-Leucate près de Perpignan (apportez votre parapluie cette fois-ci).

Université d'été de La Fédération, du 27 au 30 août à Aubagne (Bouches-du-Rhône)

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14 mai 2009

 

La Fédération des Femmes du Québec contre l'interdiction des signes religieux dans les services publics

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Des féministes pour l'ouverture et la tolérance ...

LA FÉDÉRATION DES FEMMES DU QUÉBEC PREND POSITION – NI OBLIGATION RELIGIEUSE, NI INTERDICTION ÉTATIQUE

Québec, le samedi 9 mai 2009 – Réunies aujourd’hui en assemblée générale spéciale, à Québec, les membres de la Fédération des femmes du Québec (FFQ) ont appuyé la position proposée par leur conseil d’administration sur les signes religieux. En même temps qu’elles s’opposent à l’obligation qui est faite aux femmes de porter des signes religieux ici et ailleurs dans le monde, elles s’opposent également à l’interdiction du port de cessignes au sein de la fonction et des services publics québécois. « Pas d’obligation, pas d’interdiction », de déclarer Michèle Asselin. La Fédération des femmes du Québec s’affirme pour l’intégration et pour la liberté.

Pour élaborer sa position, l’organisme féministe a abordé le sujet sous trois angles : l’analyse féministe, la discrimination que vivent les femmes immigrantes ou racisées et le modèle québécois de laïcité.

L'ANALYSE FÉMINISTE

Dans le débat autour du port de signes religieux, le foulard islamique (hidjab) revient toujours. L’analyse féministe, qui vise l’égalité entre les femmes et les hommes, ne peut ignorer l’existence d’inégalités entre les femmes elles-mêmes. On doit donc tenir compte du croisement des multiples discriminations subies par les femmes issues de groupes ethnoculturels et racisés, discriminations qui les contraignent à des situations de vulnérabilité et d’exclusion encore plus importantes que pour l’ensemble des femmes. Interdire le port de signes religieux dans les institutions publiques aurait pour effet d’augmenter la discrimination à l’égard de femmes déjà discriminées et d’entraver ainsi la poursuite de leurautonomie
financière.

« Les principes de l’analyse féministe s’appuient, entre autres, sur la nécessité de respecter le rythme, les choix, les valeurs et les besoins des femmes concernées », d’ajouter Mme Asselin.

LA DISCRIMINATION VÉCUE PAR LES FEMMES IMMIGRANTES ET RACISÉES

La Fédération des femmes du Québec est d’avis qu’interdire le port de signes religieux dans les institutions publiques aurait pour effet d’augmenter la discrimination à l’égard de femmes déjà discriminées et de les stigmatiser au sein d’autres institutions ou milieux de travail, voire dans l’espace public. Le danger est réel qu’une mesure allant dans le sens de l’interdiction provoque un renfermement sur soi, un repli identitaire, de certains groupes minoritaires dans la société. Cette ghettoïsation favoriserait le maintien de traditions d’origine souvent défavorables aux femmes et, par conséquent, contraires à l’égalité entre les femmes et les hommes. Par sa prise de position contre l’interdiction du port de signes religieux, la FFQ prône plutôt le processus d’intégration à la société d’accueil, à ses valeurs et à ses droits fondamentaux, par un véritable accès à l’emploi tant dans les secteurs public que privé.

LE MODÈLE QUÉBÉCOIS DE LAÏCITÉ

Le modèle qui prévaut au Québec en est un de laïcité ouverte, construit autour du devoir de tolérance. Il reconnaît la nécessité de la neutralité de l’État, mais aussi l’importance que plusieurs personnes accordent à la dimension spirituelle, et assure la protection de la liberté de conscience et de religion. Alors que la liberté de conscience inclut le droit de manifester sa croyance religieuse, la FFQ croit que les institutions publiques québécoises doivent permettre, autant à ses usagères etusagers qu’à son personnel, le port de signes religieux, visibles ou non. La neutralité de l’État est basée sur les actes que celui-ci réalise et non sur l’apparence des personnes qui le composent. En effet, des employées et employés pourraient faire de la propagande ou du prosélytisme tout en n’arborant aucun signe ou symbole religieux, et ainsi, nuire davantage à la neutralité de l’État.

