11 novembre 2006

 

De nouveau sur la LCR et la campagne pour des candidatures antilibérales

Présidentielle : la Ligue doit rejoindre le processus unitaire

Des militants de la LCR : Antoine Artous, Jean-Pierre Debourdeau, Michel Husson, Stathis Kouvélakis, Michael Löwy, Laurent Menghini, Robi Morder, Jean-Marc Rosenfeld, Catherine Samary, Josette Trat

Nous ne voulons pas ajouter une nouvelle contribution à un débat déjà fort nourri, mais lancer une alarme et tenter de conjurer l’irréparable.

La campagne du « non » de gauche a été rendue possible par ce qu’il convient de caractériser comme l’émergence d’un mouvement politique : un rassemblement inédit de forces multiples, surmontant certains contentieux historiques pour converger dans une bataille contre le libéralisme, qui s’est combiné à une mobilisation des classes populaires et de la jeunesse.

A son tour, la victoire sur laquelle a débouché cette campagne le 29 mai a rendu possible une perspective ambitieuse, qu’est venue conforter la victoire de la jeunesse contre le CPE : un changement de la donne politique à gauche. Et ce, par la formation durable d’un rassemblement antilibéral. Ouvrant la voie à une recomposition des rapports de forces face au libéralisme et au social-libéralisme, et par la capacité à proposer pour 2007 une alternative au face à face mortifère entre Sarkozy et Royal. Une possibilité qui pour se concrétiser suppose une puissante mobilisation sociale et démocratique en rupture avec le social libéralisme porté par le PS. Elle ouvrirait à son tour la possibilité de fonder enfin un nouveau type d’organisation anti-capitaliste pluraliste et à caractère de masse. Nous en sommes encore loin - et c’est sans doute, en substance, ce qui fait douter une partie de la LCR sur la portée et solidité réelle du regroupement en cours.

La direction de la LCR a donc considéré qu’il n’était pas possible de donner une traduction politique unitaire aux mobilisations sociales ayant marqué ces derniers mois, et estimé que dans une situation ainsi bloquée la seule orientation envisageable pour la LCR est d’engager la candidature d’Olivier Besancenot pour la présidentielle de 2007 en le centrant sur une exigence et un message de rupture avec les politiques passées. Dans ces conditions elle a centré son intervention sur l’interpellation de la direction du PCF quant à la participation à un éventuel gouvernement dominé par le Parti socialiste.

Cette clarification politique légitimement exigée apparaît aujourd’hui à la majorité des militants des collectifs comme ayant été satisfaite, et le PCF comme s’étant engagé. On peut douter de la réalité et stabilité des choix du PCF et de l’issue des déchirements internes que produirait le rejet d’une candidature Buffet par les collectifs unitaires. Mais nul ne peut nier les avancées et clarifications, tant des textes rédigés que des positions dominantes dans les collectifs, ébranlant le PCF. Du coup, la fixation sur ce point, maintenu comme un préalable à l’implication de la LCR, renverse la charge de la preuve : c’est la LCR qui apparaît pratiquer le double langage et le procès d’intention – ou, en tous les cas, elle apparaît comme souhaitant que le PCF soit simplement le premier à rompre l’unité en construction.

Notre souci n’est pas de déterminer les erreurs d’analyse qui peuvent expliquer cet état de fait. Il est de souligner que la LCR se trouve dans une situation périlleuse, pour elle et pour tous ceux dont nous nous réclamons.

Non seulement la direction de la LCR s’est mise en extériorité par rapport au processus engagé, mais elle apparaît de plus en plus lui être hostile.
Nul ne sait si ce processus débouchera positivement, comme il faut l’espérer. Mais tout le monde peut mesurer les effets catastrophiques résultant du fait que nombre de militants investis dans ce mouvement pourraient considérer que la LCR porte une part de responsabilité dans son échec. La LCR en serait gravement divisée et discréditée.

Il n’est pas possible de laisser s’installer le soupçon que la LCR pourrait laisser ses propres intérêts organisationnels devenir déterminants dans ses choix politiques alors même que « l’intérêt organisationnel » de la LCR et la popularité de Besancenot sont organiquement associés à notre capacité à favoriser l’unité pour consolider le rapport de force entre les classes.

Il faut redresser la barre, se réinsérer pleinement dans le processus unitaire, avec la volonté d’appliquer réellement les mandats fixés de lever les obstacles à des candidatures unitaires. L’attente est telle par rapport à la LCR au sein des collectifs qu’il apparaît tout à fait possible pour sa direction d’opérer ce tournant, sans difficulté majeures ni hostilité de la part de ces militants qui l’attendent impatiemment, et à juste titre l’espère comme une condition de réussite pour le mouvement dans son ensemble.

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