04 décembre 2007

 

Encore sur l'affaire des "statistiques ethniques"


Enquêter sur la religion : curiosité malsaine ou nécessité scientifique ?
par Sylvain Brouard et Vincent Tiberj

Les statistiques ethniqes et religieuses sont le thermomètre qu'on veut casser pour ne pas traiter la fièvre ...

Un excellent article plein de bon sens.

"Le rôle des sciences sociales c’est bien d’aller au-delà des débats de surface. Le rôle des enquêtes, qu’elles soient quantitatives ou qualitatives, c’est de donner corps au vécu des individus, à leur ressenti, à leurs parcours, de comprendre les processus sociaux à l’œuvre au-delà de ce que les médias en donnent à voir."

"En conclusion, dans quel monde veut-on vivre ? Celui où l’on quantifie les faits sociaux et, ou bien celui on les ignore ? Celui où l’on parle de panne du modèle d’intégration sans se poser la question de sa mesure ou celui où l’on essaye de comprendre les processus sociaux à l’œuvre, d’en cerner les problèmes, leurs causes et donc d’éclairer leurs solutions ?

Derrière le rejet des mesures de la diversité SOS racisme craint le communautarisme. On peut lui faire une double objection : premièrement les porte-paroles « communautaires » n’ont pas attendu qu’on mesure la diversité pour exister. Deuxièmement, invoquer que la mesure créera le communautarisme c’est se tromper de mécanisme : si aux Etats-Unis l’attachement des afro-américains à leur communauté est si fort, ce n’est pas parce qu’on mesure cette appartenance mais parce que la société américaine continue à discriminer .

Derrière le rejet des statistiques de la diversité Jean-François Amadieu craint que l’on crée artificiellement des groupes. Qu’apporte la variable religieuse ? Elle permet au contraire de casser les préjugés et le sens commun qui voient des groupes là où ils n’existent pas. Pour beaucoup il est évident que tous les maghrébins (qu’ils soient immigrés ou nés en France, qu’ils soient français ou étrangers) sont musulmans, et que tous les musulmans sont travaillés par l’islam radical. En posant simplement la question on découvre que ce n’est pas le cas, au contraire. La grande majorité des Français musulmans ne sont pas seulement musulmans ni même d’abord musulmans. Ces citoyens français sont aussi des musulmans. Bref, on réintroduit de la diversité dans la diversité."


Lu sur le site du CRAN : " Pour lutter contre les discriminations, il faut d'abord les rendre…visibles ! "

Pour Eric Frassin, sociologue, le PS et SOS-Racisme, en menant une campagne contre les 'statistiques ethniques', se trompent cmpètement de cible :

N¹allons donc pas dire à un Noir ou à un Arabe, au nom de l¹universalisme républicain, ou des solidarités de classe, que ces catégories n¹existent pas, quand c¹est en tant que Noir ou Arabe qu¹il se voit refuser un emploi ou un logement. Il ne sert à rien de répéter que ces mots n¹ont aucun sens, quand ils ont des effets si graves ­ sur les victimes, et sur la société dans son ensemble.

Aussi la campagne menée par SOS-Racisme et ses alliés, qui agitent le spectre de Vichy, voire du Rwanda, dès qu¹on parle d¹enquêtes statistiques, se trompe-t-elle d¹objet, et d¹adversaire. Il n¹est pas question aujourd¹hui de recensement mais d¹enquêtes. Il ne s¹agit pas de compter des races, mais de rendre compte d¹expériences de discrimination. Comment évaluer le « ressenti » des discriminations sans prendre en compte l¹apparence physique, puisque la couleur de peau est au principe de la discrimination ? Et croit-on vraiment que les enquêtes à venir sont dès aujourd¹hui la cause des discriminations raciales qu¹elles entreprennent de mesurer ? C¹est contre la chose qu¹il faut se battre, et non contre le mot.


Un autre texte sur le même sujet, d'Eric Frassin , Race objective vs race subjective

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