« Les membres de la Fédération des femmes du Québec ont réaffirmé qu’elles sont pour la liberté religieuse, mais contre les intégrismes de toutes les religions. Nous entendons poursuivre sans relâche notre lutte contre les violations commises au nom des religions », de conclure Mme Asselin.

Espèrons que cette prise de position fera réfléchir leurs homologues français(e)s ...

La position de Québec Solidaire

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12 mai 2009

 

Que dit la gauche au sujet du boycott d'Israël ?

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Voici une déclaration des camarades d'EuroPalestine qui ont décidé de soutenir le NPA aux élections européennes :

Chères amies, Chers amis,

La campagne pour les élections européennes, qui se dérouleront le dimanche 7 juin, a commencé. Comme nous l'avions indiqué publiquement, nous avons adressé une demande à tous les partis (sauf à la droite et à l'extrême-droite), leur demandant d'intégrer dans leur campagne le boycott d'Israël, seul moyen de combattre concrètement l'impunité dont bénéficie Israël, face à la colonisation, le nettoyage ethnique et l'occupation qui se poursuivent et s'aggravent en Palestine.

Ce boycott, réclamé par la société civile palestinienne et par des opposants israéliens de plus en plus réprimés, est la seule arme pacifique citoyenne dont nous disposons, puisque nos gouvernements sont engagés dans la collaboration avec le terrorisme d'Etat israélien. Ce qui est particulièrement grave pour nous tous. Pour les Palestiniens, privés de liberté depuis des décennies, pour les Israéliens transformés en brutes sans conscience et sans perspective, pour l'Europe qui s'abîme dans des relations privilégiées avec des criminels de guerre, pour les contribuables européens qui ne cessent de payer la facture des destructions israéliennes dans les territoires palestiniens, et pour la paix dans le monde, qui ne peut exister en même temps qu'une telle négation des valeurs de liberté et d'égalité.

Un seul parti a répondu positivement à cette demande : le NPA, Nouveau Parti Anticapitaliste (animé notamment par Olivier Besancenot).

Ses candidats se prononcent clairement pour le Boycott, le Désinvestissement et des Sanctions contre Israël, tant que cet Etat bafouera le droit international et les droits de l'Homme. La vidéo que voici montre que les candidats du NPA accordent leurs actes à leurs idées : http://www.europalestine.com/spip.php?article4089 , et ceci est de plus en plus rare dans le monde de la politique.

C'est pourquoi EuroPalestine a choisi de les soutenir et de les encourager dans leur campagne, qui dénonce par ailleurs toutes les fomres d'exploitation, de racisme, d'invasion et de pillages, en Europe comme dans le reste du monde.

Le Parlement Européen doit compter davantage d'élus capables de soutenir les droits du peuple palestinien, de ne pas céder aux pressions constantes exercées par le lobby.

En 2004, en l'absence de toute volonté politique de porter cette question cruciale de la Palestine, notre association, EuroPalestine avait présenté une liste de candidats dans la région d'Ile de France, malgré le coût énorme d'une telle opération (plus de 100 000 euros non remboursés, pour une seule des 8 circonscriptions). Une campagne très honorable malgré l'absence de couverture madiatique.

En 2009, nous sommes enfin relayés par un parti qui a plus de poids et de moyens que notre association. C'est bien sûr la conséquence de l'aggravation du massacre du peuple palestinien, en particulier les tueries perpétrées par l'armée israélienne à Gaza, qui ont révolté une grande partie de la population. C'est aussi parce qu'un nombre croissant d'hommes et de femmes, après les grandes manifestations de janvier, sont restés mobilisés, et participent activement à la campagne de boycott d'Israël dans toute l'Europe. Ils montrent l'exemple à ceux qui prétendent les représenter, mais qui sont le plus souvent absents quand il s'agit de s'opposer dans les faits à Israël et à ses soutiens.

