20 août 2009
La CGT refuse de participer à l'université d'été du NPA
Lire l'article de NouvelObs.com ...
Photos: Assemblée générale des salariés de Continental à Clairoix dans l'Oise.
Le premier rôle des révolutionnaires est d'apporter une aide et d'organiser la solidarité avec les travailleurs en lutte (ci-dessous, un militant de Marxistes Unitaires prend la parole).
Commentaire du Poireau Rouge
Cet incident soulève la question tant débattue à gauche des rapports entre les partis et les syndicats. C'est une question qui est loin de faire l'unanimité, y compris au sein du NPA, où, dans la pratique, certains militants qui ont des responsabilités syndicales locales ou nationales ont tendance à se réfugier derrière la notion de l'"autonomie des syndicats" (et plus généralement, de l'"autonomie du mouvement social"). Certes, le phénomène est moins développé que dans un parti comme le Parti communiste français, mais il existe, notamment dans des secteurs comme l'éducation.
Il me semble que nous devons faire au moins une distinction entre l'autonomie organisationnelle et l'autonomie politique. Les révolutionnaires doivent respecter l'autonomie des syndicats dans ce sens qu'il appartient aux membres des syndicats, c'est-à-dire aux travailleurs syndiqués eux-mêmes, de décider démocratiquement de la conduite à suivre. C'est pour cette raison que nous nous battons pour la plus grande participation des syndiqués dans les structures syndicales, mais aussi pour des assemblées générales ouvertes (étant donné notamment le très faible taux de syndicalisation dans beaucoup de secteurs) lors des luttes comme celles qui se déroulent en ce moment contre les plans de licenciement.
Nous soutenons que le parti ne doit pas se substituer au syndicat, car cela signifierait qu'il se substitue aux membres du syndicat. C'est à ceux-ci à contrôler leur organisation, et à personne d'autre. Mais en même temps il lutte pour que les travailleurs les plus combattifs et les plus conscients prennent la direction politique des syndicats. Il est pour l'autonomie organisationnelle des syndicats, mais contre leur autonomie politique, qui en réalité est une chimère.
Qui peut croire, en effet, que, quand les directions syndicales négocient avec le patronat ou prennent le goûter à l'Elysée ou à Matignon, elles ne font pas la politique ? Elles sont nécessairement influencées non seulement par leurs propres affiliations politiques mais plus crucialement par l'idée que le rôle des syndicats est d'organiser les meilleurs rapports possibles entre les salariés et le patronat dans le cadre du système capitaliste - ce qui est fondamentalement une idée politique.
Le rôle des révolutionnaires est de lutter pour l'idée que l'action syndicale, pour rester fidèle à ses objectifs primaires, doit conduire au renversement du système capitaliste.
C'est pour cette raison d'ailleurs que les marxistes défendent aussi la notion que les syndicats doivent rester indépendants de l'Etat et bien évidemment du patronat, ce qui est loin d'être le cas aujourd'hui. En effet, les mêmes dirigeants syndicaux qui défendent l'idée de l'autonomie des syndicats quant il s'agit de réduire l'influence des militants révolutionnaires sont très à l'aise avec l'idée que les organisations des salariés puissent être partie prenantes dans une multitude de commissions, de conseils et autres institutions étatiques, para-étatiques et paritaires. Certains ne semblent pas choqués qu'elles soient soutenues et financées ouvertement ou secrètement par les pouvoirs publics (voire par les organisations patronales).
Il est compréhensible que cette politique de lutte pour la démocratie syndicale, combinée avec un combat politique révolutionnaire à l'intérieur des organisations de masse, gêne les directions syndicales, qui - sans généraliser abusivement - sont souvent acquise (presque par la force des choses) à une collaboration plus ou moins ouverte avec le patronat et l'Etat. Si intervenir dans les syndicats pour pousser les directions à mener le combat pour l'emploi et pour de meilleurs conditions de travail - faute de quoi nous luttons pour les remplacer par de nouvelles équipes - constitue une "ingérence", alors nous plaidons coupables.
