25 février 2009

 

"VAN LEVE" Solidarité avec l'Outre-mer

NOUVEAU: QUELQUES IMAGES DE LA MANIFESTATION






COLLECTIFDOM

SAMEDI 28 FEVRIER 2009 - 15H00 - PLACE DE LA NATION

Soutien au LKP et au Collectif du 5 Février

Nos compatriotes de Guyane, Guadeloupe, Martinique, Réunion, sont en lutte pour dénoncer la situation d’exception dans laquelle ils vivent depuis trop longtemps.
Situation économique désastreuse issue de la gestion coloniale des départements et régions d’Outre-mer.
Vie trop chère : + 40%
Chômage endémique : + 25%
Taux important de bénéficiaires de minimas sociaux.
TOUS UNIS pour le Respect et la Dignité de l’Outre-mer.
Interventions et soutiens : hommes et femmes politiques, acteurs du monde associatif, du monde artistique, scientifique et littéraire.

Artistes invités :
TIWONY - J DEVARIEU - JAMADOM - DEDE SAINT-PRIX - DADDY MORY - YVAN VOICE - LYNNSHA - KRYS - SAIK - ROHFF - NEG MARRONS - DJAMATIK - SHAOLIN - TEFE TYPICAL - XMAN - MATTHIEU EDWARDS - Etc...

Dans L'Humanité : Enquête sur un profiteur (Bernard Hayot, le béké martiniquais qui préside le groupe GBH).

Sur son blog anthropologie du présent, Alain Bertho met en ligne de nombreux articles de presse sur la situation sociale tendue en Martinique, en Guadeloupe et ailleurs dans le monde ...

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Comments:
Un ami fonctionnaire en Guadeloupe a écrit :

Chez nous, et dans la Fonction publique d'Etat en général, en dehors de l'Education nationale qui a en Guadeloupe comme partout beaucoup souffert ces derniers temps, il n'y a jamais eu d e mot d'ordre d e grève, même pas de la part de la CGT, ce qui n'empêchait pas certains collègues de participer à fond aux manifs et meetings du mouvement, comme le malheureux Jacques BINO …

D'une manière générale, je ne sais pas qui ici en dehors du patronat (et encore, le petit patronat subit lui aussi certaines des conséquences d e la situation dénoncée par le collectif) serait contre les revendications formulées par le LKP, celles concernant le coût d e la vie ici, notamment, et l'exploitation que nous infligent les monopoles institués par l'Etat (je t'ai déjà parlé du problème des produits pétroliers).

Cela dit, les collègues ont continué à travailler à peu près jusqu'à Lundi de la semaine dernière, au moins à Basse-Terre, puis le patron a décidé de fermer …, par crainte d'incidents...De toute façon, faute d'essence, il manquait déjà du monde parmi le personnel, et il y avait bien peu d e public.

En fait les situations n'ont pas toujours ici la logique et la clarté qu'on peut trouver en Europe et le conflit en cours est d'une grande complexité, comme la réalité sociale antillaise elle-même. Son étude justifierait de longs développements mais il est déjà possible - pour schématiser - de faire quatre remarques au sujet du mouvement:

- Il a su ratisser très large, mais au prix d'une grande hétérogénéité des revendications...Le catalogue des revendications comprenait aussi bien les demandes les plus connues (baisses des prix pratiquées par les groupes oligopolistiques de la grande distribution, hausse de 200 € pour les salaires inférieurs à 1,6 SMIC) que celles des transporteurs qui rejettent une réglementation jugée inadaptée, et celles des gérants de stations-service qui craignent l'installation de stations automatiques, d'où baisse de bénéfices pour les gérants des stations actuelles, et suppressions d'emplois pour leurs salariés.
D'ailleurs, ça s'est révélé efficace, car c'est la pénurie d'essence qui dans les premières semaines du mouvement a le plus fait pour la paralysie progressive d e l'activité économique de l'île...