En 2004, Dieudonné faisait partie de la liste EuroPalestine, parce que Dieudonné défendait des principes. Il s'était présenté contre le Front national à Dreux, et il avait eu le courage de monter au créneau contre les colons israéliens.Le lynchage médiatique, dont il fut alors victime, l'a amené à faire des choix que nous condamnons, et qui n'ont rien à voir avec la cause palestinienne. Nous l'avons dit publiquement dès notre rupture avec Dieudionné en septembre 2004. La Palestine ne saurait être un tremplin pour assouvir ses rancoeurs et encore moins un paillasson sur lequel on s'essuie les pieds en compagnie de racistes comme Le Pen. Comment peut-on s'afficher et faire équipe avec un politicien qui se vante d'avoir torturé en Algérie, qui reconnait aux Noirs le seul mérite de "courir plus vite", qui déteste autant les juifs que les arabes, et qui préconise l'expulsion de tous les immigrés ?

Il ne suffit pas de se dire "antisioniste" pour mériter la confiance de ceux qui réclament plus de justice. Les sionistes se frottent au contraire les mains d'avoir un tel "adversaire", grand ami de racistes et négationnistes. Les ennemis de nos ennemis ne sont pas toujours nos amis. Soyons cohérents : nous combattons le sionisme parce que c'est une forme de racisme, qui consiste à exclure tous ceux qui ne sont pas juifs d'une terre conquise par la violence. Ce n'est pas pour encourager d'autres formes de racisme.

Continuons à lutter ensemble, au nom des valeurs antiracistes qui sont les nôtres, en développant la campagne de boycott qui a pris un essor irréversible (voir sur notre site les actions menées à Strasbourg, à Nice, à Lille, à Lyon, à Bordeaux... mais aussi dans le reste de l'Europe) et en refusant que les Lieberman de tous poils décident de notre sort . (Pour voir la manifestation anti-Lieberman de mardi dernier à Paris : http://www.europalestine.com/article.php3?id_article=4080 )

Amicalement,
CAPJPO-EuroPalestine


D'autres listes anticapitalistes se présentent (malheureusement, car nous aurions préféré que la gauche radicale fasse campagne pour les Européennes ensemble). Ont-ils répondu à la demande d'EuroPalestine, et si oui, quelle a été leur réponse ?

Un ami me rappelle que La Fédération a voté une motion lors de sa réunion nationale du 7 fèvrier 2009 sur la solidarité avec la Palestine qui appelle, entre autres, au boycott des produits israéliens. Malheureusement, La Fédération n'a pas trouvé sa place sur une des listes pour les Européennes.

Le Parti de Gauche a adopté une position un peu en recul par rapport au besoin impératif de solidarité avec les Palestiniens. Dans cette déclaration à l'occasion de l'accueil fait par Sarkozy et Kouchner au ministre fasciste des affaires étrangères israélien, Avigdor Liberman, il condamne à la fois l'agression israélienne et - implicitement au moins - la résistance palestinienne (c'est le sens de la référence à "toutes les formes du recours à la violence").

Le PG appelle à la levée du blocus de Gaza et à la suspension de l'accord militaire Union Européenne/Israël, mais il n'y a pas un mot sur le boycott de l'Etat sioniste. Son appel à la "suspension" des exportations militaires s'applique à l'ensemble du Moyen-Orient, au lieu de cibler Israël (il va sans dire que si nous en avions les moyens nous serions pour la livraison d'armes à la résistance palestinienne).

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11 mai 2009

 

N'della Paye : Musulmane et engagée

Musulmane et engagée
Vidéo envoyée par oumma

Parce que je connais et j'ai milité aux côtées de N'della, je suis heureux de pouvoir mettre en ligne cet entretien dans lequel elle explique comment les femmes musulmanes peuvent s'engager dans la vie de leur quartier, de leur ville - et pourquoi pas aller plus loin. Son message ? "Tout est possible !"


