24 décembre 2006

 

Le PCF brise la dynamique des Collectifs : position de la "mino" de la LCR

REFUSER LA DIVISION (Tribune de la Plate-forme B, Rouge n° 2186)

[Voir également le point de vue de la majorité (62% des voix à la Direction Nationale du 16 décembre 2006).

Les camarades d'Avanti! - la Plate-forme C de la LCR - ont publié une longue analyse de la crise des Collectifs unitaires dans le numéro de décembre 2006 de leur bulletin, intitulée Sur le site Avanti ! : pour tirer un premier bilan.]

Samedi 16 décembre, le conseil national du PCF décidait de passer outre le travail collectif réalisé depuis des mois, et de proclamer, sans doute à partir du 20 décembre, la candidature de Marie-George Buffet. Celle-ci ne pourra donc être qu’une candidature du seul PCF. Cette rupture provoque une situation difficile pour tous les militants, dont bon nombre du PCF, qui voudront malgré tout préserver le rassemblement. Ce même samedi 16 décembre, la direction nationale (DN) de la LCR a également décidé « de mettre fin à sa participation » au collectif national, indiquant du même coup que l’hypothèse d’un retrait de la candidature d’Olivier Besancenot est caduque et qu’Olivier sera donc le candidat de la seule LCR.
Ces deux décisions ne sont évidemment pas le produit de stratégies similaires sur le fond, mais leur simultanéité est frappante ! Dans les collectifs unitaires, c’est donc un sentiment de colère qui va prédominer, avec pour certains militants, sensibles aux questions posées par la LCR, une incompréhension redoublée. En effet, ces camarades seront fondés à se demander ce qui justifie le retrait de la LCR, au moment où se retire la force qu’elle accusait, malgré le texte Ambition-Stratégie », de préserver un projet d’alliance renouvelée avec le PS. La minorité « unitaire » de la LCR a proposé - en vain - que la LCR annonce sa « disponibilité » à retirer la candidature d’Olivier, pour « participer aux débats » du rassemblement antilibéral et « poursuivre les clarifications sur les rapports avec le Parti Socialiste ». En réalité, il apparaît que la majorité de la LCR n’a jamais eu de réelle volonté, au-delà des discours, de construire réellement le mouvement des collectifs issus du 29 mai 2005 et de participer à la recherche d’une représentation politique capable à la fois de lutter pour battre la droite et d’offrir une alternative antilibérale conséquente à Ségolène Royal, contre la logique d’alternance calamiteuse.
Mais la résolution de la majorité de la LCR ajoute une confusion supplémentaire : elle prétend que la situation ouvre à nouveau le débat sur « la construction d’une nouvelle force anticapitaliste » ! Mais avec la seule LCR ? Comment croire alors ceux de la majorité qui se déclarent toujours pour un rassemblement antilibéral ? Les débats qui ont traversé le mouvement des collectifs, l’adoption des textes sur la stratégie et sur le programme ont permis des clarifications. Si le PCF fait cavalier seul, il va dorénavant s’éloigner de ces textes, comme il le fait déjà dans leur interprétation. Cette fracture néfaste du rassemblement a cependant ouvert une phase de débats sans précédent dans le PCF, dont la direction a fait le choix de s’appuyer sur un front commun des courants sectaires et des partisans huistes de l’alliance avec le PS. C’est dans ce cadre maintenu des collectifs qu’il faut être, aux côtés des militants communistes unitaires, et de toutes les forces qui résistent aux logiques d’auto-affirmation, pour prétendre réellement avancer vers une nouvelle force alternative au social-libéralisme. En commençant par réunir, en janvier, tous les collectifs décidés à poursuivre la bataille. Ceux qui se mettent de côté s’excluent du débat.
Louis Marie Barnier, Dominique Mezzi

Commentaire : Le représentant de ce qu'on appelle dorénavant le "courant unitaire" de la LCR (34% à la dernière Direction nationale) , Christian Picquet, a peut-être fait un pas de trop en appuyant la tentative de plusieurs membres du Collectif national des Collectifs unitaires d'empêcher la direction du PCF de faire cavalier seul. En effet, on voit mal comment la candidature du parlementaire Francis Wurtz aurait pu mobiliser les membres des Collectifs, sans compter le fait qu'elle aurait été une baffe insupportable pour M-G Buffet.

Mais sur le fond, la direction de la LCR ne sort pas de cette affaire auréolée de gloire. Il y a des fois où les meilleurs révolutionnaires font preuve d'un conservatisme navrant. Au moment où elle aurait pu peser efficacement sur l'évolution politique des Collectifs et faire contre-poids à un PCF tiré entre plusieurs sensibilités, elle a préféré garder un pied dehors et un pied dedans, se donnant ainsi l'image d'un parti manoeuvrier et de mauvaise foi. La tonalité des interventions des "majoritaires" - quand ils daignaient participer aux débats - était en général condescendante et contre-productive.

Au lieu de se jeter dans la bataille pour une nouvelle force anticapitaliste, avec tout que cela comporte de risques politiques, la direction de la LCR a voulu préserver son petit capital électoral acquis depuis la percée médiatique de Besancenot et ses 4 % aux présidentielles de 2002. Pourtant, la perspective d'une campagne orchestrée autour d'une personnalité rassembleuse comme Bové, Autain ou Salesse mais à l'intérieur de laquelle d'autres comme Besancenot - avec le talent qu'on connaît - auraient pu jouer un rôle moteur était bien plus enthousiasmante. Une telle campagne aurait rompu avec le train-train électoral des partis établis tous unis derrière leur candidat(e) vedette.

L'émergence d'une telle nouvelle force - même avec ses contradictions - aurait pesé bien plus dans la lutte contre la droitisation politique qui touche aussi bien le camp conservateur que le PS sous la direction Royal-Hollande que même un vote combiné LO-LCR autour de 10 % (hypothèse favorable). Et en faisant la démonstration qu'elle était non seulement capable - par l'expérience et l'implantation de ses militants - d'animer et de dynamiser une telle campagne mais aussi qu'elle avait les meilleurs arguments politiques, la Ligue en serait sortie sans doute renforcée.

La réaction des militants unitaires va maintenant être décisive. Des liens fructueux ont été établis entre des gens issus de la minorité du PCF et celle de la LCR, et d'autres avec ou sans appartenance politique. La campagne électorale sera, comme toujours, un moment privilégié pour intervenir dans le débat politique. De nombreux Collectifs ont déjà signalé que la déception et la colère contre les appareils politiques n'ont pas cédé la place à la résignation. Rendez-vous à la rentrée en janvier pour une nouvelle étape.

Pour lire d'autres textes sur le même sujet, voir le site d' Alternative Citoyenne92.


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