- Le grand débat au sujet du statut d e l'île est en filigrane. Le LKP est dominé logiquement par le principal syndicat local l'UGTG (Union Générale des Travailleurs Guadeloupéens 51% des voix à lui seul aux récentes élections prudhommales) qui a toujours eu des positions nationalistes. Du coup l'UGTG n'est pas implantée dans la fonction publique d'Etat (secteur hospitalier mis à part). Les autres syndicats, affiliés aux centrales nationales, ont, pour ne pas abandonner le terrain à l'UGTG, décidé de participer au LKP, dans le cadre duquel ils ont appelé à la grève dans le secteur privé, sans en faire autant dans le public, à l'exception d e l'Education nationale où il y avait de gros sujets de conflits spécifiques.
Certaines revendications du collectif ne peuvent d'ailleurs pas, à mon humble avis de fonctionnaire, être satisfaites dans le cadre du statut départemental actuel et par l'application du Droit commun. Il faudrait notamment un contrôle
des prix efficace et une collaboration active dans ce but de toutes les administrations, y compris la mienne. C'est actuellement impossible aussi bien juridiquement que du point de vue d e ce que j'appellerai la "sociologie administrative" sur laquelle il y aurait beaucoup à dire ...
Le leader de l'UGTG et porte-parole du LKP, Elie DOMOTA le sait sûrement aussi bien que moi, mais en bon politique qu'il est, il affirme ne pas revendiquer de réformes statutaires, histoire de ne pas inquiéter la majorité d e l'électorat qui ne n'en veut pas (lors du référendum du 07/12/2003, 73% des électeurs ont voté pour le maintien du statut départemental), et il faut bien reconnaître que les progrès, somme toute assez modestes, enregistrés ici depuis soixante ans l'ont été largement grâce à l'engagement d e l'Etat impliqué par ce statut. Tu comprends pourquoi il y a une telle absence de consensus sur les réformes politiques, pourtant à mon avis extrêmement nécessaires, alors que tout le monde ou presque, en Guadeloupe, refuse la politique économique néolibérale et le désengagement des pouvoirs publics.
De plus beaucoup de gens critiquent l'UGTG ou s'en méfient, non seulement à cause de son indépendantisme plus ou moins discret, mais aussi à cause de ses méthodes, habituelles, mais qu'elle a employées cette fois-ci au nom du collectif.

- Le résultat c'est une Grève en fait partiellement suivie, mais que les méthodes du LKP ont permis de généraliser, avec de gros risques.

Pendant les premières semaines du mouvement, il était manifestement très suivi dans les secteurs d'activité à bas salaires (grande distribution, BTP, stations-services...) et moins dans ceux (banques, salariés de s professions libérales....) où les conventions collectives ont étendu le bénéfice d e la majoration de 40% de salaire pour vie chère dont nous bénéficions dans la Fonction publique. Le secteur public, à l'exception d e l'enseignement, en Grève dès le premier jour, restait en dehors du mouvement. Cela dit, le manque d'essence étendait de fait petit à petit la grève à tous les secteurs d'autant plus que l'habitat est ici très dispersé. Tout le monde tient à avoir sa maison, avec un jardin créole éventuellement utile en cas de difficultés d'approvisionnement, et bien rares sont les salariés qui habitent auprès de leur lieu de travail.

La situation a évolué quand l'Etat a réduit (sans la supprimer) la pénurie d'essence en passant un accord avec les gérants de stations-services et en en réquisitionnant certaines. L'UGTG et les autres organisations radicales du collectif ont alors décidé d'employer des méthodes, non pas violentes- ce serait un bien grand mot, mais contraignantes:
invasion des entreprises et administrations restées ouvertes par des groupes de militants qui font fermer les portes et baisser les rideaux, et surtout barrage des routes, ce qui paralyse la circulation et l'activité aussi sûrement que le manque de carburant. Là aussi cela a été efficace, mais l'intervention des flics aidant, les choses ont gravement dégénéré. Il y a eu des heurts très sérieux. L'île a aussi connu à partir du Lundi 17 Février trois nuits d'événements rappelant beaucoup ceux qui se sont produits dans les banlieues de l'hexagone en 2005. Il y a eu, comme à l'époque dans les banlieues, des caillassages, des pillages de magasins, des incendies d e voitures et d e commerces provoqués par les cocktails molotovs, la différence avec la France étant qu'il y avait aussi, manifestement, pas mal d'armes à feu en circulation. C'est cela qui a été, hélas, fatal à mon collègue Jacques BINO.... Je me demande d'ailleurs vraiment, à propos des circonstances bizarres de son assassinat (sa voiture a reçu une rafale de trois balles pour sanglier, alors qu' il n'y a pas de gros gibier en Guadeloupe) qui a bien pu semer autant d'armes de ce type (armes lourdes de chasse, fusils à pompe etc..) dans les banlieues de Pointe à Pitre... Y-a-t-il eu des provocations policières visant à discréditer le mouvement? La police politique de la Vème république en est tout à fait capable, à mon avis.

- En définitive, à ce prix humain et matériel assez prévisible compte tenu de la nature de l'adversaire, l'action du LKP a été efficace et ce qui a marché ici pourrait servir d'exemple pour des actions similaires dans les autres DOM-TOM et surtout au niveau national. En ce qui concerne les autres pays de l'Outre-Mer (ou les autres territoires de l'empire colonial français, comme on voudra), elles sont d'ailleurs déjà en cours en Martinique et annoncées à la Réunion (la Guyane ayant donné le signal de départ sur la question du prix des produits pétroliers dès Novembre dernier).

Au niveau national, si certaines revendications concernant le coût de la vie ou le fonctionnement monopolistique du capitalisme n'ont pas la même pertinence qu'Outre-Mer, la revendication d'une forte hausse des bas salaires correspond exactement aux besoins d e millions de gens, de même que ses modalités (augmentation fixe y compris pour les victimes du temps partiel subi). Ce n'est pas un hasard si c'est surtout là dessus que les négociations ont coincé, car le pouvoir a une peur panique de la contagion en métropole .

Espérons que Sarkozy et consorts n'ont pas peur pour rien.
 
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