10 mai 2009

 

Soutien du NPA à Sabrina, victime de l'islamophobie à l'université Sabatier de Toulouse

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Dans le numéro 7 du journal du NPA, Tout est à nous!, on peut lire un petit article sur le cas de Sabrina, doctorante, qui a été licenciée par l'université Sabatier de Toulouse parce qu'elle porte le foulard. Les deux motifs cités pour ce licenciement sont celui de "trouble à l'ordre public" et celui d'"atteinte à la liberté de conscience de ses collègues" - ce qui est bien sûr un pur fantasme. En effet, le seul trouble dans cette affaire scandaleuse est celui causé par les autorités qui ne laissent pas en paix cette jeune femme sans histoires, à qui elles ne reprochent aucune faute professionnelle.

Le NPA rompt ainsi un peu timidement avec le long silence de son prédecesseur, la LCR, sur la question de l'islamophobie. Il précise que Sabrina "porte [le foulard] depuis 2006 sans que cela ne crée aucun problème". "L'intersyndicale de l'université (FSU, Sgen-CFDT, SNTRS-CGT, Solidaires, Aget-FSE, Unef) a voté une motion la soutenant /.../"

"Nous devons lutter", conclut-il "contre toutes les discriminations liées au genre, à la couleur ou à la religion."

C'est une prise de position juste, même si on aurait pu espèrer une réaction plus forte et plus rapide de la part d'une organisation qui prétend lutter contre toutes les oppressions. Un communiqué sur le même sujet a été diffusé de façon un peu confidentielle - il ne paraît pas sur son site national, par exemple - mais cela représente quand même un progrès. Pas sûr, cependant, que cela ne fasse que des heureux à l'intérieur du nouveau parti.
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Un communiqué de l'Association islam et laïcité

Association loi 1901, fondée sur une adhésion à la laïcité, soucieuse de la parité entre hommes et femmes, la « Commission Islam et Laïcité » est un groupe pluriel de réflexion, d’information et de formation sur l’islam, les musulmans, la société française et la République.
Article 2 des statuts


Adresse administrative :
Ligue de l’enseignement
3 rue Récamier
75341 PARIS cédex 07

Communiqué de presse

L'association Islam et laïcité exprime son inquiétude devant l'apparition de conflits liés au port de signes religieux, des foulards islamiques en l'occurrence, dans des secteurs, l'université et la recherche d'une part, la formation continue des adultes d'autres part, où la loi du 15 mars 2004 interdisant « le port de signes ou tenues par lesquels des élèves manifestent ostensiblement des appartenances religieuses » ne s'applique pas. Cette loi se réfère en effet expressément aux élèves des collèges et lycées publics, la circulaire d'application du 18 mai 2004 précisant par ailleurs que « La loi ne remet pas en cause le droit des élèves de porter des signes religieux discrets ».

C'est donc avec consternation que l'association a pris connaissance du licenciement, sans indemnité, suivi d'une interdiction d'entrer dans les locaux (appartenant au CNRS) d'une doctorante de l'université Paul Sabatier de Toulouse, Sabrina Trojet, au motif qu'elle aurait « causé un trouble à l’ordre public et porté atteinte à la liberté de conscience de ses collègues ». Sabrina Trojet bénéficiait d'un contrat à durée déterminée de 3 ans pour achever sa thèse au laboratoire de Microbiologie et de Génétique Moléculaire (LMGM) du CNRS à l’Université Toulouse III. Elle porte le voile depuis près de quatre ans, sans que cela ait posé de problème jusqu'ici. Elle bénéficie de nombreux soutiens parmi les étudiants et les enseignants de l'université, et aussi d'autres universités.

Des difficultés analogues sont signalées par des stagiaires en formation continue des adultes suivant des cours organisés par les Gretas dans des établissements publics.

L'association Islam et laïcité rassemble des personnes se réclamant ou non d’une appartenance religieuse, d’orientations philosophiques ou spirituelles diverses. Elles partagent la conviction que le dialogue et la connaissance mutuelle sont la condition du vivre ensemble dans une société pluraliste comme l'est aujourd'hui la société de notre pays et que, comme le précise la Charte de l'association, les « lois qui régissent la société n’ont pas pour objet d’imposer des obligations ou des interdits fondés sur des préceptes religieux ou des conceptions métaphysiques particulières, tout en garantissant à chacun le droit inaliénable de vivre selon sa conscience dans le respect des lois communes ».

