06 octobre 2006

 

Brazil: 6.5m vote for left alternative


Heloisa Helena

Dans cet article, Sean Purdy de Socialist Worker (GB) décrit comment une partie de l'électorat populaire du Brésil a exprimé sa colère contre la politique du président Lula da Silva en votant pour la candidate de la gauche radicale, Héloïsa Helena :

Last weekend’s elections expressed voters’ anger at President Lula’s policies - and saw radical left candidate Heloisa Helena win a strong vote.

Cependant, la campagne n'a pas exploité tout le potentiel de ce mécontentement (je traduis) : "Globalement, la campagne était mal financée et mal organisée. L'accent était mis trop sur les vedettes du parti, et pas assez sur les syndicalistes de base et les militants des mouvements sociaux qui construisent le parti (P-Sol : parti pour le socialisme et la liberté).

Plus important encore, des critiques moralistes du PT étaient mises au centre de la campagne, plutôt que le programme politique du P-Sol. Les qualités personnelles de Héloïsa étaient mises en avant au dépend de la lutte pour une réforme agraire, le non-paiement de la dette du Brésil, une réduction de la journée du travail et des investissements dans les services publics. /.../ Les militants du du parti doivent exiger un débat honnête et démocratique de la campagne et de la direction du parti. /.../ Ils doivent se débarrasser du moralisme qu'ils ont hérité du PT et recentrer le parti sur les luttes des travailleurs brésiliens et les mouvements sociaux."


Dans Rouge n° 2175 (5 octobre 2006), Joao Machado conclut que "De toute façon, 6,85% sont un résultat significatif pour une candidate considérée comme "radicale", qui a conclu le dernier débat entre les candidats en disant que le sens de la campagne était la réaffirmation du socialisme abandonné par le PT. /.../ Les résultats du Psol confirment qu'il y a, au Brésil, un espace pour une gauche socialiste, qui n'accepte pas le cours social-libéral du PT." Le correspondant de Rouge ne nous dit pas s'il existe des critiques à l'intérieur du P-Sol de la manière dont la campagne a été menée.

Le P-Sol ne soutient, semble-t-il, aucun candidat au deuxième tour, laissant ses sympathisants faire le choix, ou pas, entre Lula - un candidat considéré malgré tout par de larges fractions des pauvres au Brésil comme "leur" président - et le champion de la droite libérale, Géraldo Alckmin.

NOUVEAU : Lire cet article de Charles-André Udry qui revient longuement sur les leçons de la campagne du P-Sol ...

Le P-SOL dans les elections brésiliennes : Un important succès politique, mais un bilan en demi-teinte, de J-P Divès dans le bulletin d'Avanti! (courant de la LCR) (n° 37, octobre 2006). Divès partage plusieurs des analyses de Sean Purdy de Socialist Worker (voir plus haut), en fournissant des informations précises et utiles. Voici une partie de sa consclusion :

Le Manifeste du Front de gauche, un document élaboré spécifiquement pour ces élections, définissait trois axes : démocratique radical, anti-impérialiste et anticapitaliste. Seul le premier a été réellement développé et du second, il n’est pratiquement resté que les taux d’intérêt. Quant au troisième axe, qui préconisait une « nouvelle abolition de l’esclavage » en s’attaquant aux profits, avec des mesures telles que le doublement des salaires et la réduction du temps de travail, il a été absent des interventions télévisés et des grandes interviews accordées à la presse écrite. Le slogan central de la campagne d’Heloísa Helena ayant par ailleurs été « Seuls les corrompus et les spéculateurs seront perdants sous notre gouvernement », l’explication selon laquelle il se serait agi d’un choix tactique, d’une question de sur quoi insister pour être mieux compris, laisse perplexe.

Mais d’autres problèmes se sont ajoutés. C’est le cas des déclarations de la candidate8 sur le fait que son programme présidentiel était nettement différent du programme du P-SOL car ce dernier, à savoir le socialisme, était « à échéance de trente ou quarante ans » tandis que « le programme de gouvernement ne peut pas s’abstraire de la législation en vigueur dans le pays » ; ou encore de ses affirmations selon lesquelles, sous son gouvernement, il n’y aurait plus d’occupations de terres et d’affrontements à la campagne car, contrairement à ceux de Cardoso et de Lula, il réaliserait une véritable réforme agraire. Sans parler des ses propos opposés au droit à l’avortement, qui ont suscité en retour des protestations publiques des commissions femmes du P-SOL comme du Front de gauche.

Les défis à venir

Sans doute une grande partie de ces problèmes ont-ils à voir avec le faible niveau d’organisation collective de la campagne (dont la plupart des responsables du P-SOL reconnaissent qu’elle a fonctionné dans l’improvisation) et de structuration interne du parti. Celui-ci, d’ailleurs, reste toujours un front de tendances et d’individus davantage qu’une véritable organisation.

Maintenant que l’épreuve électorale est passée, le P-SOL va pouvoir entreprendre de surmonter ces carences, dans le cadre de la préparation de son premier congrès. L’enjeu en sera double.

Premièrement, constituer une organisation militante unifiée, avec une presse, des instances de bases et de direction fonctionnant régulièrement, et des droits effectifs et égaux pour tous les militants – qu’ils soient ou non membres d’un courant – à définir l’orientation et à contrôler son application par la direction ; en dépassant par conséquent le stade des consensus de tendances (unanimes ou majoritaires), donc aussi en redéfinissant le rôle de ces dernières, évidemment dans le cadre du maintien du pluralisme démocratique qui caractérise ce projet unitaire et qui a permis son lancement.

Deuxièmement, ancrer fermement le parti sur une orientation anticapitaliste. Son programme provisoire a clairement un tel caractère, mais encore faut-il qu’il soit compris comme un guide pour l’action quotidienne, et non comme une déclaration de principes pouvant être déconnectée de la politique concrète. Sa re-discussion est, par ailleurs, d’autant plus nécessaire qu’une bonne partie des militants et courants ont rejoint le P-SOL après l’adoption de ce texte lors de la conférence nationale de fondation.

Comme tous les militants révolutionnaires et anticapitalistes qui soutiennent le P-SOL, nous suivrons ce débat avec beaucoup d’intérêt et d’espoir. Il y a de sérieux motifs d’espérer, et de bonnes bases de départ. Le résultat électoral du 1er octobre en fait partie, et il en va de même de la position, quasi unanime au sein du parti, consistant à ne pas appeler à voter pour Lula le 29 octobre.

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