09 mai 2009

 

Sauvons les emplois, nationalisations immédiates !

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Un article de Laurent Bauer qui a paru dans le n° 8 du journal Anticapitaliste

Les capitalistes sont en ordre de marche afin de nous faire payer leur crise comme on a pu le constater lors du dernier sommet du G 20 à Londres. Pour Ian Tomlison cela s’est soldé par le prix de sa vie suite aux violences commises par les policiers assurant la « sécurité ». Sécurité des capitalistes contre celle des travailleurs qui signifie toujours plus de chômage et de précarité.

Continental, un symbole

Le combat des 1 120 ouvriers de l’usine Continental de Clairoix est devenu le symbole de la lutte pour la survie de nombre de salariés. En 2007, la CFTC majoritaire à l’usine de Clairoix, avait négocié un accord avec la direction de Continental qui menaçait déjà de fermer le site, pour faire passer les salariés de 35h à 40h de travail hebdomadaires sans hausse de salaires. Cela alors que cette année-là le groupe réalisait 1,02 milliards € de bénéfices. Ces ouvriers ont expérimenté le mensonge sarkozyste du « travailler plus pour gagner plus ». Le résultat fut bien de travailler plus mais pour gagner moins.

Respecter « l’Etat de droit »…

Les seules réponses du gouvernement sont de condamner très mollement en paroles l’attitude de la direction de Continental (1) mais de promettre par contre des « des interpellations et des déferrements devant la justice » (2) contre les ouvriers qui ont exprimé leur légitime colère contre la sous-préfecture de Compiègne. De la même manière la haine de classe du gouvernement s’affiche contre les travailleurs de Molex et Caterpillar qui ont osé séquestrer leurs directeurs. L’UMP a donc encouragé les dirigeants séquestrés à porter plainte. Laurence Parisot a déclaré à ce propos que « jamais l'injustice ou le désespoir ne justifient qu'on transgresse la loi car, très vite on ne serait pas dans un Etat de droit » (3). Ainsi exploiter et mettre au chômage des milliers de salariés relève de l’Etat de droit, mais que ceux-ci tentent de se défendre est une infraction à ce principe. L’Etat n’est pas un acteur neutre au dessus de la lutte des classes mais bel et bien l’instrument politique des capitalistes. La hausse des mesures répressives, liberticides et la criminalisation sans cesse grandissante du mouvement social en sont l’expression.

Une radicalisation des luttes

La droite et le patronat veulent nous faire croire que les séquestrations de patrons ne sont que des épiphénomènes (4) mais le pays connaît une hausse et une radicalisation de plusieurs secteurs (enseignement supérieur, hôpitaux,…). Christine Ockrent qui est à la tête de Radio France international a elle-même déclaré dans la presse people craindre d’être séquestré au vu du plan de suppression de 200 emplois qu’elle a annoncé (5). Villepin ne s’y est pas trompé, même si c’est par opportunisme, en déclarant qu’il existe « un risque révolutionnaire en France » (6). De plus les séquestrations ont permis des avancées beaucoup plus grandes que les négociations entre syndicats et dirigeants d’entreprises (7). Les salariés de Continental ont montré une claire radicalisation depuis 2007. Lors des présidentielles Clairoix a voté à 59,41% pour Sarkozy et Compiègne à 58,74% (8) donc largement au dessus de la moyenne nationale. Cela signifie que beaucoup ont tiré un trait sur les mensonges de la droite au sujet du pouvoir d’achat.

Pour des nationalisations !

Le gouvernement prétend agir pour préserver les emplois mais se moque de la condition des salariés livrés au chômage. Sa priorité a été de réduire les impôts des plus riches avec le bouclier fiscal et de donner une caution de 360 milliards € aux patrons de banques. Pour autant il serait très simple de sauver les emplois en nationalisant des entreprises comme Continental, Caterpillar, Molex qui licenciement pour délocaliser et qui continuent à faire des bénéfices même si ceux-ci peuvent baisser dans le contexte de la crise actuelle.

Il est plus que nécessaire que la gauche s’engage dans une campagne pour des nationalisations massives. L’interdiction des licenciements boursiers semble être partagée par la majeure partie de la gauche. Le PCF a déposé un projet de loi pour le 28 mai visant à leur interdiction (9). Benoit Hamon, porte parole du Parti Socialiste avait lui-même déclaré être favorable à une telle mesure (10). On peut se douter que la direction du PS n’est pas réellement favorable à cette proposition mais dans la période actuelle elle tente de gauchir sa ligne dans la perspective des prochaines échéances électorales. Cependant la question des nationalisations n’est que peu abordé or celle-ci permettrait concrètement de sauver des emplois. Le NPA se prononce pour l’interdiction de tous les licenciements mais cela ne peut paraître comme une mesure crédible pour des entreprises réellement en faillite. La nationalisation est le complément nécessaire à l’interdiction des licenciements boursiers. La revendication de nationaliser sans rachat ni indemnité les entreprises qui font du profit et/ou qui reçoivent de l’argent de l’Etat, donc des impôts des travailleurs, n’est que justice.

Si il pourrait être possible de créer un front sur la question des nationalisations et des licenciements boursiers il est nécessaire à l’intérieur de celui-ci de débattre de la question du contrôle des entreprises par les salariés et de la planification démocratique de l’économie. Le travail et l’économie sont des éléments qui déterminent et modèle le plus nos vies et nous n’y avons aucun droit de contrôle. La démocratie ne doit plus s’arrêter aux portes des entreprises.

Les divisions catastrophiques aux élections européennes rendent nécessairement difficile la possibilité d’une campagne au minimum tourné sur l’interdiction des licenciements boursiers mais il est plus que nécessaire d’impulser cela par en bas et en mettant la question des nationalisations comme centrale. Et une fois les élections passées il faudra encore plus mettre les directions politiques devant leurs responsabilités.

(1) Continental : Devedjian attaque, Hortefeux temporise, Challenges, 24 avril 2009
(2) Sous-préfecture de Compiègne saccagée: Alliot-Marie attend des interpellations, AFP, 23 avril 2009
(3) Séquestrations : Parisot pour des plaintes au cas par cas, Le Figaro, 21 avril 2009
(4) La séquestration des patrons n’est qu’un épiphénomène, L’Expansion, 23 avril 2009
(5) Christine Ockrent : elle craint d’être séquestrée, Voici, 22 avril 2009
(6) Villepin : il y a « un risque révolutionnaire en France », AFP, 19 avril 2009
(7) Séquestrations de patrons : Un rapport de force parfois payant pour les salariés, Le Point, 24 avril 2009
(8) http://www.interieur.gouv.fr/sections/a_votre_service/resultats-elections/
(9) Jacqueline Sellem, Entreprise quel pouvoir d’intervention des salariés ?, L’Humanité, 25 avril 2009
(10) Hamon contre les licenciements boursiers, Libération, 9 décembre 2008

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