04 juillet 2006
CONFERENCE NATIONALE DE LA LCR : UN PAS EN AVANT, DEUX EN ARRIERE
La CN de la LCR a décidé donc à 58% des voix de présenter la candidature d’Olivier Besancenot aux présidentielles de 2007, tout en se disant prête à la retirer si un accord est trouvé avec les autres composantes de la gauche antilibérale sur la base d’un refus de toute alliance gouvernementale ou parlementaire avec le Parti socialiste.
Nous regrettons cette décision qui risque de briser la dynamique réelle, mais fragile, à la base du mouvement. Paradoxalement, la LCR se dit aujourd’hui partie prenante des Collectifs unitaires, abandonnant d’un air un peu honteux sa position ambiguë de simple « observateur ». La logique d’une telle position n’est évidente que pour ceux qui suivent de près le jeu de tendances à l’intérieur de la Ligue.
Quand la Ligue proclame sa volonté de « s’investir » dans les Collectifs pour « lever les obstacles » à des candidatures communes au moment même où elle annonce la candidature de Besancenot elle ne convainc personne de sa sincérité. On posera logiquement la question : « Si c’est la bonne décision aujourd’hui, pourquoi ne pas l’avoir prise il y a longtemps ? »
Selon la majorité de la Ligue, ce n’est pas une question de « casting », mais de « scénario ». La métaphore « star académicienne » trahit-elle le fond de la pensée des dirigeants de la Ligue ? Ceux-ci sont sans doute convaincus de posséder un atout majeur en la personne du « petit facteur » - dont les qualités sont d’ailleurs indéniables - et ne veulent pas s’en priver. Si c’est le cas, c’est une stratégie à très court terme qui risque d’être fatale.
Quant au scénario lui-même, il est juste d’avancer des revendications concrètes qui pourraient donner de la consistance à une alliance électorale ou à un nouveau parti ‘large’. Sans la participation de révolutionnaires armés d’une vision globale et historique une telle ‘nouvelle force’ manquera de repères et la production partira à la dérive. Encore faut-il que ceux-ci prennent leur place réellement dans l’équipe et qu’ils évitent de paraître comme des critiques professionnels. Contrairement à une certaine tradition trotskiste, le programme n’est pas tout – ou plutôt, il n’est rien sans véritables forces politiques et sociales en mouvement.
Pour créer une nouvelle force politique à gauche du PS il faut s’appuyer surtout sur l’enthousiasme et la disponibilité des véritables acteurs du mouvement – les militant(e)s de la gauche antilibérale, altermondialiste, anti-impérialiste et syndicale et ceux et celles qui luttent au quotidien contre l’oppression dans toutes ses formes. Et arrêter de les traiter comme de simples « figurants ».
Extrait de la Lettre de S.I. n° 6 (juillet 2006)
REACTION DE LA PLATEFORME B
Rouge n° 2166, jeudi 6 juillet 2006
Candidatures unitaires, toujours possibles !
Rendant compte de notre conférence nationale (CN), le journaliste de Libération a posé la question de vérité : « Double message ou double langage ? » Le double message est évident. Par 58 % des voix données à la position A (et 36 % à la position B), les militantes et militants ont décidé qu’Olivier Besancenot, dès aujourd’hui, est le candidat de la LCR pour 2007.
Nous avons pris acte. Mais nous maintenons qu’il s’agit d’une erreur politique : cette décision, en rendant plus difficiles des candidatures unitaires antilibérales, risque de porter un rude coup à l’espoir d’un rassemblement antilibéral à gauche du PS et, donc, à la possibilité de changer la donne politique.
De son côté, la majorité a dû enregistrer qu’un profond souci unitaire s’est manifesté au sein des assemblées préparatoires à la conférence nationale. Nous constatons avec satisfaction que la déclaration finale adoptée confirme la poursuite de la démarche visant à lever les obstacles à des candidatures antilibérales, affirme que la candidature d’Olivier Besancenot sera retirée si un accord rend possibles de telles candidatures, décide de la participation de la LCR, non plus comme observatrice mais à plein titre, au collectif national d’initiative et aux collectifs locaux, et ce avec la volonté d’aboutir...
Dans la déclaration cohabitent les deux messages. Le souci de valoriser le second a conduit certains d’entre nous à voter pour, d’autres estimant que la présence du premier conduisait à s’abstenir. Si le texte a été adopté avec 81% des voix, rien n’autorise donc à en conclure que c’est la décision de présenter la candidature de la LCR qui s’est trouvée validée par une telle majorité.
