04 novembre 2007
La gauche radicale anglaise marque contre son camp …
LA GAUCHE ET LA CRISE DANS ‘RESPECT’
La coalition RESPECT, formée seulement en janvier 2004, vit une profonde crise et se trouve au bord d’une scission définitive.
Le moins qu’on puisse dire est que cet échec constitue un revers important pour la gauche radicale en Angleterre. Se basant sur le dégoût d’une frange importante de l’électorat traditionnel travailliste pour la politique néolibérale et pro-impérialiste du gouvernement de Tony Blair et Gordon Brown, la coalition possède un député (George Galloway) et plusieurs conseillers municipaux. Ses élus de Tower Hamlets formaient avant la scission le deuxième groupe du conseil municipal de cette grande ville populaire et multiculturelle de la banlieue de Londres.
Le conflit a éclaté il y a deux mois, avec la publication par Galloway d’une série de critiques du fonctionnement des instances de la coalition et une attaque à peine voilée contre le Socialist Workers Party, et en particulier contre l’un de ses dirigeants, par ailleurs secrétaire national élu de RESPECT, John Rees. Un débat qui aurait pu, à priori, faire avancer la coalition a vite dégénéré au point où il existe aujourd’hui un manque total de confiance entre les deux camps.
Il semble que la situation très particulière dans la section de Tower Hamlets – où il existe effectivement des enjeux de pouvoir – a contribué à envenimer l’atmosphère. Des rumeurs, de fausses accusations et des exagérations, toutes répandues à une vitesse extraordinaire sur certains blogs (parfois malintentionnés), ont joué un rôle particulièrement négatif. De vieilles rancœurs ont refait surface. Comme dans toutes les luttes de tendances internes, des erreurs ont certainement été commises de chaque côté.
Il est très difficile dans cette situation de savoir qui a raison et qui a tort sur tel ou tel point. Les forces vives de la coalition sont profondément divisées. Beaucoup de militants dans chaque camp sont sans doute sincères, mais il ne suffit pas de revendiquer la légitimité « unitaire » pour avoir raison – surtout quand on jette en même temps de l’huile sur le feu. Si l’accusation lancée par la direction du SWP d’une chasse aux sorcières contre l’aile gauche voulue et orchestrée par le groupe ‘Galloway’ reste à prouver, l’idée répandue par les opposants que le SWP aurait délibérément provoqué une scission est manifestement un non-sens. S’il est légitime de critiquer les méthodes de telle ou telle composante de la coalition, il est politiquement malhonnête et injuste de se focaliser sur le seul SWP.
La participation de cette organisation au lancement de la Stop the War Coalition, puis de RESPECT, a été cruciale. Son journal, Socialist Worker , a correctement défendu George Galloway, en tant qu’opposant courageux et talentueux de la politique de Blair et de Bush, y compris quand certaines de ses activités jetaient le discrédit sur la coalition et certains de ses alliés actuels voulaient sa peau. Le SWP a également été en première ligne pour défendre la participation de Musulmans à la coalition, à un moment où la droite et la gauche pro-impérialiste jetaient l’anathème sur toute une population.
A l’heure actuelle, l’avenir de RESPECT semble plus que compromis. La conférence nationale, prévue de longue date mais boycottée par le groupe autour de Galloway (qui comprend, il faut le dire, des personnalités de premier plan comme Salma Yaqoob et Ken Loach), aura lieu le 17-18 novembre 2007. Les sections locales de RESPECT lui ont soumis un grand nombre de textes sur des questions aussi vitales pour la classe ouvrière britannique que la crise du logement, la discrimination raciale et la chasse aux réfugiés, la lutte pour un syndicalisme de combat, la violence dans les grandes villes et le mouvement contre la guerre. Le groupe d’opposants a annoncé la tenue d’un rassemblement, sous l’étiquette du ‘renouveau de RESPECT’, à la même date – un rassemblement qui n’a bien sûr aucune légitimité constitutionnelle.
Nous ignorons s’il est encore possible de sauver quelque chose de ce qui était un mouvement plein de promesse. Il faudra de toute façon tirer les conclusions avant de relancer l’unité de la gauche radicale, antilibérale et anticapitaliste. Pour l’instant, la priorité doit être le travail des militants dans les quartiers, sur les lieux de travail, dans les syndicats et dans la rue.
Saint-Denis, le 4 novembre 2007
Lire l'analyse du SWP ...
