07 septembre 2006
Socialisme International, Editorial du numéro 15/16 juillet 2006
Pour une gauche radicale combative!
Pour un rassemblement anti-libéral de gauche et des candidatures communes, il y a urgence!
Dans plusieurs pays européens la gauche antilibérale a fait des pas importants vers la construction d’une alternative unitaire, que cela soit sous la forme de nouveaux partis, de coalitions ou d’alliances électorales (Bloc de Gauche au Portugal, WASG-Linkspartei en Allemagne, RESPECT en Angleterre, le SSP en Ecosse, l’Alliance Rouge et Verte au Danemark …). En Belgique, des Appels à l’unité ont conduit à la constitution de Collectifs unitaires en Wallonie et en Flandre. Au Brésil, la candidature d’Héloïsa Helena du PSOL est soutenue entre autres par le PC brésilien, alors qu’au Canada francophone deux composantes de la gauche radicale ont fusionné en janvier 2006 pour créer Québec Solidaire.
Ces développements répondent à une demande forte de la part de tous ceux et de toutes celles, plus nombreux-ses chaque jour, qui se sont révolté-e-s contre la politique libérale menée par les classes dirigeantes à l’échelle du monde. L’offensive impérialiste menée par les Etats-Unis et leurs alliés a mis en mouvement des millions de personnes derrière des coalitions anti-guerre. Le mouvement altermondialiste a réuni des dizaines et des centaines de milliers de personnes, dont beaucoup de jeunes, des manifestations contre l’OMC à Seattle en 1999 au FSE d’Athènes en 2006, en passant par Porto Alegre, Florence, Londres, Bamako, Mumbai et Karachi. Des grèves massives pour la défense des retraites ou ce qui reste de ‘L’Etat-providence’, des mouvements contre la précarité de l’emploi des jeunes ou la libéralisation de l’enseignement (en France, mais aussi en Grèce et au Chili), la révolte des jeunes des banlieues en France en novembre 2005 ont tous démontré la disponibilité de secteurs de plus en plus larges de la population pour combattre les politiques antisociales de nos gouvernants. .
Dans tous ces mouvements, des révolutionnaires et des militants antilibéraux se sont rencontrés et de nouvelles pratiques unitaires expérimentées. En France, la dynamique de la campagne pour le ‘Non’ au Traité constitutionnel a fait sauter de nombreux obstacles à l’unité, tout comme les grèves et manifestations de ces dernières années, du mouvement pour la défense des retraites aux luttes contre le CPE et aujourd’hui contre le traitement ‘colonial’ de l’immigration et la politique tout sécuritaire dans les banlieues.
Nous, militants politiques, devons fournir des réponses qui sont à la hauteur de ces attentes. Nous devons faire la preuve que nous mettons les intérêts du mouvement au-dessus de nos propres intérêts partisans à court terme. Nous devons démontrer que nous sommes capables d’innover. Les organisations existantes – dont nous ne nions pas le rôle indispensable dans la formation des militants et la centralisation des luttes – commettraient une erreur majeure de croire qu’il suffit d’avoir le ‘bon’ programme et un ‘bon’ candidat pour cueillir les fruits de cette lame de fond. Ou de penser que la gauche d’accompagnement et de compromission est trop discréditée pour rebondir – l’histoire (et les sondages!) nous prouve(nt) exactement le contraire.
On peut trouver, bien sûr, beaucoup de bonnes raisons pour ne pas se lancer dans la construction d’une alternative nouvelle. Nous savons qu’il y a des réponses à trouver. Tous les regroupements que nous avons cités ont rencontré des problèmes. Ils ont en commun le fait de rassembler des militants qui ne partagent pas la même culture politique et peuvent avoir des désaccords importants entre eux. Dans le meilleur des cas, ils comprennent des militants révolutionnaires, des syndicalistes, d’anciens électeurs et militants des partis réformistes, des associatifs, des laïcs, des croyants, des représentants des minorités ethniques, des féministes, des écologistes … D’anciens dirigeants réformistes ayant exercé des responsabilités étatiques les ont parfois rejoints.
Cette diversité doit être considérée comme une richesse et un acquis. Mais elle nous lance aussi des défis. Dans ces conditions, des questions programmatiques importantes n'ont pas été tranchées, la référence au 'socialisme' ou à 'la lutte des classes' a parfois été gommée, la question de la participation au gouvernement laissée en suspens, des modes de fonctionnement divers et variés adoptés .. Le succès dans les urnes peut arriver vite et encourager des tendances électoralistes, voire carrément opportunistes.
