31 janvier 2007
Tous ensemble, avec José Bové : contre le libéralisme, pour battre la droite
Déclaration de la rédaction de Socialisme International (anticapitalisme et révolution), le 31 janvier 2007
100 jours pour battre la droite, en offrant une alternative véritable à une gestion social-libérale du capitalisme.
Comme au cours des cinq dernières années, la France va connaître des séismes politiques et sociaux, tant lors des prochaines échéances électorales présidentielles et législatives qu’après.
Aux présidentielles, soit ce sera la victoire de la droite la plus dure avec Sarkozy. Elle veut une « rupture » ultralibérale et populiste, autrement dit une offensive plus systématique contre les travailleurs, les paysans modestes et les pauvres, contrairement à la droite offensive mais plus prudente de Villepin et Chirac. Cette victoire ultralibérale serait flanquée à sa droite d’un Front national ragaillardi et plus menaçant.
Soit ce sera une victoire de la gauche. Elle serait une victoire populaire, donnerait plus confiance, créerait des conditions plus favorables aux exploités et aux opprimés, à tous ceux qui souffrent de ce système capitaliste au quotidien.
Mais, la candidature de Ségolène Royal comme la campagne du Parti socialiste pour les présidentielles et les législatives sont ancrées dans le social-libéralisme. Ils risquent ainsi de se couper encore davantage de leur électorat populaire et de nous conduire tous à une défaite, voire pire, à la répétition de la catastrophe du 21 avril 2002.
Après la victoire du « Non » au Traité constitutionnel européen, cette situation crée une opportunité inespérée pour la gauche radicale, antilibérale et anticapitaliste. Le Rassemblement antilibéral, avec ses centaines de collectifs en France, ses « 125 propositions », son programme Ambition-stratégie-candidatures a désormais son candidat aux présidentielles : José Bové. L’unité de tous les antilibéraux doit se faire autour de cette candidature.
Il faut de l’audace et de l’imagination. Il faut des campagnes de masse en direction des travailleurs, des quartiers populaires, des jeunes, des femmes, des immigrés, des homosexuel(les), des sans papiers, des gens du voyage, des chercheurs, des artistes, des peuples opprimés par la métropole cocardière, colonies françaises des Antilles à la Nouvelle Calédonie, de la Polynésie à la Corse, de la Réunion à Wallis et Futuna : une campagne vers la « France invisible » qui représente la majorité de ce peuple, et pour que cette majorité l’emporte.
Cette audace manque à la direction de la LCR. Compte tenu du rôle qu’elle avait joué dans la campagne contre le Traité constitutionnel européen (TCE), elle aurait pu être à la pointe de ce nouveau combat plein d’espoirs. Pensant sans doute détenir une carte maîtresse en la personne d’Olivier Besancenot, elle a préféré jouer les Cassandre, prédisant l’essoufflement de la dynamique unitaire. Le plein engagement de la Ligue dans le processus aurait aidé à la fois à l’amplifier et à l’aider à adopter une orientation politique plus claire. Mais elle a commis une erreur importante en posant comme préalable à sa participation l’obtention de « garanties » sur la non-participation dans un gouvernement avec le Parti socialiste, tout en profitant largement d’un statut d’ « observateur » privilégié, ce qui a rebuté de nombreux militants pourtant réceptifs à ses arguments. Seule la minorité unitaire de la LCR a adopté une politique juste et de principe.
José Bové a totalement raison d’appeler la direction de la LCR à se ressaisir et à prendre toute sa place dans cette campagne antilibérale qui se lance. Seule l’unité d’action en ce sens, chaque organisation gardant son indépendance et sa personnalité, peut permettre de vaincre aux élections tout en construisant l’alternative antilibérale que tant de gens espèrent depuis si longtemps.
La direction du PCF a tenté une OPA sur le rassemblement antilibéral. Elle a échoué. Désormais, elle entraîne le PCF dans un parcours d’isolement avec sa candidate Marie-George Buffet. On paie toujours le prix de la division. La direction du PCF a déçu à nouveau non seulement un grand nombre de militants du Rassemblement antilibéral, mais aussi des milliers de ses propres adhérents. Une minorité dynamique et active, les Communistes unitaires, s’organise pour poursuivre le combat et la campagne unitaire. Elle est sérieuse et s’exprime publiquement pour l’unité contre le sectarisme. Ses principaux dirigeants ont démissionné de l’exécutif du PCF pour poursuivre le travail nécessaire de construction d’une alternative antilibérale.
José Bové et les Communistes unitaires ont totalement raison d’appeler le PCF à reprendre toute sa place dans la campagne antilibérale. Ensemble, nous gagnerons ; seul, le PCF subira de nouveaux échecs électoraux tout en affaiblissant le camp de l’alternative antilibérale.
Bien des forces politiques et des sensibilités sont déjà rassemblées autour de la candidature de José Bové. Mais il faut construire le « TOUS ENSEMBLE ». Appelons à nous rejoindre : Jean-Luc Mélanchon et le PRS ; le courant de gauche du PS, « Forces militantes- Démocratie et socialisme », dont les figurent emblématiques sont Gérard Filoche et Marc Dolez ; Action socialiste (Seine-Maritime) qui a lancé une résolution d’action pour l’unité de la gauche socialiste dans le PS ; les Indigènes de la République et les associations qui préparent des états-généraux des quartiers populaires ; les dizaines d’associations des diverses communautés qui résistent contre l’austérité et le tout répressif du Bonaparte aux petits pieds Sarkozy ; Lutte ouvrière et sa candidate Arlette Laguiller. Appelons TOUS les antilibéraux, où qu’ils soient, quels qu’ils soient, à l’unité dans l’action.
Tous ensemble !
À Socialisme international (anticapitalisme et révolution), nous nous sommes impliqués dès le début dans le processus unitaire. Qu’enfin naisse dans ce pays une riposte à la hauteur ; que la droite soit battue par la contribution décisive de la gauche antilibérale unie dans l’action ; que naisse une grande formation politique antilibérale et anticapitaliste, populaire, de combat, d’audace et d’imagination, offrant une alternative face à une classe de capitalistes et de possédants arrogante.
Il n’est pas nécessaire d’être un « fan » du syndicaliste paysan à la moustache pour comprendre que cette campagne peut bouleverser la donne. Elle donnera un grand coup de pouce et de dépoussiérage à la recomposition politique de la gauche radicale.
Nous comprenons que d’aucuns hésitent à soutenir une candidature dont la naissance a été pour le moins agitée et hors normes. Mais le temps des hésitations est fini. Il faut choisir, s’engager, ne pas se contenter d’un fauteuil de spectateur. La campagne aura le caractère que les militants qui l’impulsent lui donneront. Sa réussite est loin d’être garantie, l’échec non plus. L’histoire n’est pas écrite à l’avance. C’est à nous de l’écrire.