La coalition RESPECT, formée seulement en janvier 2004, vit une profonde crise et se trouve au bord d’une scission définitive.
Le moins qu’on puisse dire est que cet échec constitue un revers important pour la gauche radicale en Angleterre. Se basant sur le dégoût d’une frange importante de l’électorat traditionnel travailliste pour la politique néolibérale et pro-impérialiste du gouvernement de Tony Blair et Gordon Brown, la coalition possède un député (George Galloway) et plusieurs conseillers municipaux. Ses élus de Tower Hamlets formaient avant la scission le deuxième groupe du conseil municipal de cette grande ville populaire et multiculturelle de la banlieue de Londres.
Le conflit a éclaté il y a deux mois, avec la publication par Galloway d’une série de critiques du fonctionnement des instances de la coalition et une attaque à peine voilée contre le Socialist Workers Party, et en particulier contre l’un de ses dirigeants, par ailleurs secrétaire national élu de RESPECT, John Rees. Un débat qui aurait pu, à priori, faire avancer la coalition a vite dégénéré au point où il existe aujourd’hui un manque total de confiance entre les deux camps.
Il semble que la situation très particulière dans la section de Tower Hamlets – où il existe effectivement des enjeux de pouvoir – a contribué à envenimer l’atmosphère. Des rumeurs, de fausses accusations et des exagérations, toutes répandues à une vitesse extraordinaire sur certains blogs (parfois malintentionnés), ont joué un rôle particulièrement négatif. De vieilles rancœurs ont refait surface. Comme dans toutes les luttes de tendances internes, des erreurs ont certainement été commises de chaque côté.
Il est très difficile dans cette situation de savoir qui a raison et qui a tort sur tel ou tel point. Les forces vives de la coalition sont profondément divisées. Beaucoup de militants dans chaque camp sont sans doute sincères, mais il ne suffit pas de revendiquer la légitimité « unitaire » pour avoir raison – surtout quand on jette en même temps de l’huile sur le feu. Si l’accusation lancée par la direction du SWP d’une chasse aux sorcières contre l’aile gauche voulue et orchestrée par le groupe ‘Galloway’ reste à prouver, l’idée répandue par les opposants que le SWP aurait délibérément provoqué une scission est manifestement un non-sens. S’il est légitime de critiquer les méthodes de telle ou telle composante de la coalition, il est politiquement malhonnête et injuste de se focaliser sur le seul SWP.
La participation de cette organisation au lancement de la Stop the War Coalition, puis de RESPECT, a été cruciale. Son journal, Socialist Worker , a correctement défendu George Galloway, en tant qu’opposant courageux et talentueux de la politique de Blair et de Bush, y compris quand certaines de ses activités jetaient le discrédit sur la coalition et certains de ses alliés actuels voulaient sa peau. Le SWP a également été en première ligne pour défendre la participation de Musulmans à la coalition, à un moment où la droite et la gauche pro-impérialiste jetaient l’anathème sur toute une population.
A l’heure actuelle, l’avenir de RESPECT semble plus que compromis. La conférence nationale, prévue de longue date mais boycottée par le groupe autour de Galloway (qui comprend, il faut le dire, des personnalités de premier plan comme Salma Yaqoob et Ken Loach), aura lieu le 17-18 novembre 2007. Les sections locales de RESPECT lui ont soumis un grand nombre de textes sur des questions aussi vitales pour la classe ouvrière britannique que la crise du logement, la discrimination raciale et la chasse aux réfugiés, la lutte pour un syndicalisme de combat, la violence dans les grandes villes et le mouvement contre la guerre. Le groupe d’opposants a annoncé la tenue d’un rassemblement, sous l’étiquette du ‘renouveau de RESPECT’, à la même date – un rassemblement qui n’a bien sûr aucune légitimité constitutionnelle.
Nous ignorons s’il est encore possible de sauver quelque chose de ce qui était un mouvement plein de promesse. Il faudra de toute façon tirer les conclusions avant de relancer l’unité de la gauche radicale, antilibérale et anticapitaliste. Pour l’instant, la priorité doit être le travail des militants dans les quartiers, sur les lieux de travail, dans les syndicats et dans la rue.
Saint-Denis, le 4 novembre 2007
Lire l'analyse du SWP ...
Libellés : Anticapitalisme, George Galloway, Respect, Royaume-Uni, Socialist Workers party