26 mai 2006
ROUGE - L'EDITO DE LA SEMAINE
Pour nourrir les dividendes...
Le 12 mai, EADS annonçait la fermeture de l’usine de sa filiale Sogerma de Mérignac, soit la suppression de 1 050 emplois - 6 000 du fait des effets collatéraux sur les sous-traitants. Et cela, au moment même où la chronique de l’affaire Clearstream révélait les liens étroits et, semble-t-il, corrompus, que le même trust entretient avec les hommes politiques.
Pourtant, le groupe connaît une hausse record de ses profits. Ses dividendes ont augmenté de 30%. L’indignation provoquée par le cynisme de cette décision, la lutte des salariés ont obligé le gouvernement à demander à EADS un moratoire. Celui-ci devait durer jusqu’en juin et des négociations devaient s’engager pour rediscuter de l’avenir de l’usine de Mérignac. Mais, sans attendre, le patron d’EADS, Noël Forgeard, joue la provocation, en déclarant qu’il n’a, lui, aucune autre solution que la fermeture.
Il y a là un concentré de la politique des patrons. Comme dans ce cas de licenciement d’une femme embauchée avec un contrat nouvelles embauches (CNE), et mise à la porte le lendemain, après avoir dit qu’elle était enceinte ! La même semaine, DBApparel annonçait 450 licenciements, dont 404 chez Dim. Puis, le groupe Stanley décidait la fermeture de l’usine d’outillage Facom, soit 229 licenciements. L’équipementier automobile Sandem, près de Rennes, organisait la suppression de 150 à 200 emplois après les congés d’été.
Dans les hôpitaux aussi, on licencie ou, plutôt, on ne remplace pas les départs, créant une situation dramatique tant pour les malades que pour le personnel... Des milliers de vies humaines sont ainsi brisées pour que la Bourse puisse continuer de distribuer généreusement des milliards d’euros de dividendes, 30 en 2005, soit 40 % de plus qu’en 2004. Pour qu’aussi les dirigeants du gigantesque Monopoly qu’est l’économie mondiale puissent mener leur bataille pour étendre leur pouvoir en engloutissant des milliards dans des OPA comme celle déclenchée par Mittal Steel sur Arcelor.
Pour que les bourses ne s’effondrent pas dans un nouveau krach, il faut toujours plus de profits pour nourrir la finance, qui dévore ainsi les richesses produites et sacrifie des millions de vies humaines. Les licenciements d’aujourd’hui sont les profits de demain. Il faut rompre avec cette logique infernale.
Yvan Lemaitre