29 janvier 2008

 

"Les filles voilées parlent"


Nous sommes nombreux à ne pas avoir oublié la bêtise - la faute politique - qu'a commise la gauche française par son soutien ouvert ou honteux (la fameuse "ni loi ni voile de la LCR) à la loi discriminatoire de février 2004 dite "sur la laïcité" (en réalité un geste politique en direction des islamophobes).

Nous devons donc tous accueillir avec sympathie la sortie le 20 mars 2008 d'un livre "Les filles voilées parlent" (Editions Lafabrique). Qui n'a pas oublié la faute commise par la Commission Stasi qui au dernier moment et après des semaines de délibérations pompeuses et creuses où l'on voit se succéder des politiques, des proviseurs, des sociologues (dont certains n'ont pas dit que des idioties), des féministes (ou prétendues telles), des philosophes (idem), se souvient qu'elle n'avait invité aucune femme voilée, sans parler des jeunes filles scolarisées directement concernées ?

A commander et à lire dès sa parution.

En voici des extraits :

Mona: «L’argument du voile “symbole d’oppression des femmes”, je pose la question : oppression pour qui ? Pas pour moi. Je suis libre de mes choix, et si j’ai choisi de porter le foulard, c’est une expression de ma liberté. »

Nadjer : «À peine arrivée, quand ils m’ont vue avec mon voile, ils m’ont dit
que la place était prise. »

Malika : « Elle s’est exclamée “Vous comptez donc trouver un emploi avec ce que vous avez sur la tête ? Je me suis levée, je lui ai rappelé les lois de la république. »

Khadidja : « Notre exclusion était à l’ordre du jour, et je voyais des militants des Verts ou des JCR, ou même des féministes, qui me psychanalysaient ou qui faisaient de l’exégèse du Coran!»

Ismahane : « Nous étions plusieurs Féministes pour l’égalité à défiler, dont Malika et moi qui portions le voile, et un bonhomme furibard nous a apostrophées, parce que “Ni Dieu ni maître”. J’ai répliqué : “OK, mais alors toi, tu n’es pas mon maître ! (rires).»

Ce livre ne traite pas de « la question du voile ». Les trois personnages qui l’ont conduit – dont deux sont des femmes voilées – n’ont pas cherché à mener une enquête sociologique. On pourrait même dire, au contraire : celles qui parlent ici ne sont pas des objets d’étude, mais des sujets – il n’y pas de féminin à ce mot. Elles peuvent être drôles et insolentes, elles peuvent être en colère ou découragées, mais de témoignage en témoignage, au-delà de la diversité des tempéraments, des origines sociales, des contextes familiaux, des itinéraires spirituels et des parcours scolaires et professionnels, ce qui relie toutes ces filles et ces femmes, c’est l’expérience intime et violente de la stigmatisation.

Pierre Tevanian enseigne la philosophie à Drancy. Il coanime le collectif «Les mots sont importants» (www.lmsi.net) et a publié plusieurs livres, dont Le Dictionnaire de la lepénisation des esprits (L’Esprit frappeur, 2002), Le Ministère de la peur (L’Esprit frappeur, 2004), Le Voile médiatique (Raisons d’agir, 2005) et La République du mépris (La Découverte, 2007).
Ismahane Chouder est membre du collectif « Une école pour tou-te-s » et anciennement vice-présidente du collectif des «Féministes pour l’Égalité ». Elle a par ailleurs contribué à l’ouvrage collectif Le Livre noir de la condition des femmes (XO Editions, 2006).
Malika Latrèche s’investit dans « Une école pour tou-te-s » et défend les mamans exclues des sorties scolaires. Depuis octobre 2006, elle co-préside le collectif des « Féministes pour l’égalité ».

LU SUR UN BLOG AMI

Islamophobie en Belgique

RTL Info -- Le foulard interdit à Lierre pour les employées en contact avec le public

Une commune belge vient d'interdire [initialement sur proposition du parti flamand d'extrême-droite le Vlaams Belang] le port de "signes religieux" aux employés qui accueillent le public. Ceux qui pensent que de telles interdictions ne renforcent pas le racisme ferait bien de lire les centaines de commentaires sur le site web de RTL.

