06 décembre 2006
CANDIDATURES UNITAIRES : UNE CONTRIBUTION
Une candidature unitaire qui formaliserait un front antilibéral uni dans les luttes (Dec 95, mai-juin 2003, le CPE, RESF ...) et dans les urnes (NON à la constitution, présidentielle, législatives) serait une avancée historique. Pourtant, visiblement nous sommes sur le point d'échouer sur la question de la désignation du candidat. Cela paraît étrange et saugrenue mais en fait la désignation du candidat et les tensions qu'elle crée ne font que révéler des intérêts divergents que nous devons surmonter.
Loin d'être un problème de personnes, il y a bien et depuis le début des divergences dans notre regroupement. Deux projets à mon avis coexistent au sein du rassemblement:
1/ Construire un regroupement électoral autour du PCF pour construire un rapport de force avec le PS (pour négocier ou pas avec lui, j'arrive toujours pas à savoir), qui vise à terme à construire une nouvelle force à partir du PCF.
2/ Construire la première brique d'une nouvelle force écologiste, socialiste et anti-impérialiste pour les urnes et les luttes qui à terme (ce coup ci mais plus sûrement dans l'avenir) vise à être hégémonique à gauche devant le PS. Cette force se fera avec le PCF ou ne se fera pas, mais elle ne se constituera pas autour du PCF (ni autour de la LCR). Elle devra être très claire sur les relations avec le PS et ne pas entretenir des illusions vis à vis de Ségolène sans pour autant jouer la politique du pire (Sarko).
Deux noeuds apparaissent : les relations avec le PS et la question de l'hégémonie ou non des partis politiques existants.
Le PS comme l'ensemble de la social démocratie européenne (SPD, parti travailliste) et mondiale (PT brésilien, Chili) a renoncé à combattre le libéralisme car elle refuse de s'affronter au capital. Ce phénomène est une tendance historique lourde, elle creuse un fossé irréconciliable entre deux gauches en Europe et en Amérique latine. Dire cela, n'est pas renoncer à être majoritaire : c'est ne pas s'illusionner sur comment devenir majoritaire. Il faut donc être ouvert à toute la gauche mais ferme et sans compromis sur l'antilibéralisme. C'est comme cela que la vrai gauche en Amérique du sud (Chavez ou Morales) prend le dessus sur la gauche libérale (Chili). Cette ligne n'implique pas de renoncer à tout alliance mais à la subordonnée aux rapports de force et au nécessaire combat vis-à-vis de la gauche libérale. Cette ligne plus dure vis à vis du PS risque de coûter de nombreux élus au PCF, d'où un refus d'intégrer les amendements de la LCR et une critique par le PCF des prises de position de Autain, Salesse ou Bové concernant le PS. Cette question est délicate car perdre des élus n'est jamais satisfaisant pour un parti. De plus le pari est risqué car il suppose que rapidement la nouvelle force pèse fortement. Mais il me semble que ce choix sera fait, y compris par le PCF, car c'est le seul choix historique possible avec la dérive droitière du PS (dernier parti européen à l'effectuer). D'ailleurs, nombres de textes du PCF vont dans ce sens.
Le second problème est le rôle et le poids des partis et leur instinct de conservation (pas forcément mauvais). En effet la construction d'une nouvelle force à l'image du Linkspartei en Allemagne, du MAS en Bolivie, de RESPECT en Angleterre, du bloc des gauches au Portugal, du SP en Hollande, de l'Alternative Rouge et Verte au Danemark risque d'entraîner l'implosion de la LCR et du PCF. Implosion relative car ces deux forces bénéficieraient in fine de la recomposition. Là-dessus, je suis aussi confiant car la France est le pays ou la gauche radicale est la plus forte mais aussi la plus divisée. Cette anomalie historique (presque le seul pays à ne pas avoir connu de recomposition politique à gauche) ne peut décemment durer plus longtemps et nous devons retrouver notre unité dans la diversité.
Bref à cacher ces divergences on croit vraiment que l'on est tombé sur la tête et on ne comprend la violence des débats actuels.
Le sens du double consensus est dans ce contexte de trouver une voie médiane qui ne brise pas le fragile équilibre trouvé. Si tout le monde joue le jeu, on sera in fine tous gagnant, sinon on sera tous perdant. Le fait que des collectifs aient été monocolores ou crées à la dernière minute n'a pas d'importance, si l'on respecte le double consensus et que l'on continue à débattre sereinement des objectifs finaux (en terme de nouvelle force), je ne suis pas inquiet. Par contre, pour pouvoir continuer à débattre (notamment des différentes orientations), il faut être encore ensemble le 10. Je ne suis pas sûr que cela soit le cas si une des composantes ne respecte pas le double consensus.