Bien que minoritaires à cette CN, nous nous trouvons encouragés pour poursuivre la bataille de l’unité à gauche du PS sur la base d’une rupture claire avec le libéralisme, pour œuvrer aux clarifications nécessaires quant au refus sans ambiguïtés de participer à un gouvernement et à une majorité parlementaire avec le PS, et pour lever les préalables de personne concernant la désignation du candidat ou de la candidate à l’élection présidentielle.
Les explications avancées par François Sabado en page 3 du dernier numéro de Rouge ne vont pas en ce sens. Après avoir séparé les « problèmes de tactique électorale » des « enjeux politiques fondamentaux », il affirme que le choix, dans la période, est soit « l’indépendance politique totale vis-à-vis du centre gauche ou de toute coalition sociale-libérale avec les partis socialistes », soit de rendre luttes et mobilisations « compatibles avec des coalitions gouvernementales de centre gauche ou dominées par le PS », pour décréter en final que le PCF et José Bové, chacun à sa manière, veulent « constituer une force de pression sur la direction du PS ». Une telle orientation est lourde de danger d’un véritable sectarisme par rapport à ce que certains appellent les « antilibéraux inconséquents ». C’est tenir pour rien l’appel unitaire qui sert de référence au collectif unitaire, que l’un et l’autre ont signé, et qui porte engagement à « ne pas participer à un gouvernement dominé par le social-libéralisme ». Une chose est de juger un tel texte insuffisant, autre chose est de tenir pour nulles et non avenues les avancées dans la discussion collective... Ce n’est pas travailler à clarifier les questions qui demandent à l’être que de procéder par dénonciations et procès d’intention, et de multiplier les préalables avant d’engager les débats nécessaires. Et c’est ainsi que les bonnes intentions risquent d’être perçues comme relevant du double langage.
Bref, la question n’est pas de jouer avec on ne sait trop quels « mécanos », mais bien d’être partie prenante d’un élan militant sur le terrain, de renforcer et multiplier les structures unitaires locales. Parce que les possibilités d’un rassemblement visant à battre le social-libéralisme au sein de la gauche sont toujours importantes. Pour notre part, nous ferons tout ce qui dépend de nous pour que l’espoir soit au rendez-vous des échéances politiques et sociales qui s’annoncent.
Marc Dormoy, Francis Sitel
POSITION DE LA PLATEFORME A (majoritaire)
Et la Plateforme C (c'est-à-dire la Plateforme 5 - allez comprendre !).
Nous regrettons cette décision qui risque de briser la dynamique réelle, mais fragile, à la base du mouvement. Paradoxalement, la LCR se dit aujourd’hui partie prenante des Collectifs unitaires, abandonnant d’un air un peu honteux sa position ambiguë de simple « observateur ». La logique d’une telle position n’est évidente que pour ceux qui suivent de près le jeu de tendances à l’intérieur de la Ligue.
Quand la Ligue proclame sa volonté de « s’investir » dans les Collectifs pour « lever les obstacles » à des candidatures communes au moment même où elle annonce la candidature de Besancenot elle ne convainc personne de sa sincérité. On posera logiquement la question : « Si c’est la bonne décision aujourd’hui, pourquoi ne pas l’avoir prise il y a longtemps ? »
Selon la majorité de la Ligue, ce n’est pas une question de « casting », mais de « scénario ». La métaphore « star académicienne » trahit-elle le fond de la pensée des dirigeants de la Ligue ? Ceux-ci sont sans doute convaincus de posséder un atout majeur en la personne du « petit facteur » - dont les qualités sont d’ailleurs indéniables - et ne veulent pas s’en priver. Si c’est le cas, c’est une stratégie à très court terme qui risque d’être fatale.
Quant au scénario lui-même, il est juste d’avancer des revendications concrètes qui pourraient donner de la consistance à une alliance électorale ou à un nouveau parti ‘large’. Sans la participation de révolutionnaires armés d’une vision globale et historique une telle ‘nouvelle force’ manquera de repères et la production partira à la dérive. Encore faut-il que ceux-ci prennent leur place réellement dans l’équipe et qu’ils évitent de paraître comme des critiques professionnels. Contrairement à une certaine tradition trotskiste, le programme n’est pas tout – ou plutôt, il n’est rien sans véritables forces politiques et sociales en mouvement.