Dans la bouche des dirigeants syndicaux, donc, le slogan d'"autonomie des syndicats" reflète le processus - quasi inéluctable sous la capitalisme - de l'autonomisation de la bureaucratie syndicale par rapport à la masse des syndiqués.
Dans un parti comme le NPA, le même slogan peut refléter l'adaptation d'une fraction des militants - souvent ceux qui ont le plus servi le parti dans le passé - à leur milieu syndical. Les militants politiques doivent évidemment être les meilleurs syndicalistes sur leur lieu de travail, mais être révolutionnaire, c'est défendre à chaque moment les intérêts globaux des travailleurs et des opprimés, ce qui est précisément le rôle du parti. Ils doivent intervenir dans les syndicats surtout en tant que militants révolutionnaires, alors que, s'ils occupent des postes de responsabilité dans leur syndicat, ils sont soumis à une double pression - celle des syndiqués, mais aussi celle des directions syndicales. Ce n'est évidemment pas toujours facile.
C'est justement parce que ce n'est pas toujours facile qu'il est indispensable que les militants du parti qui interviennent dans le même syndicat - et au delà du syndicat (car la division syndicale a son prolongement à l'intérieur du parti) dans la même branche - doivent s'organiser sous la forme de 'fraction' pour coordonner leurs actions. Ils doivent rendre compte au parti de leurs activités syndicales - ce qui ne signifie pas que c'est le parti qui décide à la place des militants syndiqués.
Ce débat important n'a bien sûr rien à voir avec une quelconque tendance à "donner des leçons" aux syndicats (Thibault) ni avec un concours de beauté entre Bernard Thibault et Olivier Besancenot. Il ne peut être question de se servir de la notoriété d'un dirigeant politique extérieur aux syndicats (même si Besancenot est par ailleurs un syndicaliste de base) pour impressionner les syndiqués, mais de construire patiemment des fractions à l'intérieur des syndicats en luttant pour la direction politique de ceux-ci.
Photos: Assemblée générale des salariés de Continental à Clairoix dans l'Oise.
Le premier rôle des révolutionnaires est d'apporter une aide et d'organiser la solidarité avec les travailleurs en lutte (ci-dessous, un militant de Marxistes Unitaires prend la parole).
L'université d'été du NPA affiche complet ...
Commentaire du Poireau Rouge
Cet incident soulève la question tant débattue à gauche des rapports entre les partis et les syndicats. C'est une question qui est loin de faire l'unanimité, y compris au sein du NPA, où, dans la pratique, certains militants qui ont des responsabilités syndicales locales ou nationales ont tendance à se réfugier derrière la notion de l'"autonomie des syndicats" (et plus généralement, de l'"autonomie du mouvement social"). Certes, le phénomène est moins développé que dans un parti comme le Parti communiste français, mais il existe, notamment dans des secteurs comme l'éducation.
Il me semble que nous devons faire au moins une distinction entre l'autonomie organisationnelle et l'autonomie politique. Les révolutionnaires doivent respecter l'autonomie des syndicats dans ce sens qu'il appartient aux membres des syndicats, c'est-à-dire aux travailleurs syndiqués eux-mêmes, de décider démocratiquement de la conduite à suivre. C'est pour cette raison que nous nous battons pour la plus grande participation des syndiqués dans les structures syndicales, mais aussi pour des assemblées générales ouvertes (étant donné notamment le très faible taux de syndicalisation dans beaucoup de secteurs) lors des luttes comme celles qui se déroulent en ce moment contre les plans de licenciement.
Nous soutenons que le parti ne doit pas se substituer au syndicat, car cela signifierait qu'il se substitue aux membres du syndicat. C'est à ceux-ci à contrôler leur organisation, et à personne d'autre. Mais en même temps il lutte pour que les travailleurs les plus combattifs et les plus conscients prennent la direction politique des syndicats. Il est pour l'autonomie organisationnelle des syndicats, mais contre leur autonomie politique, qui en réalité est une chimère.