Hendrik Davi, militant LCR, Collectif Avignon centre
Loin d'être un problème de personnes, il y a bien et depuis le début des divergences dans notre regroupement. Deux projets à mon avis coexistent au sein du rassemblement:
1/ Construire un regroupement électoral autour du PCF pour construire un rapport de force avec le PS (pour négocier ou pas avec lui, j'arrive toujours pas à savoir), qui vise à terme à construire une nouvelle force à partir du PCF.
2/ Construire la première brique d'une nouvelle force écologiste, socialiste et anti-impérialiste pour les urnes et les luttes qui à terme (ce coup ci mais plus sûrement dans l'avenir) vise à être hégémonique à gauche devant le PS. Cette force se fera avec le PCF ou ne se fera pas, mais elle ne se constituera pas autour du PCF (ni autour de la LCR). Elle devra être très claire sur les relations avec le PS et ne pas entretenir des illusions vis à vis de Ségolène sans pour autant jouer la politique du pire (Sarko).
Deux noeuds apparaissent : les relations avec le PS et la question de l'hégémonie ou non des partis politiques existants.
Le PS comme l'ensemble de la social démocratie européenne (SPD, parti travailliste) et mondiale (PT brésilien, Chili) a renoncé à combattre le libéralisme car elle refuse de s'affronter au capital. Ce phénomène est une tendance historique lourde, elle creuse un fossé irréconciliable entre deux gauches en Europe et en Amérique latine. Dire cela, n'est pas renoncer à être majoritaire : c'est ne pas s'illusionner sur comment devenir majoritaire. Il faut donc être ouvert à toute la gauche mais ferme et sans compromis sur l'antilibéralisme. C'est comme cela que la vrai gauche en Amérique du sud (Chavez ou Morales) prend le dessus sur la gauche libérale (Chili). Cette ligne n'implique pas de renoncer à tout alliance mais à la subordonnée aux rapports de force et au nécessaire combat vis-à-vis de la gauche libérale. Cette ligne plus dure vis à vis du PS risque de coûter de nombreux élus au PCF, d'où un refus d'intégrer les amendements de la LCR et une critique par le PCF des prises de position de Autain, Salesse ou Bové concernant le PS. Cette question est délicate car perdre des élus n'est jamais satisfaisant pour un parti. De plus le pari est risqué car il suppose que rapidement la nouvelle force pèse fortement. Mais il me semble que ce choix sera fait, y compris par le PCF, car c'est le seul choix historique possible avec la dérive droitière du PS (dernier parti européen à l'effectuer). D'ailleurs, nombres de textes du PCF vont dans ce sens.
Le second problème est le rôle et le poids des partis et leur instinct de conservation (pas forcément mauvais). En effet la construction d'une nouvelle force à l'image du Linkspartei en Allemagne, du MAS en Bolivie, de RESPECT en Angleterre, du bloc des gauches au Portugal, du SP en Hollande, de l'Alternative Rouge et Verte au Danemark risque d'entraîner l'implosion de la LCR et du PCF. Implosion relative car ces deux forces bénéficieraient in fine de la recomposition. Là-dessus, je suis aussi confiant car la France est le pays ou la gauche radicale est la plus forte mais aussi la plus divisée. Cette anomalie historique (presque le seul pays à ne pas avoir connu de recomposition politique à gauche) ne peut décemment durer plus longtemps et nous devons retrouver notre unité dans la diversité.
Bref à cacher ces divergences on croit vraiment que l'on est tombé sur la tête et on ne comprend la violence des débats actuels.
Le sens du double consensus est dans ce contexte de trouver une voie médiane qui ne brise pas le fragile équilibre trouvé. Si tout le monde joue le jeu, on sera in fine tous gagnant, sinon on sera tous perdant. Le fait que des collectifs aient été monocolores ou crées à la dernière minute n'a pas d'importance, si l'on respecte le double consensus et que l'on continue à débattre sereinement des objectifs finaux (en terme de nouvelle force), je ne suis pas inquiet. Par contre, pour pouvoir continuer à débattre (notamment des différentes orientations), il faut être encore ensemble le 10. Je ne suis pas sûr que cela soit le cas si une des composantes ne respecte pas le double consensus.
Hendrik Davi, militant LCR, Collectif Avignon centre
Libellés : Anticapitalisme, Saint-Denis