11 octobre 2008
Réunion nationale autour de l'Appel de Politis
Photo : Patrice Leclerc
Photo : Patrice Leclerc
Photo : lepoireaurouge
Photo : lepoireaurouge
Je reviens de la prémière session de la réunion nationale convoquée par les initateurs de l'Appel de Politis. En voici un petit résumé très rapide et forcément un peu confus.
(Désolé, je n'ai pas pu assister aux débats de l'après-midi, seulement la fin de la conclusion de Denis Sieffert. La réunion a visiblement été un succès, avec 700 participants et un large accord sur les grandes lignes du projet. Des différences ont apparu sur les rythmes - faut-il aller rapidement vers une nouvelle force politique ? On verra bien ce que cela signifie en lisant les réactions à froid des uns et des autres.)
Environ 500 personnes présentes ce matin - la Salle des Fêtes de la belle ville de Gennevilliers (voir la photo) n'est pas pleine, mais presque.
Présentation et cadrage du débat par Denis Sieffert, rédacteur en chef du magazine Politis. Un projet de Déclaration de Principes est présenté. On ne veut pas trop d'amendements (cela se comprend), et il ne s'agit pas d'un programme politique. Mais la question de la structuration du mouvement (ou processus, comme on veut) est posée. Denis propose l'ouverture de quelques chantiers, sous forme de commissions, et un bureau d'animation (ou de gestion du processus) d'une vingtaine de personnes représentatives des courants politiques présents, mais aussi des régions, des syndicats et d'associations. Ce bureau s'occupera du calendrier, suivra le travail des commissions, organisera une nouvelle initiative plus ambitieuse en janvier.
La composition de la salle reflète la coupure entre la gauche française et les populations discriminées habitant les quartiers populaires : peu de 'représentants' de l'Afrique, du Maghreb, de l'Asie, des Antilles (comme l'a très bien exprimé Mireille Fanon-Mendès-France). Selon Khader de Tours, le Projet de Déclaration de Principes ne tient pas compte de cette dimension du problème : égalité des Français issus de la colonisation avec les Français de souche. Un autre intervenant regrette que le mot 'ouvrier' n'y paraît pas non plus.
Le débat est ouvert. Pas moins de 27 personnes prennent la parole avant la pause-déjeuner. Parmi les personnalités : Pierre Zarka et Gilles Alfonsi des Communistes Unitaires, Jean-Claude Gayssot (ancien ministre, PCF), Jean-Luc Mélenchon (député socialiste - non-signataire de l'Appel), Jean-Jacques Boislaroussié (Les Alternatifs), Claude Debons (Coordination nationale des Collectifs unitaires), Martine Billard (Les Verts), Eric Cocquerel (Mars-Gauche républicaine). Mais aussi beaucoup de militant(e)s moins connus, souvent de province (collectifs ou associations de la région lilloise, de l'Hérault, du Morbihan, de la Haute-Savoie, de Belfort, de Lyon, de Sainte-Etienne, de la Touraine, d'Aubagne ...).
Lecture d'une lettre assez pathétique de Marie-George Buffet, qui déclare que le PCF ne souhaite pas participer au processus, mais qu'elle n'est pas "heurtée".
Les participants au débat sont essentiellement d'accord sur le diagnostic. La crise financière et économique ne fait que renforcer l'urgence d'une réponse de la part de la gauche anticapitaliste. Des partisans de la 'décroissance' posent la question de l'impasse du 'modèle productiviste', s'opposant à l'idée que la solution consiste seulement en une nouvelle répartition des richesses. Des divergences apparaissent sur la question de l'urgence de la construction d'un parti - certains considèrent que le modèle partisan a tendance à exclure les 'citoyens', d'autres pensent plus en termes de fondation d'une nouvelle gauche, y compris au niveau électoral. Plusieurs intervenants soulignent l'importance de l'enjeu électoral des élections européennes de 2009, alors que des camarades de la région de Belfort considèrent que celles-ci ne sont pas une priorité et mettent l'accent sur le travail lent d'ancrage du mouvement dans les couches populaires.
Le débat sur les conséquences de la crise financière (qui aggravera la crise économique et sociale et aura des conséquences importantes y compris sur une situation internationale marquée par des tensions accrues) ne révèle pas des divergences importantes. L'importance de la bataille idéologique est soulignée - une bataille dans laquelle nous avons quelques atouts (faillite du modèle ultra-libéral, rôle nouveau de l'Etat) mais qui nous pose le défi de répondre aux partisans d'un libéralisme réformé (Sarkozy) ou de solutions néo-keynésiennes. Le risque d'un retour de l'extrême droite est réel, en l'absence d'une alternative de gauche rompant avec une social-démocratie affaiblie et fortement compromise par sa gestion du système capitaliste.
Quelles alliances et regroupements sont possibles, au-delà de la création d'un cadre permanent de débat (et d'action) autour des différentes forces parties prenantes du processus de l'Appel ? Les mois à venir vont être riches en rebondissements. Il y aura les congrès du PCF, des Verts et du PS (qui met la gauche du parti "le dos au mur", selon Mélenchon), ainsi que le congrès fondateur du Nouveau parti anticapitaliste animé par la LCR. Des discussions sont en cours afin de parvenir à un regroupement des Alternatifs, des Communistes Unitaires, des Collectis unitaires et de la gauche des Verts.
Une question cruciale a été étrangement absente ce matin (peut-être qu'elle sera soulevée cet après-midi). Il y a eu peu de références au NPA ou à la LCR (4 en tout), alors que pour moi il s'agit d'une question clé pour l'ensemble de la gauche radicale. Comment concevoir une nouvelle force politique à gauche sans la participation de la LCR et des nouveaux militants qu'elle a su attirer ? De son côté, la direction de la LCR a pris la décision, semble-t-il, de tourner le dos complètement à cette réunion qui réunit quand même plusieurs centaines d'anticapitalistes et représentent sans doute plusieurs milliers d'autres militants, organisés et inorganisés. (En fait, une toute petite délégation a été présente, mais elle avait été mandatée à ... ne pas intervenir. Etrange et lamentable attitude de la part de la direction de la plus importante organisation de l'extrême gauche, elle même impliquée dans un processus de 'dépassement'.)
Un bloggeur membre du PS (une fois n'est pas coûtume sur ce site) donne ses impressions de la réunion ...
On peut écouter quelques interventions ici (malgré quelques problèmes techniques). cela donne une bonne idée de la teneur des débats.
Appel de Politis : une nouvelle étape, par Christian Picquet
Libellés : Anticapitalisme