16 mai 2008
'Droit de grève' et 'service minimum'
Grèves en France et en Angleterre. Le but du 'service minimum' est de rendre les luttes ouvrières invisibles et inaudibles.
Le Parti Socialiste et les syndicats dénoncent l'idée d'imposer un 'service minimum' comme 'une atteinte au droit de grève'. Ce n'est pas tout-à-fait exact. La véritable distinction n'est pas entre ceux qui défendent le droit de grève et ceux qui sont contre. Presque personne en France aujourd'hui n'est contre le droit de grève.
Ecoutez Sarkozy : lui-même est pour le droit de grève. Seulement, il est contre le fait de l'exercer. Et surtout pour que, si des grèves ont lieu, elles n'aient aucun impact. Lui, et ceux qui sont d'accord avec cela, veulent que quand les enseignants font grève, les écoles s'ouvrent ; quand les cheminots font grève, les trains roulent ; quand les postiers font grève, le courrier soit livré (surtout aux entreprises) ...
Ou, comme disait un révolutionnaire anglais décédé, si les travailleurs dans une fabrique de glâces ont des revendications, il faut surtout qu'ils attendent le milieu de l'hiver pour se mettre en grève. Le meilleur moment pour que les profs fassent grève, c'est évidemment pendant les congés scolaires. Et ainsi de suite.
Cela s'appelle vouloir briser des grèves sans en avoir l'air - au nom bien sûr des 'usagers' ou des 'enfants'. Ces gens-là se fichent complètement des intérêts des usagers et des enfants. Sinon ils seraient en train d'augmenter les budgets et les effectifs dans les services publics, au lieu de faire le contraire.
Le même principe s'applique à d'autres droits. Nous possédons tous (à l'exception des résidents étrangers, bien sûr) le droit de vote. Mais il ne faut surtout pas que les élections puissent changer la vie des gens. Quant à la liberté d'expression, cela existe - sauf que la plupart des médias appartiennent à un petit groupe de gens très riches. (C'est un peu aussi comme le droit religieux pour certains 'républicains'. Tout le monde y compris les musulmans a le droit d'avoir une croyance religieuse, mais il faut surtout pas que cela se voie.) Dans ce que les marxistes appellent une démocratie bourgeoise, le vrai pouvoir réside dans les hautes sphères de l'administration, dans les conseils d'administration des grandes entreprises etc.
Les droits démocratiques sont importants - à condition d'abord de pouvoir les exercer pleinement, et ensuite que leur exercice soit suivi d'effets. Dans beaucoup de cas, ces droits sont entièrement vidés de sens, tant le pouvoir de l'argent, celui d'influencer l'opinion (les grands médias) et en dernière analyse le pouvoir étatique (police, armée, prisons ...) déterminent toute la direction de la politique.
Contre cela, nous ne défendons pas seulement le droit de faire grève, mais nous militons pour qu'ils soit utilisé le plus souvent et le plus efficacement possible. Ce qui n'est pas le cas du Parti Socialiste et de la majorité des dirigeants syndicaux, qui eux pensent et disent de plus en plus que c'est par la négociation à froid et le partenariat social avec les patrons que la condition des salariés, des chômeurs, des étudiants etc sera améliorée. (A ce propos, ne peut-on pas faire campagne pour interdire l'utilisation du terme 'partenaires sociaux' ? Depuis quand les patrons sont-ils des 'partenaires' des travailleurs ? Remplaçons-le obligatoirement par 'adversaires sociaux' ou 'ennemis de classe'. Ce serait beaucoup plus réaliste.)
Libellés : Luttes ouvrières
Comments:
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excellent! analyse très juste et socratique! le bons sens et appeler un chat un chat ça devient de plus en pus rare dans notre monde pénétré de la propagande publicitaire et médiatique. Il est plus qu'urgent de mettre à jour la véritable nature de l'idéologie qui nous gouverne.
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