Nous pensons que la meilleure façon de clarifier ces questions – non pas aux yeux d’une petite minorité de militants très politisés mais aux yeux du plus grand nombre – est de tester ensemble les hypothèses. C’est pour cette raison d’ailleurs que nous continuons à penser que les révolutionnaires doivent maintenir leur propre organisation, avec leur propre presse, tout en participant pleinement et sans préalables à la construction de telles ‘nouvelles forces’. Les acquis des expériences révolutionnaires du passé– le besoin d’une analyse globale du système, le rôle central de la classe ouvrière, la nécessité d’un parti révolutionnaire, la place incontournable des questions de l’Etat et de l’impérialisme – sont plus que jamais de l’actualité.
L’heure est à l’audace. La constitution d’une force antilibérale unitaire aura sans doute des répercussions électorales – au moins nous l’espérons – même si le succès n’est pas garanti. La structure de la vie politique française signifie que, dans l’année à venir, le débat politique se mènera autour des élections présidentielles et législatives. Les élections ne sont jamais le terrain préféré des révolutionnaires, et nous devons constamment rappeler les dangers de l’électoralisme. Des millions de salariés et d’opprimés cherchent inévitablement à savoir «qui fera quelque chose pour nous?» au lieu de se demander «qu’est-ce qu’on peut faire ensemble pour imposer un rapport de forces?».
Mais elle produira sûrement d’autres effets en donnant de la confiance à tous ceux et à toutes celles qui ont la volonté de se battre contre ce système. L’unité dans les urnes encouragera l’unité et la combativité sur le terrain des luttes. Une campagne unitaire pour des candidats de la gauche radicale pourrait mettre en œuvre une force politique proche des luttes, lieu d’un débat riche entre anticapitalistes, catalyseur de mobilisations de masse, de reconstruction de syndicats démocratiques, capable de passer un cap vers une gauche radicale large et combative. Nous devons utiliser les élections comme tribune et aussi comme outil de construction d’alliances d’action.
La méthode qui consiste à poser nos conditions avant toute autre démarche conduira à la marginalisation de l’extrême gauche. Il est absurde, par exemple, de demander comme préalable à une telle alliance des promesses sur le long terme, comme un engagement de ne jamais gouverner avec le PS. La question de notre attitude dans le cas d'un deuxième tour droite/gauche doit également être abordée sans sectarisme. Nous devons rejoindre la campagne en défendant un programme de revendications radicales (retour aux 37,5 annuités, renationalisations ...), tout en expliquant régulièrement et fraternellement pourquoi nous ne croyons pas qu'un gouvernement avec le PS puisse défendre les intérêts des gens ordinaires. Nous pourrons ainsi défendre nos positions dans des centaines de débats, sans rester à l'écart et rater l'occasion d'un mouvement qui pourrait donner envie à toute une nouvelle génération de militer contre le capitalisme.
Pour un rassemblement anti-libéral de gauche et des candidatures communes, il y a urgence!
Dans plusieurs pays européens la gauche antilibérale a fait des pas importants vers la construction d’une alternative unitaire, que cela soit sous la forme de nouveaux partis, de coalitions ou d’alliances électorales (Bloc de Gauche au Portugal, WASG-Linkspartei en Allemagne, RESPECT en Angleterre, le SSP en Ecosse, l’Alliance Rouge et Verte au Danemark …). En Belgique, des Appels à l’unité ont conduit à la constitution de Collectifs unitaires en Wallonie et en Flandre. Au Brésil, la candidature d’Héloïsa Helena du PSOL est soutenue entre autres par le PC brésilien, alors qu’au Canada francophone deux composantes de la gauche radicale ont fusionné en janvier 2006 pour créer Québec Solidaire.
Ces développements répondent à une demande forte de la part de tous ceux et de toutes celles, plus nombreux-ses chaque jour, qui se sont révolté-e-s contre la politique libérale menée par les classes dirigeantes à l’échelle du monde. L’offensive impérialiste menée par les Etats-Unis et leurs alliés a mis en mouvement des millions de personnes derrière des coalitions anti-guerre. Le mouvement altermondialiste a réuni des dizaines et des centaines de milliers de personnes, dont beaucoup de jeunes, des manifestations contre l’OMC à Seattle en 1999 au FSE d’Athènes en 2006, en passant par Porto Alegre, Florence, Londres, Bamako, Mumbai et Karachi. Des grèves massives pour la défense des retraites ou ce qui reste de ‘L’Etat-providence’, des mouvements contre la précarité de l’emploi des jeunes ou la libéralisation de l’enseignement (en France, mais aussi en Grèce et au Chili), la révolte des jeunes des banlieues en France en novembre 2005 ont tous démontré la disponibilité de secteurs de plus en plus larges de la population pour combattre les politiques antisociales de nos gouvernants. .
Dans tous ces mouvements, des révolutionnaires et des militants antilibéraux se sont rencontrés et de nouvelles pratiques unitaires expérimentées. En France, la dynamique de la campagne pour le ‘Non’ au Traité constitutionnel a fait sauter de nombreux obstacles à l’unité, tout comme les grèves et manifestations de ces dernières années, du mouvement pour la défense des retraites aux luttes contre le CPE et aujourd’hui contre le traitement ‘colonial’ de l’immigration et la politique tout sécuritaire dans les banlieues.