Une femme de ménage qui porte le foulard, par contre, cela ne gêne pas - tant qu'elle reste à sa place!

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Comments:
Je suis de gauche, je milite avec des sans-papiers,et je suis profondément opposée au port du foulard.
Certes, c'est un choix, mais le choix d'une séparation, d'une mise à part, d'un certain image de la femme (et sa sexualité). Ce n'est pas le choix de la Société occidentale dans laquelle je vis et qui a progressivement accordé aux femmes les mêmes droits (et devoirs) que les hommes, en théorie tout au moins.
Lorsqu'on choisit un lieu de vie, on accepte de se conformer à un socle de codes, la laïcité en fait partie en France. D'origine britannique, je ne puis approuver le communitarisme qui s'est instauré dans ce pays.
Notre premier devoir est de soutenir celles qui ne souhaitent pas porter ce symbole retrograde, qui ont besoin de lois pour s'en affranchir. Et précisément la loi concernant le foulard (ou voile),
a calmé les esprits à l'école.
En Angleterre on a vu une femme voilée devant les tribunaux parce qu'on lui a refusé un emploi chez un coiffeur pour dames. Heureusement que le ridicule ne tue pas!
Vive la Laïcité
 
Pas d'accord avec toi, non seulement avec ta conclusion (soutien à la loi) mais surtout avec ton raisonnement.

Tu milites avec les sans-papiers, c'est bien. C'est une lutte qui peut réunir des gens divers et variés qui ne sont pas d'accord sur d'autres questions.

Mais de mon point de vue il y a une grave contradiction à défendre certaines personnes menacées d'expulsion, et soutenir l'exclusion d'autres de l'école, sous le prétexte qu'elles ne se conforment pas à une certaine vision de la laïcité. On est pour une société tolérante et multiforme, ou on n'est pas.

Tu défends l'idée d'une société "occidentale" ayant des valeurs apparemment plus civilisées que d'autres sociétés. C'est flirter avec la notion de la "guerre des civilisations". Il faut se rappeler que c'est précisément cette société "occidentale" qui est en train de bombarder l'Irak et l'Afghanistan comme elle l'a déjà fait au Vietnam et au Cambodge.

"Lorsqu'on choisit un lieu de vie, on accepte de se conformer à un socle de codes." Ah bon ? Et la liberté individuelle et collective dans cela ? En fait tu veux dire "on doit" se conformer. C'est ton idée, pas la mienne. Et c'est quoi ce "socle" de codes ? Il y a quelques années cette même société avait comme "socle" des idées qui comprenaient la plus stricte hétérosexualité et le culte de la "femme au foyer". Elle évolue, la société, elle change, les modes de vie se confrontent (pacifiquement) et on apprend les uns des autres.

"La loi concernant le foulard a calmé les esprits à l'école." Mais les esprits étaient parfaitement calmes. Les filles voilées ne perturbaient aucune classe (elles sont plutôt sérieuses et travailleuses, dans l'ensemble - de bons élèves, quoi), et leur présence était généralement bien accueillie par les autres élèves, qui les ont souvent défendues. Les hystériques, c'était certains profs, souvent des militants de gauche, des proviseurs, puis la presse et la classe politique qui s'est emparée de la question à des fins électorales et idéologiques. Il y avait également la montée de l'islamophobie engendrée par la crise internationale (le 9/11, Afghanistan, la deuxième Intifada, la croisade de Bush ...). Les jeunes voilées étaient précisément les victimes de cette situation, elles n'y étaient pour rien.

