16 septembre 2006
DEBAT SUR L'ORIENTATION DE LA GAUCHE RADICALE AU QUEBEC
Le numéro 35 du journal Résistance publié par les camarades québecois de la tendance Socialisme International daté juin-juillet 2006 contient plusieurs articles sur les perspectives pour le nouveau parti québecois de la gauche radicale, Québec Solidaire. Ce parti, qui a été fondé il y a six mois seulement, réunit des progressistes, des anticapitalistes, des féministes, des écologistes et des syndicalistes, et revendiquent 4 000 membres, ce qui est loin d'être négligeable. Il est clair qu'il existe (pour simplifier) des tensions entre une aile réformiste et électoraliste, et une aile plus orientée vers les luttes ouvrières et sociales. Ce parti peut-il poser une alternative radicale aux partis néolibéraux établis, qu'ils soient fédéralistes ou nationalistes ? C'est le thème de ce dossier, qui contient un débat contradictoire intéressant.
Pour Marc Bonhomme :
"Au Québec, le nouveau parti Québec solidaire n’est pas ce nouveau parti politique anticapitaliste et indépendantiste de masse et n’évolue pas dans cette direction. Sans plate-forme ni programme, il ne revendique pas le retrait des troupes canadiennes de l’Afghanistan et ouvre la porte à l’économie sociale comme alternative aux cliniques de santé privées. Même comme espace politique où pourrait se regrouper l’ensemble des anticapitalistes, il tend à se refermer sous le coup de suspension politique et d’ultra-verticalisme d’un processus d’élaboration de la plate-forme de haut en bas, où les instances de base du parti n’interviennent qu’en fin de course. C’est là la résultante d’un parti qui est la convergence :
¸ d’Option citoyenne, expression électoraliste du mouvement des femmes après qu’il eut abandonné la rue suite à l’échec initial de la lutte pour le salaire minimum à 8.50$ l’heure en 2000 alors que cette lutte très populaire aurait permis la construction d’un grand front antinéolibéral dans la rue ;
¸ de l’Union des forces progressistes, produit de la mobilisation altermondialiste contre la ZLÉA au moment du Sommet des Amériques en avril 2001 qui a évolué rapidement d’un potentiel parti antinéolibéral « des urnes et de la rue » vers un parti électoraliste et verticaliste.
Tous deux ont complètement raté la mobilisation des secteurs public et para-public de l’automne 2003 à décembre 2005. Option citoyenne et l’UFP se sont murés dans un silence quasi-complet sur ses enjeux et sur la stratégie suicidaire des directions syndicales qui ont cru jusqu’au bout, jusqu’au ridicule, à la concertation dans laquelle le PQ les avait endormies au point de renoncer à l’unité combative du Front commun."
Pour Benoît Renaud, les choses sont plus compliquées : "Le nouveau parti Québec solidaire, fondé au début février, reflète la forme particulière prise par la lutte contre le capitalisme néolibéral dans le contexte québécois." Ceci pose des défis aux militants révolutionnaires, qui doivent s'impliquer à fond dans le nouveau parti, tout en expliquant pourquoi il faut rompre avec le réformisme, même de gauche :
"Les défis et le potentiel du nouveau parti découlent de cette série de particularités. D’abord, il faut qu’il prenne sa place face aux partis de droite, particulièrement le P[arti] Q[uébecois], alors que sa base est encore fragile et en partie démoralisée par les défaites syndicales. Des objectifs modestes comme l’organisation du parti dans tous les comtés et la présentation de candidatures partout aux prochaines élections seront difficiles à atteindre. Ensuite, il faudra s’appuyer sur les mobilisations sociales qui ont nourri le processus de construction et de convergence de la gauche pour continuer à avancer. La campagne contre la guerre en Afghanistan, l’opposition à la privatisation du Mont-Orford, la lutte pour une politique rigoureuse de réduction des gaz à effet de serre et d’autres campagnes similaires devront être appuyées par le parti et pourront renforcer le parti en même temps. Afin de résister aux attaques du PQ et des intellectuels nationalistes, Québec solidaire devra aussi clarifier ses idées et sa plate-forme, en particulier sur le plan de la stratégie de lutte contre l’oppression nationale et pour une véritable indépendance. Finalement, l’organisation de la gauche syndicale sera un préalable à une relance de la lutte contre les politiques économiques néolibérales comme au ralliement de sections importantes du mouvement ouvrier au parti.
"Le rôle des socialistes révolutionnaires dans Québec solidaire sera donc d’abord de construire le parti, puis d’encourager son développement dans le sens d’orientations politiques anti-capitalistes, d’une stratégies fondée sur les luttes sociales et de l’indépendance totale face au PQ, et enfin de donner une voix à ceux et celles qui veulent en finir avec le système capitaliste qui crée les problèmes auxquelles les mouvements sociaux tentent de répondre. Nos adversaires ne sont pas les éléments modérés ou peu politisés dans le parti, mais les partis de droite et la classe patronale qu’ils représentent. L’organisation des anti-capitalistes dans le parti doit se faire sur la base d’une reconnaissance des réalités politiques du Québec et d’une détermination à effectuer le travail patient et difficile qui en découle."