À partir de ces principes de laïcité, l'association refuse tout ce qui peut apparaître comme une discrimination dans la vie sociale. Elle s'est adressée au président de l'université Paul Sabatier pour que la décision de licenciement de Sabrina Trojet soit reconsidérée. Elle soutient toute action en justice ou devant la Halde visant à empêcher les interprétations erronées de la notion de laïcité et de la législation en vigueur dans ce domaine.

Paris, le 12 mai 2009

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Kanaky: Elections provinciales du 10 mai 2009

NOUVEAU
Résultat des élections provinciales en Nouvelle-Calédonie : la droite reste majoritaire avec 31 sièges sur 54 contre 23 (+5) pour les indépendantistes (dont 3 pour le Parti Travailliste classé à l'extrême gauche); élimination du Front National (et bon débarras).
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Profession de foi du Parti Travailliste

"LIBERTÉ. UNITÉ. ÉGALITÉ. RESPECT"

Le Parti qui dit ce qu'il pense et fera ce qu'il dit

Le Parti Travailliste a résolument choisi de faire de la politique autrement.

Contrairement à tous les autres partis, la priorité est, et restera l’écoute de la population sur le terrain.

Les élus sont avant tout des élus du peuple, c’est donc au peuple qu’ils doivent rendre des comptes et c’est aux aspirations du peuple qu’ils doivent aussi répondre efficacement et sincèrement.

A chaque élection, les promesses électorales restent à l’état de promesses. Les discours restent purement idéologiques, sans aucun rapport avec ce que vivent les populations sur le terrain dans la vie de tous les jours.

C’est ce constat qui a donné naissance au Parti Travailliste.

Nous avons la chance de vivre dans un pays extraordinairement beau et riche et paradoxalement, la répartition des richesses est une catastrophe. Une minorité gagne énormément d’argent et une majorité est en dessous du seuil de pauvreté.

Est-ce cela le pays de demain que nous voulons ?

Notre système économique ne profite qu’à une minorité, notre système social est inégalitaire, notre système fiscal ne répond en aucune façon aux besoins du pays et est profondément discriminatoire car il privilégie les plus riches. De même, l’environnement n’est pris en compte que ponctuellement alors que cela devrait être une préoccupation de tous les jours.

La terre sur laquelle nous sommes aujourd’hui sera celle de nos enfants demain. Que voulons-nous pour nos enfants ? Quelle terre allons-nous leur léguer, quel système scolaire et universitaire voulons-nous pour eux , quelles mesures efficaces allons-nous mettre en place pour leur permettre d’accéder prioritairement à l’emploi ?

Les élus du Parti Travailliste seront avant tout des militants de terrain ; ils ont pour la plupart d’entre eux, l’expérience qu’ils ont acquis au travers de leur engagement dans l’USTKE. Aucun élu ne peut se prévaloir d’être un professionnel de la politique. La seule légitimité qui compte est celle qui est donnée par les électeurs. Il ne faut pas hésiter à changer les élus qui n’assument pas leurs responsabilités.

Le Parti Travailliste est composé d’hommes et de femmes qui n’ont qu’une parole.

Ses élus tiendront leurs engagements et respecteront la parole donnée coûte que coûte.

Le Parti Travailliste ne s’inscrira pas dans cette logique antidémocratique du consensus qui paralyse le pays.

Le Parti Travailliste sera un vrai parti novateur, totalement différent des autres, qui se battra pour défendre tout ce qui va dans le sens de l’intérêt général, qui fera des propositions de textes de lois mais refusera fermement tous les projets partisans qui viseront à continuer à enrichir une minorité au détriment de la majorité d’une population qui souffre de plus en plus.

Ensemble, nous pouvons changer le pays, il suffit de le vouloir.

Voter Parti Travailliste c’est voter pour la construction d’un pays souverain et dans le cadre d’une communauté de destin qui dépassera enfin le stade du discours politique

Kanaky: Elections décisives (sur le site du NPA)

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