"la société occidentale ... a progressivement accordé aux femmes les mêmes droits ... que les hommes". Tu as raison bien sûr d'ajouter "en théorie au moins". Car dans cette société la discrimination salariale, l'harcèlement sexuel et la violence contre les femmes sont des phénomènes très entracinés (elles font peut-être même partie de son "socle" culturel). Le port du voile est un symbole de l'oppression des femmes ? Beaucoup de celles qui le portent le nient, et il y a beaucoup d'études qui démontrent qu'il peut avoir de multiples significations. En tout cas, il vaut mieux se battre contre la réalité de l'oppression que contre des symboles (de plus est contestables). Concrètement, quelle est la proportion de femmes battues qui sont voilées ? Et quelle est la proportion de femmes voilées qui participent activement à la vie de la cité (ou voudrait bien si celle-ci était plus ouverte - les mamans exclues des sorties scolaires, par exemple) et qui ne sont nullement victimes de la violence ou de l'intimidation des hommes ?

Il faut dire aussi que la société occidentale n'a pas "accordé" des droits aux femmes. Celles-ci, soutenues par de nombreux hommes, ont dû se battre durement pour les arracher. La liberté ne vaut que si elle est le fruit d'un combat émancipateur. C'est la raison pour laquelle on ne peut libérer personne contre sa volonté. "Obliger les femmes voilées à se libérer" (expression que j'ai entendues de la bouche de certaines prétendues 'féministes' lors de la controverse autour de la loi de 2004) ou "les libérer par la force" (les chars russes en Afghanistan) sont des méthodes que tout socialiste digne du nom doit rejeter.

Quant à ton cas de la femme voilée en Angleterre qui porte plainte contre un coiffeur pour dames pour discrimination, alors si son voile est bien le motif de son non-embauche, c'est bien un cas de discrimination et elle a raison. Tout ce qu'on demande d'une coiffeuse c'est qu'elle sache manier une brosse et des ciseaux. Le reste ne nous regarde pas. Sinon on licencierait tous les coiffeurs hommes chauves.

Enfin, j'ai envie de dire que cette attitude de "nous on sait mieux qu'elles ce qui c'est dans leur intérêt" est vraiment agaçante. Les défenseurs de la "laïcité à la française" (y compris jusque dans les organisations réviolutionnaires) n'arrêtent pas de nous dire que "la religion, c'est une affaire privée". Alors, qu'ils arrêtent de s'immiscer dans les affaires des autres ! Si c'est bien une affaire privée, ils devraient s'occuper de ce qui les regarde et les laisser tranquilles.

Fraternellement

Colin F
 
Le Mouvement des Indigènes de la République ont toujours considéré la loi « anti-foulard » du 15 mars 2004 comme une loi raciste et sexiste
En plus de l’immense injustice qu’a été cette loi, les exclusions qu’elle a entraîné et le climat de rejet qui s’est répercuté bien au-delà de l’école, il y a eu une confiscation de la parole des filles portant le foulard.
Quand elles n’étaient pas traitées en objet d’étude, elles étaient traitées en objet tout court.
Après une multitude de livres où toutes les composantes de la société française (politiques, savants, essayistes…) se sont autorisées à parler d’elles, paraît le 20 mars Les Filles voilées parlent : elles sont 45 à y prendre la parole dans les conditions qu’elles ont choisies.
Elles passent enfin du statut d’accusées au statut d’accusatrices.

Nous vous proposons donc une table ronde autour de ce livre en présence des trois coordinateurs-trices,
Ismahane Chouder
(membre du collectif « Une école pour tou-t-es » et anciennement présidente du collectif des « Féministes pour l’égalité »)
Malika Latrèche
(membre du collectif « Une école pour tou-t-es » et coprésidente du collectif des « Féministes pour l’égalité »)
et Pierre Tevanian
(professeur de philosophie, membre du collectif « Une école pour tou-t-es » et coanimateur du collectif « Les mots sont importants »)
ainsi que certaines auteures (celles disponibles ce soir-là pour prendre la parole) des textes réunis dans le livre

Vendredi 21 mars 2008 à 19h30
à la Maison Verte, 127-129 rue Marcadet, M° Lamark-Caulaincourt (ligne 12)
 
Je pense que toutes ces femmes, disent ca, par rapport au voile..parce que sinon leurs maris ou futurs maris ne vont plus vouloir d'elles....et elles vont rester celibataires...pour etre aussi rebelles!!!
 
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