L'expérience des camarades québecois pourrait nous être très utile, si la construction d'une alternative antilibérale en France about à une nouvelle formation politique, même si bien évidemment le contexte politique est très différent (du fait notamment de l'importance de la question nationale au Québec).
Pour Marc Bonhomme :
"Au Québec, le nouveau parti Québec solidaire n’est pas ce nouveau parti politique anticapitaliste et indépendantiste de masse et n’évolue pas dans cette direction. Sans plate-forme ni programme, il ne revendique pas le retrait des troupes canadiennes de l’Afghanistan et ouvre la porte à l’économie sociale comme alternative aux cliniques de santé privées. Même comme espace politique où pourrait se regrouper l’ensemble des anticapitalistes, il tend à se refermer sous le coup de suspension politique et d’ultra-verticalisme d’un processus d’élaboration de la plate-forme de haut en bas, où les instances de base du parti n’interviennent qu’en fin de course. C’est là la résultante d’un parti qui est la convergence :
¸ d’Option citoyenne, expression électoraliste du mouvement des femmes après qu’il eut abandonné la rue suite à l’échec initial de la lutte pour le salaire minimum à 8.50$ l’heure en 2000 alors que cette lutte très populaire aurait permis la construction d’un grand front antinéolibéral dans la rue ;
¸ de l’Union des forces progressistes, produit de la mobilisation altermondialiste contre la ZLÉA au moment du Sommet des Amériques en avril 2001 qui a évolué rapidement d’un potentiel parti antinéolibéral « des urnes et de la rue » vers un parti électoraliste et verticaliste.
Tous deux ont complètement raté la mobilisation des secteurs public et para-public de l’automne 2003 à décembre 2005. Option citoyenne et l’UFP se sont murés dans un silence quasi-complet sur ses enjeux et sur la stratégie suicidaire des directions syndicales qui ont cru jusqu’au bout, jusqu’au ridicule, à la concertation dans laquelle le PQ les avait endormies au point de renoncer à l’unité combative du Front commun."
Pour Benoît Renaud, les choses sont plus compliquées : "Le nouveau parti Québec solidaire, fondé au début février, reflète la forme particulière prise par la lutte contre le capitalisme néolibéral dans le contexte québécois." Ceci pose des défis aux militants révolutionnaires, qui doivent s'impliquer à fond dans le nouveau parti, tout en expliquant pourquoi il faut rompre avec le réformisme, même de gauche :
"Les défis et le potentiel du nouveau parti découlent de cette série de particularités. D’abord, il faut qu’il prenne sa place face aux partis de droite, particulièrement le P[arti] Q[uébecois], alors que sa base est encore fragile et en partie démoralisée par les défaites syndicales. Des objectifs modestes comme l’organisation du parti dans tous les comtés et la présentation de candidatures partout aux prochaines élections seront difficiles à atteindre. Ensuite, il faudra s’appuyer sur les mobilisations sociales qui ont nourri le processus de construction et de convergence de la gauche pour continuer à avancer. La campagne contre la guerre en Afghanistan, l’opposition à la privatisation du Mont-Orford, la lutte pour une politique rigoureuse de réduction des gaz à effet de serre et d’autres campagnes similaires devront être appuyées par le parti et pourront renforcer le parti en même temps. Afin de résister aux attaques du PQ et des intellectuels nationalistes, Québec solidaire devra aussi clarifier ses idées et sa plate-forme, en particulier sur le plan de la stratégie de lutte contre l’oppression nationale et pour une véritable indépendance. Finalement, l’organisation de la gauche syndicale sera un préalable à une relance de la lutte contre les politiques économiques néolibérales comme au ralliement de sections importantes du mouvement ouvrier au parti.
"Le rôle des socialistes révolutionnaires dans Québec solidaire sera donc d’abord de construire le parti, puis d’encourager son développement dans le sens d’orientations politiques anti-capitalistes, d’une stratégies fondée sur les luttes sociales et de l’indépendance totale face au PQ, et enfin de donner une voix à ceux et celles qui veulent en finir avec le système capitaliste qui crée les problèmes auxquelles les mouvements sociaux tentent de répondre. Nos adversaires ne sont pas les éléments modérés ou peu politisés dans le parti, mais les partis de droite et la classe patronale qu’ils représentent. L’organisation des anti-capitalistes dans le parti doit se faire sur la base d’une reconnaissance des réalités politiques du Québec et d’une détermination à effectuer le travail patient et difficile qui en découle."
L'expérience des camarades québecois pourrait nous être très utile, si la construction d'une alternative antilibérale en France about à une nouvelle formation politique, même si bien évidemment le contexte politique est très différent (du fait notamment de l'importance de la question nationale au Québec).
Libellés : Anticapitalisme, Québec