Qui peut croire, en effet, que, quand les directions syndicales négocient avec le patronat ou prennent le goûter à l'Elysée ou à Matignon, elles ne font pas la politique ? Elles sont nécessairement influencées non seulement par leurs propres affiliations politiques mais plus crucialement par l'idée que le rôle des syndicats est d'organiser les meilleurs rapports possibles entre les salariés et le patronat dans le cadre du système capitaliste - ce qui est fondamentalement une idée politique.
Le rôle des révolutionnaires est de lutter pour l'idée que l'action syndicale, pour rester fidèle à ses objectifs primaires, doit conduire au renversement du système capitaliste.
C'est pour cette raison d'ailleurs que les marxistes défendent aussi la notion que les syndicats doivent rester indépendants de l'Etat et bien évidemment du patronat, ce qui est loin d'être le cas aujourd'hui. En effet, les mêmes dirigeants syndicaux qui défendent l'idée de l'autonomie des syndicats quant il s'agit de réduire l'influence des militants révolutionnaires sont très à l'aise avec l'idée que les organisations des salariés puissent être partie prenantes dans une multitude de commissions, de conseils et autres institutions étatiques, para-étatiques et paritaires. Certains ne semblent pas choqués qu'elles soient soutenues et financées ouvertement ou secrètement par les pouvoirs publics (voire par les organisations patronales).
Il est compréhensible que cette politique de lutte pour la démocratie syndicale, combinée avec un combat politique révolutionnaire à l'intérieur des organisations de masse, gêne les directions syndicales, qui - sans généraliser abusivement - sont souvent acquise (presque par la force des choses) à une collaboration plus ou moins ouverte avec le patronat et l'Etat. Si intervenir dans les syndicats pour pousser les directions à mener le combat pour l'emploi et pour de meilleurs conditions de travail - faute de quoi nous luttons pour les remplacer par de nouvelles équipes - constitue une "ingérence", alors nous plaidons coupables.
Dans la bouche des dirigeants syndicaux, donc, le slogan d'"autonomie des syndicats" reflète le processus - quasi inéluctable sous la capitalisme - de l'autonomisation de la bureaucratie syndicale par rapport à la masse des syndiqués.
Dans un parti comme le NPA, le même slogan peut refléter l'adaptation d'une fraction des militants - souvent ceux qui ont le plus servi le parti dans le passé - à leur milieu syndical. Les militants politiques doivent évidemment être les meilleurs syndicalistes sur leur lieu de travail, mais être révolutionnaire, c'est défendre à chaque moment les intérêts globaux des travailleurs et des opprimés, ce qui est précisément le rôle du parti. Ils doivent intervenir dans les syndicats surtout en tant que militants révolutionnaires, alors que, s'ils occupent des postes de responsabilité dans leur syndicat, ils sont soumis à une double pression - celle des syndiqués, mais aussi celle des directions syndicales. Ce n'est évidemment pas toujours facile.
C'est justement parce que ce n'est pas toujours facile qu'il est indispensable que les militants du parti qui interviennent dans le même syndicat - et au delà du syndicat (car la division syndicale a son prolongement à l'intérieur du parti) dans la même branche - doivent s'organiser sous la forme de 'fraction' pour coordonner leurs actions. Ils doivent rendre compte au parti de leurs activités syndicales - ce qui ne signifie pas que c'est le parti qui décide à la place des militants syndiqués.
Ce débat important n'a bien sûr rien à voir avec une quelconque tendance à "donner des leçons" aux syndicats (Thibault) ni avec un concours de beauté entre Bernard Thibault et Olivier Besancenot. Il ne peut être question de se servir de la notoriété d'un dirigeant politique extérieur aux syndicats (même si Besancenot est par ailleurs un syndicaliste de base) pour impressionner les syndiqués, mais de construire patiemment des fractions à l'intérieur des syndicats en luttant pour la direction politique de ceux-ci.
Libellés : Confédération générale du travail, Nouveau parti anticapitaliste, Syndicats