06 février 2008
LES MUNICIPALES A SAINT-DENIS
Le 'plan banlieue' de l'Etat français
La cuisine électorale locale n'est pas vraiment ma tasse de thé (sic), mais les élections municipales sont un moment important dans la vie des gens et il faut tout faire pour qu'un maximum de villes restent ou basculent à gauche. D'autant plus que la lune de miel (politique) de Sarkozy est finie depuis déjà quelques semaines - à la grande surprise, j'imagine, de mes camarades qui prédisaient la fin du monde au lendemain de son élection en avril dernier.
Très ancrée à gauche, Saint-Denis - où plus de 65% des électeurs ont soutenu Ségolène Royal - ne risque pas d'élire un maire UMP, et le Modem local, qui ne comptait déjà pas pour grande chose, s'est divisé récemment. A long terme, qui sait ? L'arrivée de jeunes ménages plutôt 'col blancs' ou 'classes moyennes' dans les nouveaux quartiers du sud de la ville (autour du Stade de France) change quelque peu la donne sociologique, alors que cela fait longtemps que les grandes concentrations d'usines, chacune avec leur section du PCF, n'existent plus.
L'existence d'énormes terrains en friche appartenant entre autres à la SNCF attire les promoteurs et met la municipalité et la communauté d'agglomération, présidée par le députe communiste 'unitaire', Patrick Braouezec, devant des choix difficiles. On voit déjà pousser les tours jumelles d'un complexe hotélier international des deux côtés de l'autoroute A86, alors qu'à deux pas de là des Roms campent dans des conditions inimaginables, des familles africaines (notamment) squattent des immeubles vétustes et des milliers de Dionysiens attendent l'attribution d'un HLM. Saint-Denis n'est sans doute pas unique, mais il y a peu de villes en France où l'on voit régulièrement des gens porter des bidons d'eau pour pouvoir se laver et faire la cuisine.
Les mots 'mixité sociale' sont sur toutes les lèvres, mais la réalité est souvent sordide et les municipalités de gauche ont peu de moyens juridiques, politiques ou financiers pour véritablement changer les choses - ce qui ne veut pas dire que certaines ne font pas tout ce qui est dans leur pouvoir pour au moins aider les gens individuellement. Le socialisme ne se construira pas dans une seule ville, un seul département (même quand il s'appelle le Neuf Trois) ou une seule région, même quand ils sont tous de gauche, comme c'est le cas ici. Voir ce site pour en être convaincu ...
Alors, quid des élections municipales à Saint-Denis ? La principale liste de gauche est celle du maire sortant PCF, Didier Paillard, qui comprend des militants du PCF - dont beaucoup s'étaient opposés à la candidature de Marie-George Buffet aux présidentielles ou ont même participé activement à la campagne de José Bové -, des Verts, du MRC, des Alternatifs ... On y trouve des camarades du Collectif unitaire de la ville. Le ralliement de Lutte Ouvrière (dont un conseiller municipal sortant en position éligible) étonne, mais le parti d'Arlette Laguiller semble être quelque peu désorienté depuis son échec à l'élection présidentielle et maintenant la suspension de sa minorité, la Fraction.
Dix-huit des 48 noms annoncés sont sans étiquette. La liste est assez diverse, dix-huit des candidats déclarés étant d'origine maghrébine, indienne ou africaine (et une candidate est britannique). La parité hommes-femmes est respectée.
La nouvelle du jour, si elle est confirmée, est la présence probable sur la liste - selon le Journal de Saint-Denis d'aujourd'hui (6 février 2008) - de plusieurs candidats socialistes, dont leur candidate aux législatives, Rose Gomis, alors que le PS local vient de lancer sa propre campagne après l'échec des négociations avec le maire pour présenter une liste commune (le PS fait partie de la majorité sortante). Rassembler des militants de LO et des Alternatifs aux Verts et au PS, tout en divisant la section locale du parti socialiste, devrait assurer la victoire d'un maire qui s'est plutôt contenté de gérer le capital politique de son prédecesseur, le plus charismatique Patrick Braouezec.
L'autre liste de gauche est celle présentée par la LCR, dont je ne connais pas à l'heure actuelle la composition (ni même si elle est constituée). La Ligue va faire campagne sur le thème de '100% à gauche' et pour un nouveau parti anticapitaliste, mais il reste à voir dans quelle mesure elle a su s'ouvrir et recruter des forces nouvelles. Dira-t-elle clairement dès le début de la campagne qu'elle soutiendra activement la liste 'Saint-Denis pour tous' au deuxième tour, quelque soient ses critiques de la majorité municipale actuelle ? Connaissant les camarades - et leurs têtes de liste en particulier - je crains que le tournant unitaire ne soit pas pour cette fois-ci.
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