Nous, militants politiques, devons fournir des réponses qui sont à la hauteur de ces attentes. Nous devons faire la preuve que nous mettons les intérêts du mouvement au-dessus de nos propres intérêts partisans à court terme. Nous devons démontrer que nous sommes capables d’innover. Les organisations existantes – dont nous ne nions pas le rôle indispensable dans la formation des militants et la centralisation des luttes – commettraient une erreur majeure de croire qu’il suffit d’avoir le ‘bon’ programme et un ‘bon’ candidat pour cueillir les fruits de cette lame de fond. Ou de penser que la gauche d’accompagnement et de compromission est trop discréditée pour rebondir – l’histoire (et les sondages!) nous prouve(nt) exactement le contraire.
On peut trouver, bien sûr, beaucoup de bonnes raisons pour ne pas se lancer dans la construction d’une alternative nouvelle. Nous savons qu’il y a des réponses à trouver. Tous les regroupements que nous avons cités ont rencontré des problèmes. Ils ont en commun le fait de rassembler des militants qui ne partagent pas la même culture politique et peuvent avoir des désaccords importants entre eux. Dans le meilleur des cas, ils comprennent des militants révolutionnaires, des syndicalistes, d’anciens électeurs et militants des partis réformistes, des associatifs, des laïcs, des croyants, des représentants des minorités ethniques, des féministes, des écologistes … D’anciens dirigeants réformistes ayant exercé des responsabilités étatiques les ont parfois rejoints.
Cette diversité doit être considérée comme une richesse et un acquis. Mais elle nous lance aussi des défis. Dans ces conditions, des questions programmatiques importantes n'ont pas été tranchées, la référence au 'socialisme' ou à 'la lutte des classes' a parfois été gommée, la question de la participation au gouvernement laissée en suspens, des modes de fonctionnement divers et variés adoptés .. Le succès dans les urnes peut arriver vite et encourager des tendances électoralistes, voire carrément opportunistes.
Nous pensons que la meilleure façon de clarifier ces questions – non pas aux yeux d’une petite minorité de militants très politisés mais aux yeux du plus grand nombre – est de tester ensemble les hypothèses. C’est pour cette raison d’ailleurs que nous continuons à penser que les révolutionnaires doivent maintenir leur propre organisation, avec leur propre presse, tout en participant pleinement et sans préalables à la construction de telles ‘nouvelles forces’. Les acquis des expériences révolutionnaires du passé– le besoin d’une analyse globale du système, le rôle central de la classe ouvrière, la nécessité d’un parti révolutionnaire, la place incontournable des questions de l’Etat et de l’impérialisme – sont plus que jamais de l’actualité.
L’heure est à l’audace. La constitution d’une force antilibérale unitaire aura sans doute des répercussions électorales – au moins nous l’espérons – même si le succès n’est pas garanti. La structure de la vie politique française signifie que, dans l’année à venir, le débat politique se mènera autour des élections présidentielles et législatives. Les élections ne sont jamais le terrain préféré des révolutionnaires, et nous devons constamment rappeler les dangers de l’électoralisme. Des millions de salariés et d’opprimés cherchent inévitablement à savoir «qui fera quelque chose pour nous?» au lieu de se demander «qu’est-ce qu’on peut faire ensemble pour imposer un rapport de forces?».
Mais elle produira sûrement d’autres effets en donnant de la confiance à tous ceux et à toutes celles qui ont la volonté de se battre contre ce système. L’unité dans les urnes encouragera l’unité et la combativité sur le terrain des luttes. Une campagne unitaire pour des candidats de la gauche radicale pourrait mettre en œuvre une force politique proche des luttes, lieu d’un débat riche entre anticapitalistes, catalyseur de mobilisations de masse, de reconstruction de syndicats démocratiques, capable de passer un cap vers une gauche radicale large et combative. Nous devons utiliser les élections comme tribune et aussi comme outil de construction d’alliances d’action.
La méthode qui consiste à poser nos conditions avant toute autre démarche conduira à la marginalisation de l’extrême gauche. Il est absurde, par exemple, de demander comme préalable à une telle alliance des promesses sur le long terme, comme un engagement de ne jamais gouverner avec le PS. La question de notre attitude dans le cas d'un deuxième tour droite/gauche doit également être abordée sans sectarisme. Nous devons rejoindre la campagne en défendant un programme de revendications radicales (retour aux 37,5 annuités, renationalisations ...), tout en expliquant régulièrement et fraternellement pourquoi nous ne croyons pas qu'un gouvernement avec le PS puisse défendre les intérêts des gens ordinaires. Nous pourrons ainsi défendre nos positions dans des centaines de débats, sans rester à l'écart et rater l'occasion d'un mouvement qui pourrait donner envie à toute une nouvelle génération de militer contre le capitalisme.
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