24 août 2007
Besancenot : « la LCR ne disparaîtra que si elle parvient à construire un nouveau parti »
Unis contre le Traité constitutionnel en 2005
PARIS, 24 août 2007 (AFP) - Olivier Besancenot a affirmé vendredi à l’AFP que la LCR aurait vocation à disparaître si elle parvenait à "construire un nouveau parti anti-capitaliste", précisant qu’il ne s’agissait pas de "supprimer" la formation trotskiste tant que cet objectif n’était pas atteint. "Je n’appelle pas à supprimer la LCR, je n’appelle pas à détruire mais à construire un nouveau parti anticapitaliste" et "c’est uniquement dans ce cadre là que la LCR n’aurait plus vocation à exister en tant que telle", explique-t-il. "L’idée est un dépassement de la LCR", selon lui. Sous la manchette "Besancenot veut supprimer la LCR", le Parisien a publié vendredi une interview du porte-parole de la LCR dans laquelle il affirme sa volonté de construire un nouveau parti. Dès après l’élection présidentielle dans laquelle M. Besancenot avait obtenu un score honorable (4%), l’organisation trotskiste avait annoncé sa volonté de construire une nouvelle formation sous sa houlette. Le nouveau parti pourrait voir le jour dans un an : "l’idée sera débattue lors de l’université d’été de la LCR" ce week-end à Port-Leucate (Aude) et "au Congrès de la Ligue en décembre", a précisé M. Besancenot à l’AFP. "Les échéances municipales seront une étape importante pour élargir nos horizons et après ces élections, on voudrait aboutir à la constitution de ce nouveau parti", dit-il. La nouvelle formation "doit être suffisamment vierge politiquement pour que d’autres horizons puissent s’agréger", affirme le jeune postier. "L’idée est de ne pas construire un nouveau parti trotskiste", mais "un parti anticapitaliste pour tous ceux qui veulent construire autre chose que le capitalisme", explique-t-il.
L'idée d'un nouveau parti anticapitaliste avance, donc, du côté de la LCR, ce qui ne peut qu'encourager tous les militants unitaires sincères.
Mais du point de vue de ceux qui ont participé au processus unitaire tout au long de l'année 2006 (et pour certains jusqu'aux élections présidentielles et législatives d'avril-juin 2007 en soutenant d'autres candidats que ceux désignés par la Ligue), l'avenir est loin d'être clair, et ce ne sont pas de simples annonces faites à la presse qui les convaincront.
La direction de la Ligue est-elle prête à travailler avec ceux et celles qui ont fait d'autres choix qu'elle ? Car être réellement unitaire, ce n'est pas annoncer d'en haut de ses 4% des voix aux présidentielles la création d'un nouveau parti élargi ("dans un an" nous dit Besancenot, paraît-il), et ce n'est pas au Congrès de la Ligue d'en décider les rythmes.
Certains membres de la Ligue envisagent sans doute une espèce de LCR élargie et relookée, d'autres sont prêts à discuter réellement, sans préalables et dans un esprit à la fois critique et auto-critique.
Quant à la "disparition" ou pas de la Ligue - une question sans doute sensible dans le contexte du jeu des tendances à l'intérieur de l'organisation trotskiste et qui a bien fait réagir sa direction après l'interprétation donnée au propos de Besancenot par les journalistes du Parisien - c'est à notre avis mal poser la question. Les militants révolutionnaires unitaires n'ont jamais demandé à la Ligue de se dissoudre, mais d'avoir une démarche réellement unitaire, ce qui suppose une ouverture à d'autres tendances politiques, à des mouvements et à des individus prêts à se battre contre le capitalisme et ses effets.
Une telle démarche pourrait conduire à terme à la disparition de la Ligue, qui n'a pas vocation à être éternelle, mais l'unité peut bien à court et à moyen terme prendre d'autres formes que la création d'une nouvelle organisation possédant tous les attributs d'un parti politique 'classique' (front électoral, coalition, parti large ayant des tendances organisées en son sein ...).
Même à l'intérieur d'un nouveau parti, les révolutionnaires devraient - comme cela s'est fait dans d'autres pays - rester groupés (en tant que tendance, autour d'une publication - peu importe la forme), car plus un parti anticapitaliste rassemble, plus elle aura besoin d'un vrai débat sur sa stratégie et ses orientations.
En tout cas, contrairement à ce qui a souvent été dit et écrit depuis l'échec de 2007, la gauche radicale n'a pas disparu et ne disparaîtra pas, en dépit du sectarisme des uns, des erreurs des autres et de la situation défavorable actuelle. Pour cela, nous pouvons compter sur l'offensive menée par le gouvernement Sarkozy, la politique impérialiste des Etats-Unis et de ses alliés, les soubresauts de l'économie mondiale et l'aggravation de la crise environnementale. Les rythmes pourraient même s'accélérer. A nous de faire en sorte qu'elle tire toutes les leçons de la dernière période très mouvementée et qu'elle se renforce politiquement et numériquement.
Le Poireau Rouge publiera toutes les contributions intéressantes et non-sectaires sur cette question qui lui sont addressées, et donnera la plus large publicité à celles qui sont publiées ailleurs. Pour y participer, envoyez-nous un mail ou un commentaire (il suffit de cliquer sur 'comments').
Une première réaction: celle de Clémentine Autain sur son blog (daté le 25 août 2007) ...
Libellés : Anticapitalisme, LCR, Olivier Besancenot