Pour créer une nouvelle force politique à gauche du PS il faut s’appuyer surtout sur l’enthousiasme et la disponibilité des véritables acteurs du mouvement – les militant(e)s de la gauche antilibérale, altermondialiste, anti-impérialiste et syndicale et ceux et celles qui luttent au quotidien contre l’oppression dans toutes ses formes. Et arrêter de les traiter comme de simples « figurants ».
Extrait de la Lettre de S.I. n° 6 (juillet 2006)
REACTION DE LA PLATEFORME B
Rouge n° 2166, jeudi 6 juillet 2006
Candidatures unitaires, toujours possibles !
Rendant compte de notre conférence nationale (CN), le journaliste de Libération a posé la question de vérité : « Double message ou double langage ? » Le double message est évident. Par 58 % des voix données à la position A (et 36 % à la position B), les militantes et militants ont décidé qu’Olivier Besancenot, dès aujourd’hui, est le candidat de la LCR pour 2007.
Nous avons pris acte. Mais nous maintenons qu’il s’agit d’une erreur politique : cette décision, en rendant plus difficiles des candidatures unitaires antilibérales, risque de porter un rude coup à l’espoir d’un rassemblement antilibéral à gauche du PS et, donc, à la possibilité de changer la donne politique.
De son côté, la majorité a dû enregistrer qu’un profond souci unitaire s’est manifesté au sein des assemblées préparatoires à la conférence nationale. Nous constatons avec satisfaction que la déclaration finale adoptée confirme la poursuite de la démarche visant à lever les obstacles à des candidatures antilibérales, affirme que la candidature d’Olivier Besancenot sera retirée si un accord rend possibles de telles candidatures, décide de la participation de la LCR, non plus comme observatrice mais à plein titre, au collectif national d’initiative et aux collectifs locaux, et ce avec la volonté d’aboutir...
Dans la déclaration cohabitent les deux messages. Le souci de valoriser le second a conduit certains d’entre nous à voter pour, d’autres estimant que la présence du premier conduisait à s’abstenir. Si le texte a été adopté avec 81% des voix, rien n’autorise donc à en conclure que c’est la décision de présenter la candidature de la LCR qui s’est trouvée validée par une telle majorité.
Bien que minoritaires à cette CN, nous nous trouvons encouragés pour poursuivre la bataille de l’unité à gauche du PS sur la base d’une rupture claire avec le libéralisme, pour œuvrer aux clarifications nécessaires quant au refus sans ambiguïtés de participer à un gouvernement et à une majorité parlementaire avec le PS, et pour lever les préalables de personne concernant la désignation du candidat ou de la candidate à l’élection présidentielle.
Les explications avancées par François Sabado en page 3 du dernier numéro de Rouge ne vont pas en ce sens. Après avoir séparé les « problèmes de tactique électorale » des « enjeux politiques fondamentaux », il affirme que le choix, dans la période, est soit « l’indépendance politique totale vis-à-vis du centre gauche ou de toute coalition sociale-libérale avec les partis socialistes », soit de rendre luttes et mobilisations « compatibles avec des coalitions gouvernementales de centre gauche ou dominées par le PS », pour décréter en final que le PCF et José Bové, chacun à sa manière, veulent « constituer une force de pression sur la direction du PS ». Une telle orientation est lourde de danger d’un véritable sectarisme par rapport à ce que certains appellent les « antilibéraux inconséquents ». C’est tenir pour rien l’appel unitaire qui sert de référence au collectif unitaire, que l’un et l’autre ont signé, et qui porte engagement à « ne pas participer à un gouvernement dominé par le social-libéralisme ». Une chose est de juger un tel texte insuffisant, autre chose est de tenir pour nulles et non avenues les avancées dans la discussion collective... Ce n’est pas travailler à clarifier les questions qui demandent à l’être que de procéder par dénonciations et procès d’intention, et de multiplier les préalables avant d’engager les débats nécessaires. Et c’est ainsi que les bonnes intentions risquent d’être perçues comme relevant du double langage.
Bref, la question n’est pas de jouer avec on ne sait trop quels « mécanos », mais bien d’être partie prenante d’un élan militant sur le terrain, de renforcer et multiplier les structures unitaires locales. Parce que les possibilités d’un rassemblement visant à battre le social-libéralisme au sein de la gauche sont toujours importantes. Pour notre part, nous ferons tout ce qui dépend de nous pour que l’espoir soit au rendez-vous des échéances politiques et sociales qui s’annoncent.
Marc Dormoy, Francis Sitel
POSITION DE LA PLATEFORME A (majoritaire)
Et la Plateforme C (c'est-à-dire la Plateforme 5 - allez comprendre !).